Funan est le dernier film auquel nous avons assisté durant le Festival du film d’animation de Bruxelles, où il était présenté en avant-première belge. Coproduction française, belge, luxembourgeoise et cambodgienne, le film est réalisé par Denis Do dont c’est le premier long-métrage. Le film a été récompensé l’an passé au Festival d’Annecy et est diffusé en salles en France depuis le 6 mars. Il sortira officiellement le 13 mars en Belgique.
Origine : France, Belgique, Luxembourg, Cambodge
Aussi appelé: Funan, the new people
Réalisateur : Denis Do
Durée : 1h22
Genre : Drame, Guerre, Historique
Date de sortie française : 6 mars 2019
Musique : Thibault Agyeman
S’inspirant de la vie de sa propre mère, Denis Do offre avec ce premier long-métrage un rappel historique d’une période particulièrement meurtrière. Nous sommes en 1975 et nous suivons Chou, mère d’un petit enfant de trois ans, Sovanh, dont elle sera séparée de force durant la période des khmers rouges. Emmenés dans des camps de travail forcé différents, elle tentera l’impossible pour retrouver son fils et s’échapper, ensemble.
Malgré leur proximité temporelle (il y a moins de 50 ans), cette époque et les événements qui ont eu lieu durant ces quelques années sont, aujourd’hui encore, méconnus en Occident. Le film de Denis Do apporte dès lors un éclairage nécessaire sur le sujet, d’autant plus qu’il est adapté aux plus jeunes.
Eloigné des siens (ni l’individu ni la famille n’a plus ni d’importance ni de sens sous le règne des Khmers rouges), chaque personnage rencontré est profondément seul et meurtri : « On cherche tous quelqu’un » dira une « camarade » à Chou. La situation des camps est ainsi dépeinte dans toute son horreur ; travaux forcés, violences à répétition, exécutions arbitraires, manque de nourriture et de médicaments. L’espoir comme seule arme, la volonté de survie et la résilience sont au cœur du film de Denis Do.
Volontairement toutefois, le film ne se veut pas véritablement précis pour ce qui est de la situation politique ayant mené à la prise de pouvoirs des Khmers rouges. Il possède ainsi une visée plus universelle, en menant une exploration les relations humaines et leur complexité en situations extrêmes et de conflit ; comment s’entraider, à qui faire confiance, que faire ? De plus, malgré son sujet indéniablement fort et violent, toute scène qui pourrait être particulièrement heurtante est placée en hors-champs. La non-visualisation n’empêche évidemment pas la compréhension, et ce choix n’amoindrit pas la force du métrage. Toutefois, l’on aurait souhaité une plus grande contextualisation historique. La composition musicale se veut universelle et ne souhaite pas démontrer une intégration géographique trop claire, bien que certains éléments sonores fassent office de rappel. En souhaitant s’inspirer de Joe Hishaisi (compositeur fréquent des studios Ghibli), le style recherché par le compositeur était quelque chose « d’assez simple, d’enfantin, d’épuré ».
Dans ce contexte de grande violence et cruauté, les dessins offrent une forme de douceur, créant un contraste étonnant, tant dans les personnages que dans les paysages. L’on regrette quelques mouvements manquant parfois de fluidité, principalement an arrière-plan.
Tous les Films vus à Anima en 2019 (liste en évolution jusqu’au 11 mars)
Virus Tropical
Okko et les fantômes
Mirai, ma petite soeur
Buñuel dans le labyrinthe des tortues
Chris the Swiss
Ruben Brandt, Collector
Tito et les Oiseaux
I want to eat your pancreas
Another day of life
Le Château de Cagliostro
Wardi
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