Date de sortie : 23 septembre 1988 (Amérique du Nord), 8 février 1989 (France)
Réalisateur : David Cronenberg
Acteurs principaux : Jeremy Irons, Geneviève Bujold, Heidi von Palleske, Barbara Gordon, Shirley Douglas, Stephen Lack
Genre : Thriller horrifique
Nationalité : Américain
Compositeur : Howard Shore
Scénaristes : David Cronenberg et Norman Snider
Sociétés de production : Morgan Creek Productions, Téléfilm Canada et Mantle Clinic II
Budget : 13 millions de dollars

 

L’avis d’Emmanuel

Des jumeaux que tout oppose.

Puisant son scénario dans le roman Twins de Bari Wood et Jack Geasland sorti en 1977, Faux-Semblants est un film dramatique dans lequel Jeremy Irons (Mission, Red Sparrow, House of Gucci) incarne à la fois Beverly et Elliot Mantle, jumeaux tous deux gynécologues partageant à la fois leur appartement et leur clinique. Ayant pour habitude de tout se dire y compris en matière de femmes, leur vie bascule le jour où Beverly rencontre Claire, patiente jouée par Geneviève Bujold (Le Pirate des Caraïbes, Obsession, La Corde Raide), que ce dernier refuse de partager avec son frère.

Une attirance bouleversante.
Une atmosphère pesante.

Réalisé par David Cronenberg (Vidéodrome, Dead Zone, La Mouche), le film traite de thèmes comme la jalousie et la descente vers la folie, le bouleversement de Beverly ne faisant que croître tout au long du film. Si l’atmosphère se veut dérangeante, l’esthétique est plutôt propre comparée aux autres films du réalisateur, la scène du cauchemar où Claire coupe le cordon qui relie les jumeaux étant la seule à se montrer viscérale. Compositeur habitué à Cronenberg, Howard Shore renforce quant à lui le mystère et la mélancolie du scénario par de lentes mélodies à base de cordes frottées.

Jeremy Irons dans un de ses rôles les plus touchants.
Une descente aux enfers inéluctable.

Pourvu d’une réalisation soignée, Faux-Semblants innove par ses nombreux plans montrant les deux jumeaux sur un même écran grâce à des caméras contrôlées par ordinateur. Démontrant un jeu d’acteur de haut niveau, Jeremy Irons va même jusqu’à utiliser la technique de Frederick Matthias Alexander pour interpréter ses deux personnages d’une manière bien distincte. Un film iconique ayant inspiré la dramaturge Alice Birch pour une mini-série éponyme sortie en 2023 sur Prime Video.

 

L’avis de Nicolas P

La mutation du cinéma de David Cronenberg, enfant terrible du cinéma qui mélange habillement des questionnements autour du corps avec le cinéma d’exploitation. On peut donc parler de deux parties qui s’inscrivent pourtant dans cette tradition tout en s’approchant d’une épure surprenante au niveau de la mise en scène.

Faux-Semblants semble être cette passerelle qui témoigne d’une évolution de l’approche de Cronenberg. Cette histoire de deux jumeaux médecins (magistralement incarnés par Jeremy Irons) et patrons d’une clinique gynécologique pour les riches témoigne d’une approche du body horror moins évidente et frontale. Ainsi, c’est surtout l’exploration mentale des deux frères et de leurs névroses sexuelles qui intéresse le cinéaste. La séquence qui témoigne de ce caractère hybride est l’usage des outils gynécologiques pensés par l’un des jumeaux qu’il utilise dans une opération. Le rapport au corps y est moins frontal, le sang n’en gicle pas tant que ça et la froideur du cadre englobe le film d’une atmosphère poisseuse.

Cronenberg ne cherche donc plus à créer du body horror avec des effets qui relèvent du cinéma d’exploitation mais s’oriente vers une approche plus poétique et atmosphérique. Il se recentre ainsi sur les émotions afin de connecter le spectateurs aux protagonistes et leurs peurs. La fin du film est le pinacle de cette approche, un sacrifice qui inclut encore le corps dans son procédé tout en évitant de montrer directement les éléments. Faux-Semblants devient alors un savant mélange entre la finesse d’un cinéma qui gagne en maturité et la violence des premières œuvres de Cronenberg.

Bonus de l’édition BQHL :

  • Interview de Gordon Smith (19′)
  • Interview de Peter Suschitzky (12′)
  • Interview de Stephen Lack (23′)
  • Présentation exclusive du film par le journaliste Sébastien Gayraud (44′)
  • Rendre invisibles les effets spéciaux par le journaliste Rafik Djoumi (14′)
  • Livret de 36 pages


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Emmanuel Delextrat
Salut à tous ! Fasciné par le monde du cinéma depuis toujours, j’ai fait mes débuts avec Mary Poppins et La Soupe aux Choux, mais avec aussi de nombreux dessins animés comme les courts métrages Disney avec Mickey, Donald et Dingo, les longs métrages Disney avec Alice au Pays des Merveilles en tête, les animés japonais comme Sailor Moon et Dragon Ball Z ainsi que d’autres séries comme Batman et Tintin. Mes années 90 ont été bercées par les comédies avec Jim Carrey (Dumb & Dumber en tête) ou d’autres films que j’adore comme Les Valeurs de la Famille Addams, Street Fighter, Mortal Kombat, Casper et Mary à Tout Prix. C’est pourtant bel et bien Batman Returns qui figure en haut de mon classement, suivi de près par Casino Royale, Et Pour Quelques Dollars de Plus, Kill Bill ou encore Rambo. Collectionneur, j’attache de l’importance au matériel et j’ai réuni trois étagères pleines de films classés par ordre chronologique. Et plus on découvre de nouveaux films, plus on se rend compte qu’il nous en reste en fait énormément à voir…

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