L’éditeur Artus revient pour nous offrir six pépites du cinéma américain. Voici donc la chance de découvrir six longs-métrages trop peu reconnus du grand public malgré leurs qualités évidentes et la diversité de ce catalogue.
On commence rapidement avec « Scandale à Paris », biographie romancée de Vidocq, criminel français devenu célèbre également incarné par Gérard Depardieu dans le film de Pitof. George Sanders donne dans son interprétation une certaine roublardise ainsi qu’un flegme qui sied à merveille au personnage. Il y a une élégance dans le long-métrage de Douglas Sirk, un certain charme qui dissimule une ironie dans ses dialogues et son humour ainsi que le format même du récit. La voix-off confère un aspect sérieux à cette relecture d’un « mythe » de l’histoire française, rendant le visionnage assez agréable. Le dos du DVD indique une œuvre drôle et raffinée, et il faut reconnaître que c’est exactement ce qu’est ce « Scandale à Paris ». Bref, faites bien attention en regardant ce film car il est aussi séduisant et captivant que son personnage principal.

On ne peut guère parler de séduction concernant « Les cinq survivants » au vu de son sujet : les cinq survivants du titre sont en effet les cinq derniers êtres humains sur la planète après une catastrophe nucléaire. L’ambiance est donc lourde et la situation propice aux tensions. Ici, pas d’héroïsme divertissant, juste le désespoir de la solitude et d’une disparition presque programmée de l’humanité dans cette œuvre maîtresse dans le domaine du post apocalyptique. Le budget réduit apporte une sécheresse à l’image et un aspect cru appuyé par un casting de qualité au jeu brut. Si l’on ajoute à cela des conflits idéologiques malheureusement toujours d’actualité (le traitement des personnes de couleur), on peut donc grandement recommander ce « Five » dans son titre original..

Changement total de ton avec « Au-delà de demain », romance fantastique dans la veine de certains classiques cinématographiques des fêtes. Si certains reprochent au film une certaine naïveté, nous parlerons plutôt d’une candeur propre à la situation temporelle du récit qui rentre dans le format peut-être un peu trop classique du film de Noël. Mais cette quête de rédemption finale est assez attachante, tout comme les protagonistes qui prennent une certaine vie grâce au casting ainsi qu’à une accumulation d’événements appuyant un certain balancement entre l’optimisme et le fatalisme de la vie. Bref, si vous cherchez pour l’année prochaine un long-métrage de fête assez mignon et avec de bons sentiments (ce qui est trop souvent assimilé à un défaut de nos jours), alors vous apprécierez sûrement « Au-delà de demain ».

On parlait de fatalisme et on y reste avec « Le fils du pendu » où Danny Hawkins, dont le père a été condamné à la pendaison, se voit terrifié lorsqu’il tue accidentellement un garçon le harcelant avec son passé. Comme d’autres récits plus tard, le héros doit se débattre avec une pression sociale forte suite à un passé familial encombrant. Frank Borzage met en scène son intrigue avec certains accès de poésie morbide (son ouverture) transformant ses plans en tableaux expressionnistes appuyés par certains décors de studio. Ce film noir traite donc de l’émancipation d’un déterminisme pesant et conserve toujours une force visuelle inestimable.

« L’étrange Monsieur Slade » joue quant à lui la carte du suspense, avec cette suspicion envers cet homme étrange venant d’emménager dans le grenier de la famille Harley. Du moins, c’est ce que tente de faire croire le film, qui s’intéresse au final plus à la relation entre Slade et Lilly, nièce de la locataire du pathologiste, qu’au mystère planant sur celui-ci. Si l’on peut reprocher un dénouement assez prévisible, force est de reconnaître que Jack Palance bouffe l’écran dans son rôle et que l’on est pris dans l’aspect visuel du film, notamment cette brume londonienne qui confère une certaine ambiance au récit. Bref, un peu plus d’ambiguïté scénaristique aurait permis à cet « Étrange Monsieur Slade » d’être plus marquant, mais le résultat est quand même assez intéressant

Nous terminons le tour du catalogue avec le coup de cœur de l’auteur, « Le carnaval des âmes », où la seule rescapée d’un accident de voiture voit sa vie parasitée par des événements étranges. S’ouvrant dans le feu de l’action, le film condense son intrigue presque à la manière d’un rêve éveillé, où le spectateur s’interroge sur la réalité des événements au fur et à mesure de l’avancée du récit. Difficile de ne pas être captivé par ce classique du cinéma fantastique jusqu’à un climax cauchemardesque, auquel le ton général du long-métrage nous avait pourtant préparés. Bref, ce « Carnaval des âmes » est un immanquable, aussi bien pour l’influence qu’il aura plus tard (il aurait inspiré entre autres Romero et Shyamalan) que pour sa force visuelle intemporelle et toujours aussi perturbante.

Concernant les éditions fournies par Artus, elles sont plus qu’appréciables dans leur aspect technique. Il faut noter l’absence de suppléments et des œuvres visibles uniquement en version originale sous-titrée, mais cela ne devrait rebuter aucun amateur de cinéma en quête d’œuvres réussies mais hélas pas assez mises en avant de manière populaire. Il faut espérer que ces six DVD d’Artus permettront à certains et certaines d’agrandir leur culture cinématographique avec ces films de qualité


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