Date de sortie : 22 septembre 2022 (Danemark), 28 septembre 2022 (France)
Réalisateur : Ruben Östlund
Acteurs principaux : Harris Dickinson, Charlbi Dean, Dolly de Leon, Vicki Berlin, Zlatko Burić
Genre : Comédie satirique
Nationalité : Suédois
Compositeurs : Mikkel Maltha et Leslie Ming
Deuxième palme d’or du suédois Ruben Östlund cinq ans après The Square, Sans Filtre est une comédie satirique pointant du doigt les conséquences des différences sociales à travers une croisière réservée à l’élite de la classe dominante. Premier long métrage du réalisateur tourné en anglais, son titre d’origine Triangle of Sadness désigne les rides situées entre les sourcils, assurément incompatibles avec le mannequinat, apparente incarnation du bien-être illustrée lors de l’introduction. Incarnés par Harris Dickinson (Maléfique Le Pouvoir du Mal, The King’s Man Première Mission) et Charlbi Dean (décédée peu avant la sortie du film…), les protagonistes marquent d’emblée leur rapport à l’argent lors du dialogue lourd de sens qu’ils ont à la fin d’un repas, tout étant question d’argent et de manipulation pour faire comprendre à l’autre qu’il doit payer la note.
Si Carl est avant tout mannequin, Yaya représente quant à elle l’archétype des influenceuses qui passent leur temps à se prendre en photo pour se montrer sur Instagram. Ses selfies à répétition sont brillamment soulignés par les bruitages du smartphone, qui agacent autant qu’ils attirent l’attention de l’entourage. Le réalisateur insiste beaucoup sur le fait que ce sont les riches qui commandent, comme lorsque tout le personnel reçoit l’ordre de se baigner par simple volonté d’une passagère. Carl surprend même Yaya à parler à un employé et provoque sans le vouloir le licenciement d’un autre membre du personnel en racontant à sa supérieure qu’il l’a vu fumer sur le pont.
Tandis que les riches commencent à être ridiculisés par leur intoxication provoquée par un repas en pleine tempête, Sans Filtre bouleverse les rapports sociaux lors du naufrage du paquebot. Échoués sur une île, les survivants doivent en effet s’entraider en attendant les secours pendant plusieurs jours. L’inversion des rôles provoque alors la domination de la classe populaire, capable de chasser et de se faire obéir à son tour. On peut d’ailleurs remarquer certains abus dans l’autre sens, la soif de vengeance cassant de ce fait le manichéisme du scénario. Si on peut lui reprocher quelques passages surfaits, Sans Filtre sans souci s’impose comme une peinture réussie des inégalités sociales.