GET OUT 4,5/5
Un thriller horrifique réjouissant qui, faute de renouveler le genre, utilise une thématique ethnique qui renouvelle l’utilisation d’un casting noir dans le cadre d’une production hollywoodienne. Foncez !
Réalisateur : Jordan Peele
Acteurs : Catherine Keener, Bradley Whitford, Daniel Kaluuya, Allison Williams
Genre : Thriller, Épouvante horreur, Comédie horrifique
Nationalité : Américain
Distributeur : Universal Pictures International France
Date de sortie : 3 mai 2017
Un jeune afro américain, lors de sa visite sur le domaine de la famille blanche de sa petite amie, va vite se rendre compte de la sinistre raison cachée derrière cette invitation. Couple mixte, Chris (Daniel Kaluuya) et sa petite amie Rose (Allison Williams) filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy (Catherine Keener) et Dean (Bradley Whitford) lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.
C’est beau, léché, avec un piqué de cinéma qui redore le blason du cinéma de genre, loin des found-footages habituels auxquels Blumhouse Productions nous avait habitués tout au long de la décennie. Get out, c’est en fait le retour aux thrillers pavillonnaires anxiogènes des années 70-80, ceux qu’affectionnait un certain John Carpenter dans Halloween : la nuit des Masques, avec le même sens de l’espace, ample et structuré.
La banlieue américaine (Suburb, en VO) est le cadre du film de Jordan Peele, cet espace sans problème des productions Amblin Entertainment, ciment de la « whitocracy » où la diversité, amorphe, est un concept urbain lointain. Avec une ironie féroce, le cinéaste y injecte la menace noire, ce cliché défavorisé des quartiers pauvres de la ville, cet élément de résistance à l’hégémonie blanche, qui pourrait être un avatar de gang, ou, pourquoi pas, un élément comique de seconde catégorie pour suspendre la tension dans des gags vaseux. Il n’en sera rien.
Le protagoniste principal a l’intelligence de sa conscience, celle d’un jeune homme bien dans ses baskets, avec une vraie épaisseur psychologique, conscient qu’en se rendant chez les parents « blancs » de sa copine, dans une banlieue tranquille, il va se frotter aux stéréotypes racistes d’une catégorie bien-pensante de la population.
Ce qui aurait pu être une version ethnique de Mon beau-père et moi se transforme en une virée paranoïaque dans l’enfer blanc d’une population repliée sur sa communauté, avec ses modes de pensées où l’ébène interpelle avec la complaisance de la hiérarchie sociale, mais aussi physique.
Pourtant loin d’une simple chasse à l’homme noir, la virée lynchienne de Jordan Peele dans cet univers barré, se joue des codes de couleurs pour présenter la différence ethnique comme une norme sociale et culturelle, basée sur la relativité.
Le protagoniste principal joué par un quasi inconnu – Daniel Kaluuya, absolument épatant -, apparaît plus équilibré que n’importe quel autre élément de casting, blanc ou noir. Autour de lui, tous les représentants de la communauté noire, chez les parents de la petite-amie, semblent avoir subi un lavage de cerveau ahurissant ou sont sous l’influence des séances d’hypnose de la mère, psychiatre mal-intentionnée, jouée par Catherine Keener, complètement allumée.
Naît de ce décalage entre la normalité du héros et la dégénérescence de cette belle famille au protocole étrange, une ironie forcément savoureuse qui apporte un humour salvateur, au milieu de moments flippants ou à la suite de scènes d’angoisse pétrifiantes, à l’esthétique sombre d’un Under the Skin.
Avec plus de 170M$ au box-office américain, Get Out est devenu un phénomène. Plus gros succès du producteur Jason Blum (Split, Paranormal Activity, Insidious), carton historique pour le cinéma d’épouvante (on a – à peu près- jamais vu ça !), Get Out a tout d’une date maline dans son genre et les Français devraient se ruer sur l’électro-choc.