Année de sortie : 2008
Pays: Etats-Unis
Réalisatrices : Lilly et Lana Wachowski
Casting : Emile Hirsch, Matthew Fox, John Goodman, Christina Ricci, Susan Sarandon
De tout temps, le cinéma a connu des échecs financiers désastreux qui se virent réhabilités au fur et à mesure des années. Ainsi, « Blade Runner », « Le magicien d’Oz » et « Citizen Kane » sont reconnus comme des classiques du cinéma malgré des recettes fort peu élevées à l’époque. « Fight Club » fait quasiment l’objet d’un culte et « Gremlins 2 » est remis en avant par son côté cartoonesque anarchique remettant en question le statut de suite tout en étant une critique très acerbe d’une forme agressive de capitalisme. A ces titres pourraient se voir rajouter « Speed Racer » des désormais sœurs Wachowski.
Speed Racer est un jeune pilote doué marqué par le décès de son grand frère, qui était son modèle de vie. Alors que son talent commence à être remarqué sur les circuits, il va devoir faire face aux manigances d’un riche propriétaire d’équipe.
Drôle de carrière que celle des Wachowski qui, après avoir été propulsés sous le feu des projecteurs par la trilogie « Matrix », sont au volant de gros véhicules qui se crashent au box-office. Et bien que leur petit dernier, bien que tentant l’originalité dans son esthétisme, pose encore question (ceux ayant vu « Jupiter Ascending » comprendront), il faut pourtant avouer que leurs films osent sortir des pistes. Ainsi, si nous n’allons pas revenir actuellement sur le superbe « Cloud Atlas » (venez voir notre live sur le sujet pour cela 😉 ), « Speed Racer », adaptation d’un anime japonais, démontre leurs qualités visuelles et narratives.
Ainsi, sous des contours de film à la coloration saturée et aux innombrables effets spéciaux numériques destinés à un public très jeune (le personnage du jeune frère et du singe), « Speed Racer » est un divertissement de haute volée, une folie furieuse aussi bien narrativement que visuellement. Les Wachowski n’hésitent pas par exemple à empiler les plans sans coupe aucune et à les faire suivre de manière homogène pour accélérer son rythme et ainsi plonger les spectateurs dans le même état d’esprit que nos héros. Les courses deviennent des exemples d’intensité et même des moments d’émotion (la course de départ où Speed « poursuit » le fantôme de son frère disparu). De plus, si certains effets spéciaux ont déjà un peu vieilli, leur style visuel est assez marquant (et fort inspiré de la source originale ainsi que des mangas en général, comme soulignés dans certaines séquences) pour se démarquer du simple divertissement décérébré sans oublier le travail de couleurs fulgurant dans certaines séquences (Rex Racer totalement assombri lors de son dernier moment avec son frère pour souligner la douleur que causera sa disparition dans l’esprit du héros).
Les personnages, bien que hauts en couleur (ce qui n’est pas nécessairement un défaut, cela dit), suscitent une empathie non feinte, aidée par une histoire à la sous-lecture de critique hollywoodienne. Difficile donc de rester indépendant lorsque l’on doit se démarquer d’autres personnes talentueuses, surtout quand l’on se trouve dans un milieu composé d’industriels véreux n’ayant comme unique but que l’obtention de revenus à tout prix… Le tout en développant des liens forts entre certains personnages (aidés par des interprètes dévoués à leurs rôles).
Ajoutez à cela une musique stimulante et tout aussi éclectique que ce film de la part d’un Michael Giacchino inspiré, et vous obtiendrez « Speed Racer », film familial de très grande qualité et fort recommandable. La preuve : lui aussi est destiné à rejoindre les titres cités plus haut au panthéon des œuvres incomprises à leur sortie mais qui marquent leurs spectateurs. Ce qu’est censé normalement faire tout film mais ça, c’est une autre histoire…
Ils étaient encore frères à l’époque
Je le sais bien, j’ai juste adapté leurs noms à leur changement de sexe actuel.