Date de sortie : 16 mars 2022 en France, 27 juillet en Belgique
Réalisatrice : Ildiko Enyedi
Casting : Léa Seydoux, Gijs Naber, Louis Garrel, …
Genre : Drame, historique
Résumé : Jakob est capitaine au long cours. Un jour, il fait un pari avec un ami dans un café : il épousera la première femme qui en franchira le seuil. C’est alors qu’entre Lizzy…
Critique : Le long-métrage d’Ildiko Enyedi peut paraître abscons aux premiers abords : sa durée proche des trois heures pourrait faire rebrousser chemin à une certaine audience qui n’aime pas accorder autant de temps quand il s’agit de drames historiques. Pourtant, il fallait bien ce temps pour pouvoir aborder ce couple dans ce qu’il a de plus romantique, tragique, beau et amer. Car, loin d’un classicisme d’apparence (malgré une élégance certaine dans sa mise en scène et sa photographie), « Story of my wife » va vers du romanesque franc tout en s’interrogeant dans son regard sur cette relation.
L’accentuation d’appartenance dans le titre amène déjà un indice dans la focalisation du récit : ici, c’est le point de vue de Jakob (superbe Gijs Nabber) que l’on adoptera. Dès l’arrivée dans son existence de Lizzy (tout aussi sublime Léa Seydoux), on pense s’attendre à quelque chose digne d’une de ces nombreuses romances que l’on connaît. Pourtant, il se débat tout au long du récit une certaine attente dans les relations de couple qui va permettre de mieux capter la nature tumultueuse de cette relation. Loin d’une certaine facilité d’ensemble, c’est la complexité de l’amour qui se dessine tout au long du film, déjouant dans son fond les attentes imposées par sa formalité mais également dans son rapport social.
C’est ainsi que ce « Story of my wife » trouve sa réussite : dans la facticité de l’accomplissement du couple pour mieux embraser la distance qui se fait et se défait entre ses deux protagonistes principaux. Cherchant à comprendre la réalité du couple, le long-métrage d’Ildiko Enyedi capte surtout les appréhensions du sentiment amoureux, la puissance de ses effets positifs et la nature dévastatrice de ses rechutes. En clair, loin d’être une belle coquille vide, ce film s’avère surtout un portrait historique aussi envoûtant qu’il est subtilement tragique, à l’instar de l’Amour en général…