Date de sortie : 7 octobre 1953, sortie de l’édition physique : 28 avril 2021
Réalisateur : Hideo Sekigawa 
Acteurs principaux :  Takashi Kanda, Masao Mishima, Eiji Okada, Yoshi Katō, Yumeji Tsukioka
Genre : Drame
Nationalité : Japonais

 

 

 

Evoquer un traumatisme est un exercice très compliqué qui nécessite un retour vers sa propre blessure. Cette blessure demeure dans le champ mémoriel de manière inéluctable. Que l’on ait été impacté ou non par cet événement tragique.

 

Il suffit de constater que la société Européenne ne s’est jamais remise des deux Guerres Mondiales. C’est aussi le cas du Japon avec Hiroshima.

 

Cependant, les japonais ont su s’emparer de leur souffrance pour s’en servir comme un objet culturel qui sert d’exutoire. Le cinéma est alors arrivé au bon moment et a pu permettre cela.

 

 

Godzilla apparaît comme l’œuvre évidente qui sert de confrontation au traumatisme de la bombe. Des œuvres comme Akira et Nausicaa s’inscrivent également dans cette dynamique.

En 1953, bien avant Godzilla, est sorti un film qui servira également de mise au point de la situation du Japon. Ce film c’est Hiroshima de Hideo Sekigawa qu’a ressorti Carlotta dans une impressionnante copie le 28 avril 2021.

 

 

Hiroshima est un film particulièrement ambitieux qui tente d’évoquer de manière frontale le traumatisme d’Hiroshima en s’ouvrant sur l’après catastrophe avec une séquence où un professeur traite du sujet avec ses élevés, eux-mêmes victimes de la bombe.

 

Ainsi, sont exposées dans un premier temps les conséquences de la catastrophe pour ensuite dévier vers un panorama de celle-ci.

 

Le film est en effet découpé en plusieurs partie et construit une gradation au niveau de sa dimension tragique. Le spectateur est alors confronté au bout d’une trentaine de minute à une séquence particulièrement longue qui montre de manière frontale l’arrivée de la catastrophe en temps réel.

 

 

Il faut savoir que les seules images d’archives de la catastrophe d’Hiroshima ne montrent pas les conséquences de l’explosion sur le village. C’est uniquement le largage de la bombe nucléaire par le B-29 américain qui a été filmé. Ainsi les civiles n’apparaissent pas dans ces images d’archives.

 

Le projet fou de Sekigawa est donc de montrer les conséquences de la bombe sur les civils. C’est ainsi que cette longue séquence est une véritable peinture de l’enfer. Les villageois apparaissent comme des morts qui reviennent à la vie pour errer dans les ruines.

 

 

Dans cette séquence, Sekigawa maîtrise totalement le rapport du spectateur à l’image et provoque automatiquement l’émotion par le cadre.

 

Tout semble si réel que cela en devient terrifiant et d’une certaine façon captivant. Le film ne tombe pas non plus dans un misérabilisme malvenu mais cherche plutôt à construire un exutoire. Une confrontation à ce qui n’a pas été montré et ne le sera jamais.

 

 

La fiction, le faux, devient alors réalité pour embarquer le spectateur dans un terrifiant tourbillon de souffrance. Que l’on soit japonais ou occidental, le film touche et retourne le spectateur avec celle seule séquence, ce qui apparaît comme un véritable geste de bravoure.

 

 

Le film est accompagné en complément d’un documentaire intitulé « Hiroshima, le cinéma et l’imaginaire du nucléaire au japon » qui aborde la représentation de la guerre nucléaire dans le cinéma japonais. La restauration est sublime et propose une expérience totalement folle en plus de l’excellence du film en lui-même.

 

Il est donc fortement conseillé de voir Hiroshima pour pouvoir saisir l’impact d’un traumatisme sur tout un peuple. Le cinéma est donc ici nécessaire pour pouvoir marcher de l’avant.


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