Réalisé par Tobe Hopper
Sorti en 1977
Avec, Neville Brand, Mel Ferrer, Carolyn Jones, Marilyn Burns
Genre : Horreur, épouvante.
Tobe Hopper est connu pour avoir livré un sacré morceau de cinéma qui a eu un sacré impact.
Le cinéma de genre ne s’en est jamais remis.
Hopper aura eu du mal à se détacher de ce poids que représente Massacre à la Tronçonneuse. Le reste de sa filmographie à tendance a se faire oublier ce qui est dommage.
C’est avec Le Crocodile de la Mort que Carlotta rappel la suite du travail de Hopper et sort une édition de grande qualité, magnifiquement restaurée.
Le film est disponible depuis le 25 avril 2020.
Le Crocodile de la mort est un film particulier puisqu’il mélange le film de bestiole et de meurtrier. Il serait dommage de se fier au titre français qui dénature le propos de l’œuvre puisque le spectateur sera confronté peu de fois au crocodile.
Dans ce film, Hopper s’intéresse encore une fois aux marginaux dégénérés avec le personnage de Judd, propriétaire complètement taré d’un hôtel perdu dans le bayou magnifiquement incarné par Neville Brand.
Le Crocodile de la Mort est le 3ème film de Hopper (le premier qui précède Massacre à la tronçonneuse est introuvable ). Il dispose ici d’un budget plus conséquent et délaisse un peu l’aspect amateur que l’on pouvait observer sur son précédent filme.
La photographie est ici beaucoup plus ample et atmosphérique que celle de Massacre à la tronçonneuse qui est beaucoup plus solaire et sale.
Cependant, Hopper ne lâche pas le climat de malaise qu’il avait réussi à créer précédemment.
L’hôtel est plongé dans le rouge, une couleur qui met en place un climat angoissant et matériel. Hopper a toujours été un cinéaste de la matière et c’est aussi le cas dans ce film.
Le spectateur est projeté physiquement dans les marécages crasseux du bayou. L’espace est existant comme ce fut le cas dans Massacre à la Tronçonneuse avec ses étendues sauvages du Sud des États- Unis.
L’autre aspect intéressant est la musique qui est composée pat Hopper lui-même qui est très atmosphérique et angoissante ce qu participe au malaise constant ressenti par le spectateur.
Judd est le personnage central du récit, l’antagoniste devient ici le protagoniste ce qui était déjà le cas de Massacre à la tronçonneuse. Hopper le filme son quotidien. Il en fait un personnage qui est à la fois innocent et cruel. La folie qui le possède apparat comme un élément quasiment tragique.
Sa marginalité et le rejet qu’il subit de la part de la ville et de ses habitants le pousse à tuer et s’imposer un code moral. Ainsi il devient pure abstraction quand on le voit prendre comme arme une faux et devenir la grande Faucheuse.
Hopper continue à s’intéresser aux personnages brisés qui deviennent fous. Il inscrit donc son œuvre dans un contexte politique.
Le Crocodile de la Mort s’avère être une œuvre qui n’est pas dénuée de défauts mais qui avec le recul délivre un propos d’une grande force comme ce fut le cas avec Massacre à la Tronçonneuse.
La ressortie effectuée par Carlotta est donc un excellent prétexte pour se replonger sur ce film fascinant et terrifiant dans sa finalité.