Vous avez certainement, en ce mois d’août, entendu parler de In A Heartbeat, ce court-métrage américain qui a été visionné 2 000 000 de fois sur Youtube après seulement 24 heures de mise en ligne. Réalisé par deux étudiants du Ringling School of Art and Design, Esteban Bravo et Beth David, ainsi que rendu possible par un financement participatif, ce film a de suite connu un emballement médiatique et sociétal dû à son thème principal : l’homosexualité et ses affres ; mais aussi parce qu’il s’adresse potentiellement à un public néophyte : les enfants. Il est d’ailleurs dommageable de le réduire à cela tant il dépasse les simples formalités de son sujet et tant il arrive à se mouvoir dans de véritables envolées poétiques qui n’ont rien à envier aux tauliers de l’animation.

 

 

Exposé par son plan d’ensemble à la peinture vivace et son style aux affluences lyrico-burlesques, le film va s’avérer honnête avec ses partis pris et ses ambitions. Pourtant exempt de dialogues, il est un orateur porté par une incroyable éloquence. Stimulé par le piano et les violons de son compositeur, il embarque le spectateur dans une fable initiatique semée d’embûches qui transforme la fadeur de sa source en un cocktail d’une sensibilité vitale. On suit alors l’histoire d’un adolescent à qui le cœur, épris d’un autre, ne peut obéir à la retenue et au refoulement de son maître originel. Incontrôlable, il va mettre à l’épreuve le jeune amoureux. C’est à ce moment-là que le film communique, dédramatisant l’embarras par la cocasserie [le cœur personnifié rappelant d’ailleurs le personnage de Morph dans Treasure Planet de Clements et Musker] et lyrisant avec beauté ces instants dramatiques. Il marquera notamment par cette mise à nu littéralement déchirante et par cette conclusion bienveillante à la construction remarquable.

 

 

Certains y voient un film pro-LGBT et il peut être appréhendé ainsi. Cependant, l’on peut y voir une ode à l’amour ainsi qu’à l’acceptation de soi et des autres indépendamment de tout genre ou sexualité. S’il y a bien une chose à retenir du film, c’est que l’amour ne doit pas être un problème mais un moyen d’avancer et de s’épanouir avec un autre. Il n’est pas acceptable de se priver et de se faire du mal à cause d’une société qui nous conditionne. Il faut vivre pour soi, et non pour autrui, aussi bien qu’autrui doit laisser vivre son semblable. Vivre comme il nous sied revient à faire l’impasse du conditionnement, à décadenasser l’entrave aliénante qui nous prédomine et peut-être à goûter au bonheur car, comme nous eûsse-t-il été permis d’entendre quelque part, le plus lourd fardeau c’est d’exister sans vivre.

 

 

 

 

Le court-métrage dans son intégralité : 

 

Réactions au métrage : 


Article précédentKong Skull Island de Jordan Vogt-Roberts
Article suivantRobin des Bois : Disney
Maxime
Je suis quelqu'un de curieux mais surtout de profondément passionné par la vie et par toutes les choses si fascinantes qui la constituent. [Ici, il sera question de parler principalement 7ème art. Je ne suis pas si expérimenté, je ne suis pas non plus un néophyte, je suis un cinéphile, tout simplement.]

Laisser un commentaire