Pays : France
Année : 1983
Casting : Bruno Cremer, Emmanuelle Debever, Lisa Heredia, …
Genre : Drame
Carlotta ressort plusieurs films de Jean-Claude Brisseau, l’occasion d’aborder « Un jeu brutal ».
Perturbé par son impossibilité à soigner sa fille, un célèbre biologiste commet des meurtres.
Parler de morbide serait un petit mot pour décrire le sentiment ressenti devant ce film. Il y a quelque chose de destructeur, voire même de déjà détruit, dans la manière dont sont dépeints ce père et sa fille, chacun voué à ses fêlures et à sa manière de se laisser emporter par celles-ci. Dès lors, il n’est guère étonnant que la sécheresse apparente sorte peu à peu de l’écran pour infecter et affecter le spectateur.
Se dresse ainsi un portrait de jeune fille qui ne se construit par destruction que par la place accordée à celle-ci dans son univers. Partant à sa découverte, notamment en se découvrant devant un miroir pour mieux observer son corps meurtri, la jeune fille s’établit dans une forme de civilisation qui n’en a de ceci que le nom. En cela, la manière dont elle et son père réagissent à un environnement dans lequel chacun amène à sa manière une forme de violence passionne.
L’air se fait ainsi fétide par la manière dont Bruno Cremer écrase le film dans sa manière d’établir son personnage. Il y a quelque chose de vicié dans l’humain et Brisseau le capte avec un certain style qui amène à la réflexion sur cette brutalité inhérente à chacun. La sauvagerie reste alors perpétuelle, que ce soit dans les meurtres commis (débarquant dans le quotidien sans annonce pour mieux frapper par leur nature abrupte) ou bien par cet écrasement moral qui s’impose, cherchant à soigner de la violence par la violence alors que c’est quand l’apprentissage se fait au plus proche de la nature (éloignée d’un milieu urbain mortel) qu’elle trouve sa grâce.
Profitant d’une restauration 2K de qualité, cette édition d’« Un jeu brutal » permet de faire face à une œuvre trouble et fascinante justement par sa nature. Brisseau se montre esthète de violence de fond plutôt que de forme, aussi bien cruel que poète, avec une gestion de ses plans amenant à l’interrogation empathique pour son spectateur.