Sortie : 25 Novembre 1955, 17 Janvier 2024
Durée : 1h51
Genre : Drame
De Robert Aldrich
Avec Jack Palance, Ida Lupino, Wendell Corey, Rod Steiger, Wendell Corey, Jean Hagen, Everett Sloane, Robert Emhardt
Découvrir un nouveau film de Robert Aldrich est un rendez-vous qui s’accompagne d’une grande passion. Une passion pour un enfant terrible du cinéma hollywoodien, grand secret le mieux gardé qui refait surface avec Le Grand Couteau, son film sur le monde D’Hollywood.
La meilleure façon de décrire ce film sorti en 1955, est de se concentrer sur la figure de son acteur principal, Jack Palance, incarnant ici Charlie Castle un comédien fictif qui se confronte aux affres du système hollywoodien. Aldrich s’amuse à filmer Palance comme un pion, une pièce d’une industrie qui détruit ses exécutants et bouffe les femmes. Il est ainsi constamment en sueur, à deux doigt de s’effondrer et de prendre en pleine poire un uppercut, celui de son machiavélique producteur, Stanley Hoff.
Hoff est la figure maléfique par excellence, Rod Steiger joue plus une créature qu’un homme. C’est une silhouette emmitouflée dans son costard évoquant les hommes en noir du gouvernement et accompagné d’un appareil auditif qui lui confère une fausse fragilité. Le Grand Couteau est composé de scénettes de dialogues, majoritairement concentrées dans la maison de Castle, qui s’étirent dans la durée. C’est l’épuisement qui se manifeste à travers ces longs dialogues qui n’en finissent jamais et sont pétri de noirceur.
Le portrait que fait Aldrich de l’industrie cinématographique est teinté de noirceur et de meurtres. Les acteurs et actrices sont des objets malléables dont la vie dépend de commerciaux qui décident de l’ordre du monde. C’est ainsi que l’on apprend qu’il est question d’un meurtre, d’écarter une femme qui connaît des choses qui ne peuvent être dévoilées, le meurtrier parfait serait donc Castle que l’on menace de mettre au pilori. Ainsi, c’est le hors champ qui domine le film, le dialogue est surtout là pour évoquer la dynamique du complot à travers des éléments épurés qui font travailler l’imagination du spectateur.
L’épure du cadre, le découpage très discret permet de s’imprégner d’une atmosphère angoissante qui se manifeste par l’entrée de chaque élément perturbateur dans le cadre. Hoff en est le parfait exemple tant chaque apparition de cette créature malfaisante casse le rythme avec sa voix forte et menaçante. En cela, le film se rapproche du fonctionnement théâtral sans pour autant jouer la carte du théâtre filmé, c’est simplement parce qu‘Aldrich filme la vie d’un acteur hollywoodien comme une tragédie grecque qui distille un poison mortel dans son quotidien conjugal.
C’est donc par la parole et non la représentation directe que le cinéaste dénonce les travers d’un Hollywood outrancier et obsédé par le fric. C’est ainsi l’occasion de découvrir le grand talent de narrateur de l’enfant terrible du cinéma moderne qu’est Robert Aldrich.
Le film est disponible depuis le 17 Janvier 2024 en Blu-ray/DVD chez Rimini accompagné :
– le Blu-ray du film (113′)
– le DVD du film (109′)
– le livret « Derrière les portes de Babylone » écrit par Christophe Chavdia (32 pages)
« Robert Aldrich, le cinéaste du ressenti » : Interview de Jacques Demange, critique à la revue Positif (21’15 »)
« The Big Knife, une critique de Hollywood ? » : Interview de Frank Lafond, historien du cinéma et essayiste (30′)
Film promotionnel d’époque (5′)
Bande-annonce (2’32 »)