Année : 1957
Pays : Japon
Casting : Toshiro Mifune, Isuzu Yamada, Minoru Chiaki
Nous vous parlions dans la critique de « La forteresse cachée » de l’influence de Kurosawa parmi de nombreux réalisateurs actuels. Néanmoins, le célèbre metteur en scène japonais a aussi été inspiré par de nombreux artistes, comme le prouve ce « Château de l’araignée », relecture du « Macbeth » de William Shakespeare.
De retour d’une bataille, Wachizu et Miki rencontrent un esprit qui leur annonce que le premier dirigera le Château de l’araignée, fief légendaire, mais que ce sera le fils du second qui lui succèdera. Manipulé par son épouse, Wachizu va tout mettre en œuvre pour que tout cela ne se réalise que pour lui…
Kurosawa ne fait pas un simple copier-coller d’ « Hamlet » : il transpose l’intrigue dans son japon médiéval tout en faisant quelques ajouts qui nourrissent son récit. De quoi permettre au réalisateur de se réapproprier pleinement un matériel artistique légendaire (il suffit de voir les nombreuses adaptations cinématographiques qui en ont été faites) et le faire pleinement sien, par le biais d’une mise en scène évidemment de haut vol. Ainsi, les apparitions fantomatiques d’un personnage se voient effectuées en deux longs plans où sa « disparition » souligne la folie dans laquelle s’embourbe Wachizu. Cet esprit, ainsi que celui vu plus tôt, ne font que souligner l’absurdité des hommes, cherchant tellement à conquérir et remplir leurs aspirations qu’ils ne font que précipiter plus rapidement leur chute.
Toshiro Mifune livre bien évidemment une nouvelle fois une interprétation exceptionnelle en Wachizu. Néanmoins, il se fait voler la vedette par sa compagne à l’écran, Isuzu Yamada. Elle est sans aucun doute l’une des meilleures incarnations de Lady Macbeth, avec ses expressions limitées au maximum. Chacun de ses gestes, chaque mouvement de son visage semble calculé et factice, de manière à faire avancer ses ambitions. Ainsi, quand elle aussi se voit affectée par les actes qu’elle a commis, cela se ressent de manière forte par les spectateurs. Ainsi, la réalisation de la prophétie par nos protagonistes les marque mentalement, les faisant dégringoler dans la déchéance psychique.
On retrouve en supplément sur le dvd un court documentaire de 26 minutes sur le théâtre Nô et le cinéma ainsi que la bande annonce. Impossible de passer aussi sur le livret de 60 pages rédigé par Linda Tahir, bible d’informations se dévorant (trop?) rapidement et qui souligne l’importance de ce « Château de l’araignée » dans la filmographie de Kurosawa. Il faut également souligner que le film n’est disponible qu’en japonais sous-titré français, en espérant que cela ne rebute pas les curieux. Il est en effet impossible d’imaginer voir ce film de manière doublée, tant cela irait à l’encontre de la réappropriation de Kurosawa de Macbeth dans une mythologie japonaise.
Bref, cette nouvelle édition livret-blu ray-dvd est plus que recommandable, surtout au vu du film présenté. «Le Château de l’araignée » est ainsi une nouvelle preuve de l’importance de Kurosawa dans l’histoire du cinéma.