Pays : États-Unis
Année : 1972
Casting : Charles Bronson, Jan Michael Vincent, Jill Ireland, …

À l’occasion de sa ressortie en coffret avec livret chez Wild Side, revenons sur « Le flingueur », réalisé par Michael Winner.

Un tueur à gages froid et méthodique décide d’entraîner le fils d’un ami qu’il a dû assassiner sur ordre de ses employeurs. Le lien entre ces deux hommes sera extrêmement fort…

Les premières minutes du film établissent la personnalité du tueur incarné par Charles Bronson de manière remarquable. Les scènes sont muettes, les gestes réfléchis et précis et le meurtre appliqué avec une froideur presque inhumaine. Bronson offre d’ailleurs une interprétation intérieure, comme il l’a déjà fait à maintes reprises dans sa carrière. Le film va alors s’efforcer de suivre comment ce monstre prendra des apparences bien plus humaines, en l’affaiblissant de manière physique (sa maladie) et morale (son besoin de créer un dernier lien social). Si la lecture homosexuelle du récit original est quasiment absente (on peut l’imaginer mais elle est loin d’être explicite), la manière dont les deux personnages principaux interagissent confère un aspect assez surréel à l’intrigue, notamment au vu du manque d’émotions exprimé par l’apprenti incarné par Jan Michael Vincent (CF la scène de tentative de suicide).

« Le flingueur » est ainsi porté par un nihilisme moral au vu du manque d’empathie que l’on peut éprouver pour ses « héros ». Les meurtres, souvent exprimés de manière spectaculaire sur grand écran, sont ici représentés d’un point de vue presque terre à terre, avec les implications morales que relèvent de tels actes. L’apparence de série B explosive du long-métrage dissimule une noirceur profonde pour la nature humaine, ce qui rend son visionnage encore plus passionnant. Et s’il penche dans son climax vers quelque chose de spectaculaire, c’est avec maîtrise et sans tomber dans le divertissement creux et simplet. La fin même du récit garde ce ton misanthrope, où l’être humain est condamné à tuer son prochain en attendant sa propre mort inéluctable. Il n’y a pas d’espoir à avoir, juste la chance de retenir la faucheuse le plus loin possible de soi.

Wild Side offre une nouvelle fois un écrin rendant justice à son film. Comme d’habitude, il n’y a aucune remarque négative à faire sur ses aspects techniques. Quant au livret qui accompagne le coffret, il est une nouvelle fois passionnant à lire et devrait ravir les amateurs du film en offrant divers détails sur celui-ci (notamment la « sympathie » qu’éprouvait Bronson pour son jeune partenaire).

45 ans après sa sortie, « Le flingueur » revient donc dans une édition aussi qualitativement bonne que le long-métrage en lui-même. De quoi permettre de (re)découvrir un polar sombre et fort, tout en oubliant les malheureuses versions récentes avec Statham dans le rôle de Bronson…


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Liam Debruel
Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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