THE JANE DOE IDENTITY
Un film de terreur pure, probablement le plus effrayant de l’année 2017, et intrinsèquement répugnant… On adore.
Réalisateur : Andre Ovreda
Acteurs : Brian Cox, Emile Hirsch, Olwen Kelly
Genre : Thriller, Épouvante horreur
Nationalité : Britannique
Distributeur : Wild Bunch, Wild Bunch Distribution
Date de sortie : 31 mai 2017
Âge : Interdit aux moins de 16 ans
Durée : 1h27mn
Plus d’informations : Le site du distributeur
Festival : PIFFF 2016 (Paris Internation Fantastic Film Festival), Gérardmer 2017
Quand la police leur amène le corps immaculé d’une Jane Doe (expression désignant une femme dont on ignore l’identité), Tommy Tilden (Brian Cox) et son fils (Emile Hirsch), médecins-légistes, pensent que l’autopsie ne sera qu’une simple formalité. Au fur et à mesure de la nuit, ils ne cessent de découvrir des choses étranges et inquiétantes à l’intérieur du corps de la défunte. Alors qu’ils commencent à assembler les pièces d’un mystérieux puzzle, une force surnaturelle fait son apparition dans le crématorium…
Choisi pour ouvrir la 6e édition du Festival du Film Fantastique de Paris, le PIFFF, The Autopsy of Jane Doe a agréablement surpris le public. Il partait pourtant avec un désavantage, puisqu’il était projeté après un court métrage ibérique brillant, riche en pétoche, qui a foutu la frousse à la salle comble du Max Linder. Après cela, il fallait bien un crescendo horrifique pour satisfaire les spectateurs venus pour frissonner, et le nouveau film de André Ovredal (le documenteur malin Trollhunter), dans ce contexte d’exigence, est parvenu à s’imposer comme un monument d’horreur viscérale et de terreur pure.
Norvégien de par son cinéaste, britannique de par sa production, le film a l’élégance des bonnes productions B américaines. Un décor imparable de morgue aux infernaux couloirs, dont on sortira peu, seulement lors des séquences d’introduction et de fermeture. Cette histoire de père et fils, qui se retrouvent dans leur petite affaire légiste, un samedi soir, à disséquer le cadavre d’une jeune femme décédée de façon violente, sans pour autant présentée la moindre trace extérieure de maltraitance, pourrait s’apparenter à un épisode de La Quatrième dimension en chambre froide. On y retrouve l’opacité du mystère, les indices déroutants, l’opposition constante entre le cartésien et l’irrationnel des rites païens…
Pour donner chair à cette histoire de secte sans nom à la Martyrs (une hypothèse), d’infiltration diabolique (une deuxième hypothèse) ou de soulèvement zombiesque, le cinéaste donne carte blanche à des comédiens brillants, de Brian Cox en patriarche un peu vieux con, mais à la présence royale, et dans le rôle de son rejeton, le jeune Emile Hirsch que l’on ne présente plus, entre son rôle de puceau dans Girl Next Door et celui de vagabond dans Into the West de Sean Penn. Chacun apporte crédibilité et complicité dans cette histoire abracadabrante, mais qui ne délaisse pas ses personnages malgré un script a priori famélique, mais qui laisse peser une belle mélancolie dans cet environnement fortement morbide.
Visuellement, Jane Doe est un délicieux alliage entre l’ambiance de Phantasm de Don Coscarelli, et de L’Au-delà de Fulci.
De beaux titres pour une oeuvre référentielle qui in fine ne ressemblera qu’à elle-même. Et ce n’est pourtant pas faute d’emprunter aux thrillers mortuaires qui ont marqué le genre. Pour ses dissections et autopsies monstrueuses, on pense immédiatement à l’autopsie de Jigsaw dans Saw 4, mais comme ce dernier est un nanar, on préférera élever la comparaison avec le moyen métrage choquant de Nacho Cerda issu de sa Trilogie de la mort, le jusqu’au-boutisme absolu des effets sanglants y est tout aussi malaisé. Dans son genre suspense surnaturel, avec humour noir, The Autopsy of Jane Doe va très loin dans la démonstration de l’horreur, sûrement trop, contesteront ses détracteurs.
Mais au-delà de ses déballages nauséabonds, c’est bien dans l’effroi que le film se distingue. Rarement une oeuvre gore aura été aussi effrayante. L’objectif du cinéaste est patent dès les premières scènes, susciter la peur par tous les moyens, mais sans trop céder à la facilité. Certes, on recense une poignée de jump-scares, mais au cœur d’une narration dont le carburant agit à coup de révélations toujours plus effroyables, l’impression d’assister à un film de terreur intemporel, sans crétinerie adolescente, agit comme un poison capiteux.
A l’issue de la projection, on a tout simplement eu l’impression d’avoir assisté au spectacle cinématographique le plus farouchement effrayant de l’année 2016. A côté, Conjuring peut aller se rhabiller ! Le film vient de sortir dans les salles obscures françaises le 31 Mai 2017 ! Courrez-y … mais pas seul! Recommandation de Stephen King himself!