Date de sortie: 13 décembre 2000 (France)
Durée: 1H50
De Takeshi Kitano
Avec Takeshi Kitano, Omar Epps, Susumu Terajima, Claude Maki, Masaya Kato,…
Genre: Drame, Policier
Nationalité: Japonais, Américain
Musique par Joe Hisaishi
Une histoire de yakuzas
Aniki fait partie d’une bande de yakuzas. Fidèle à son clan, calme, il prend les commandes lorsque son chef se fait tuer. Son clan se fait absorber par le clan ennemi, et Aniki ne le supporte pas. Pour le protéger de ses ennemis, il est envoyé aux États-Unis pour retrouver un demi-frère et recommencer sa vie.
Ce film est largement présenté comme un film culte du cinéma japonais, comment passer à côté? Takeshi Kitano est un géant du cinéma asiatique, qui a entre autres réalisé Hana-bi, Sonatine, Furyo ou encore Battle Royale, et légèrement égocentrique puisqu’il n’est ni plus ni moins réalisateur, scénariste, producteur et acteur principal d’Aniki. Seulement, malgré sa réputation, le film dont il est question aujourd’hui est très en retard sur son temps.
Avec une violence qui monte crescendo et un étranger arrivant aux États-Unis dans le but de faire fortune, le film donne tout l’air d’un plagiat de Scarface. Le problème? Aniki est sorti en 2000. Avec un thème, une histoire et un milieu déjà vus et revus au cinéma, le film n’innove à aucun moment. Sa violence devient de plus en plus caricaturale tant les yakuzas se suicident et se mutilent sans aucune raison. Critique de la mafia japonaise ou violence mal dosée, telle est la question, d’autant plus que le cinéma japonais n’a jamais vraiment été branché dans le réalisme et que les effusions de sang sont exacerbées et ridiculisées. Du sang, des mafieux, de l’argent, de la drogue et des chemises 80s? On est bien dans un film de gangsters, le tout sans aucun suspense. Pour autant, si vous aimez ce genre de films, Aniki mon frère respecte à la lettre la codification du film de gangsters et vous apportera votre dose de violence jouissive, le tout avec des acteurs toujours extrêmement justes, bien que jamais marquants, à l’image du film.
Derrière ce manque d’originalité, que pourrait nous cacher Aniki mon frère? En réalité, pas mal de choses contradictoires. En montrant un Japonais réussir aux États-Unis avec une facilité déconcertante, on pourrait s’interroger sur une critique des Américains et montrer la supériorité des Japonais, critique qui serait justifiée par de récurrentes remarques racistes de la part des personnages américains. Pour autant, comme dit précédemment, les « sacrifices » des yakuzas semblent complètement inutiles, et ridiculisent donc les Japonais. Le film flotte donc entre deux points de vue opposés et peut faire douter de la capacité de Kitano à faire passer le message voulu. Deux théories se posent donc: soit Kitano ne sait pas réaliser un film (ce qui paraît peu probable), soit c’est un réactionnaire qui s’oppose à toute son époque, époque qui semble plus ou moins révolue depuis un moment.
Malgré un propos qui semble enclin à la haine des uns et des autres, Kitano nous délivre tout de même un propos réunificateur autour de la notion de « frère » des yakuzas ou de la belle amitié du japonais Aniki et du noir américain Denny. Cette dernière est centrale dans le film et peut à la fois montrer que l’Amérique et le Japon peuvent se rapprocher, et ce serait donc une opposition à l’idée que Kitano montrerait la supériorité du Japon face à l’Amérique; mais aussi montrer la puissance des minorités, surtout que cette amitié est l’une des seules relations qui perdurent tout au long du film, et dans ce cas, Kitano semblerait se poser en tant que porte-parole des minorités à travers un personnage se soulevant face aux inégalités raciales des États-Unis.
Alors, Aniki mon frère est-il un film bête et méchant ou une oeuvre complexe qui s’analyse? Il est plus facile de pencher pour la première option. Les analyses possibles sont fondées sur de brefs éléments et s’opposent toutes entre elles. Kitano ne semble pas tout à fait savoir à qui s’adresser puisqu’il y a visiblement une tentative de donner de la profondeur à un film sans originalité qui tangue entre la qualité et la médiocrité comme il tangue entre les différentes interprétations possibles. Aniki mon frère a le mérite de se baser sur un style et un genre qui plaît avec des acteurs de qualité, mais qui peine à dépasser la simple notion divertissante.
Bande-annonce:
Je veux bien saluer l’effort mais quelle mauvaise critique!
Déjà, dès le premier paragraphe, une erreur énorme! Dire que Kitano est le réalisateur de ‘Battle royale’… Non! Le réalisateur de ‘Battle royale’ est Fukasaku; une erreur grossière car Fukasaku est l’un des plus grand réalisateur du cinéma Japonais et, pire encore, il a principalement officié dans le yakusa-eiga dont il est, sans doute, le plus fameux représentant. Fukasaku est un maître pour Kitano, non l’inverse, et c’est d’autant plus ironique d’attribuer un film du premier au second lorsqu’on fait une chronique sur ‘Aniki mon frère’, un film de yakuza.
Ensuite, ‘Aniki’ est présenté comme un plagiat de ‘Scarface’ mais les deux films, si on enlève le postulat de base, n’ont strictement aucun rapport. ‘Aniki’ est autant un plagiat de ‘Scarface’ que ‘Terminator 2’ l’est de ‘Blade runner’.
Pour le thème vu et revu, on repassera. ‘Aniki’ présente moins l’ascension d’un étranger aux USA qu’un conflit culturel opposant une manière d’être, de vivre à une autre mais qui fini par se mélanger partiellement. C’est une belle mise en abyme pour un premier film d’un Japonais aux USA, Kitano adapte son style à un autre. Le film est froid, lent, avare en figure de style, ponctué de plans fixes; Aniki parle peu, il est impénétrable et ne parait jamais trouver sa place… il est presque inhumain! A aucun moment le film ne fait rêver, à aucun!
‘Scarface’ c’est l’exact inverse! Le film se déroule à Miami où les femmes sont belles, les couleurs sont chaudes et le soleil toujours présent sur la plage; les bâtiments sont luxueux; les chemises bariolées… Tout est formellement attirant dans ‘Scarface’ est c’est justement pour cela que Tony Montana est devenu l’idole des jeunes! Tony meurt en demi dieu, quasiment invincible aux balles et face caméra; Aniki meurt derrière une porte, de manière intime et invisible! Aucun rapport!
De même, dire que les Yakuzas se mutilent et se suicident sans aucune raison c’est, déjà, ne pas avoir compris le film car tout est logique même si peut-être caricatural( car l’un n’empêche pas l’autre) et c’est aussi ne pas comprendre la mentalité Japonaise… incompréhension qui est le sujet même du film!
Je pourrais continuer longtemps à expliquer de nombreuses choses mais ce serait long et chiant…
Oui Kitano sait réaliser un film… encore faut-il le comprendre!
Pour finir: « Pour autant, si vous aimez ce genre de films, Aniki mon frère respecte à la lettre la codification du film de gangsters »
Comment connaitre la codification du genre sans connaitre Fukasaku qui est le maitre du genre? Etrange!
Amicalement!