C’est l’histoire d’un pauvre gars, Arthur, qui a eu une enfance et une suite de vie compliquées. Humilié, chahuté, détesté : on a suivi son parcours dans le Joker, premier opus.
Descente aux enfers d’un sociopathe qui devient tueur à plusieurs victimes ?
Ou ascension d’un Héros, personnage charismatique qui s’érige contre la société à la con…currence ?
Celui qui rit à mauvais escient et qui fait des blagues pas drôles a (eu) son heure de gloire. Acclamé par tous les rejetés – et Dieu sait qu’il y en a tellement – enfin, il reçoit ce qui lui a toujours tant manqué.
Et dans cet univers tout sauf manichéen, il croise la route d’Harley.
Harley, coeur à vif
La musique adoucit les mœurs et la voix de la sirène charme notre naufragé égaré dès la première note.
Notre Arthur qui a eu si longtemps peur de son ombre se rend compte qu’en Joker, il est vraiment un mec trop cool. Sa schizophrénie s’émoustille et il peut laisser sa personnalité chantante prendre son contrôle.
Dans l’un des premiers musicals du film, on l’entend dire « je suis enfin tombé sur quelqu’un qui a besoin de moi ».
Ca le galvanise, le Joker se colorise et il s’imagine tant de choses. La belle se retrouve même dans sa cellule pour une partie de batte en l’air.
Finalement, on n’en sait peu sur cette Queen zélée. La reine avance masquée, elle ne se livre que très peu : elle montre juste à quel point elle est une groupie de ce Disaster Artist (allez voir ce film !).
The Disaster Artist
On en sait peu, et en même temps on connait cette histoire du point de vue subjectif d’Arthur…
On voit tous ces plans cinématographiques d’enfermement, là où Quinzel représente la porte vers la liberté.
Est-ce lui qui s’invente cette idylle, qui se fait une montagne (cette fameuse montagne…) des quelques petites marques d’intérêt que la Lady lui accorde ?
Est-ce elle qui se montre habile manipulatrice ? Une paumée bien plus structurée que lui et qui se donne du piment dans sa vie sans saveur en s’acoquinant de la vedette du moment ?
Le Joker ne sait plus à qui se vouer, lui qui avoue même avoir étouffé sa mère. Son avocate est-elle une alliée, ou fait-elle partie de cette terrible mascarade que la société a érigé contre lui ?
Qui est-il, entre celui qui doit répondre aux attentes de cette société qui ne lui accorde aucun rôle et celui qui a pris son destin et son flingue en main ?
Le Pantin d’Arlequin ?
Le Joker n’est-il que le pantin de son ombre ?
Harley n’est-elle que la projection de l’ombre d’Arthur ?
La marteau du maillet vient chercher la marionnette en joujou du moment. Elle le saccagera pour mieux lui dire que c’est trop tard, qu’elle est déjà passée à autre chose, dans cet escalier de la vie qui est plus ou moins pénible à gravir, en fonction des différentes chansons que l’on se met en tête ?
Et quand Arthur semble enfin prendre le contrôle sur sa vie en assumant les conséquences de ses actes, le destin reprend bien vite la main. La fête est finie.
Mais on le sait bien : le Joker, c’est lui, c’est l’autre, c’est moi, c’est toi : ça peut être n’importe qui…
Quand on s’invente un masque, le jour où on le retire, ça fait mal. A moins que ça ne soit l’inverse : c’est peut-être en Arthur que le Joker n’est plus lui-même…
Le Joker, c’est les autres, c’est eux qui l’ont créé.
Mais alors, l’Enfer, c’est qui ?
C’est elle, la belle Harley qui le pousse à l’être, pour son plaisir à elle. Il doit nourrir ses études en psychologie. Beau cas d’étude pour cette égocentrée qui cherche juste à s’amuser, plaisir narcissique dénoué d’empathie. Peu importe les conséquences chez son clown de victime : Harley Quinn est un vampire.
Ou alors, c’est lui qui s’invente tout ça, la Queen est une réalité fantasmée, comme toutes ces chansons qui tournent dans sa tête. Il est son propre bourreau, rattrapé par cette folie à deux entre son ombre et lui et qui fait de sa vie une tragédie musicale.