Date de sortie : 28 mai 2014 (1h 37min)
Réalisateur : Robert Stromberg
Acteurs principaux : Angelina Jolie, Sharlto Copley, Elle Fanning, Sam Riley
Genre : Fantastique
Nationalité : Américain
Compositeur : James Newton Howard
Je vous invite à revisiter un conte célèbre,
que vous pensez connaître…
Cinquante-cinq longues années après l’adaptation de La Belle au Bois Dormant par Disney, Maléfique nous fait revisiter le conte de Charles Perrault à travers le point de vue de la célèbre sorcière dans un film qui s’impose comme une réécriture réussie malgré le classicisme de son style fantastique. Préfigurant la volonté de Disney de faire revivre ses grands classiques dans années 2010 quatre ans après l’adaptation d’Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton, il met en scène Maléfique comme une héroïne intéressante dans ce sens où la méchanceté ne domine par forcément ses autres sentiments. Interprétée par Isobelle Molloy et Ella Purnell durant son enfance puis par Angelina Jolie (Tomb Raider, Mr. & Mrs. Smith, La Légende de Beowulf) une fois adulte, on lui découvre un passé touchant et douloureux avec le futur roi Stéphane qui expliquent pourquoi elle lance sa malédiction à la princesse Aurore, jouée par Vivienne Jolie-Pitt (la fille d’Angelina Jolie et de Brad Pitt) puis par Elle Fanning (Babel, L’Étrange Histoire de Benjamin Button, Super 8).
Arborant une certaine prestance, Maléfique voit son charisme à son apogée lors du baptême, les effets spéciaux et les mots prononcés donnant un puissant cachet à cette séquence emblématique. Si le jeu d’actrice d’Angelina Jolie n’est pas toujours à la hauteur, notamment lorsqu’elle pleure et dans la façon parfois immature qu’elle a de se comporter, il reste globalement convaincant pour faire honneur au personnage. Sa relation avec Aurore est assez touchante dans le sens où elle la surveille et la rencontre, pour finalement s’attacher à elle jusqu’à vouloir annuler le sort. Le scénario séparant l’univers hostile et vaniteux des hommes et l’univers merveilleux et prospère des fées (Maléfique faisant partie de ce dernier), il va sans dire que les marraines refont surface, cette fois-ci sous le nom de Capucine, Florette et Hortense, cette dernière étant jouée par Imelda Staunton (Harry Potter et l’Ordre du Phénix, Alice au Pays des Merveilles). Présentées comme un trio cherchant à répandre la paix entre les deux royaumes, elles sont assez comiques et maladroites au point d’être qualifiées d’idiotes par le roi.
Interprété par Sharlto Copley (District 9, L’Agence Tous Risques, Oldboy), le roi Stéphane voit son traitement subir un virage à cent quatre-vingts degrés étant donné qu’il est clairement présenté comme le méchant du scénario. Sa romance avec Maléfique dans leur jeunesse est à l’origine du baiser d’amour sincère donnant du sens à l’annulation du sort, et son choix de ramener ses ailes au précédent roi plutôt que l’assassiner est un clin d’œil rappelant le geste du chasseur dans Blanche-Neige et les Sept Nains. Cet élément renforce le dramatique de la lutte finale avec une mise en pratique de la sensibilité que les fées ressentent avec le fer, le corbeau qui devient un dragon (référence au dessin animé de 1959) et la séparation définitive des deux personnages alors que le roi s’écrase dans le vide avec un joli ralenti en plongée.
Sous les traits de Brenton Thwaites (Dick Grayson dans la série Titans), le prince Philippe est clairement relégué au rang de personnage secondaire avec une romance assez expéditive, et surtout tournée au ridicule lorsque son baiser à la princesse ne produit aucun effet. Mais c’est pour mieux valoriser le personnage de Maléfique qui, s’en voulant de n’avoir pu revenir en arrière, réveille elle-même Aurore grâce à un baiser sur le front, rapprochant définitivement la princesse et celle qu’elle considère être sa bonne fée. Maléfique se veut donc une réécriture touchante, ancrée dans un univers merveilleux peuplé de toutes sortes de créatures fantastiques, et dont les personnages sont réinterprétés d’une manière efficace. La boucle est alors bouclée alors que l’on apprend que la narratrice de l’histoire n’était autre que la belle au bois dormant elle-même.