Date de sortie : 1947 (1h20)
Réalisateur : Robert Stevenson
Casting : Hedy Lamarr, Dennis O’Keefe, John Loder, …
Genre : Drame, Thriller
Nationalité : États-Unis

Synopsis: Directrice de presse, Madeleine Damien fait une tentative de suicide. Le docteur Caleb la prend en charge et la convainc de changer de vie. Elle emménage alors à Greenwich Village et se met à la peinture. Elle rencontre David, un scientifique, qui va lui redonner peu à peu goût à la vie. Un soir, elle retrouve Félix, un ancien amant.

Critique : L’éditeur Artus a gagné son excellente réputation par la diffusion de films anciens souvent oubliés de la part du grand public et remis en lumière par un travail d’édition qualitatif. C’est encore le cas avec cette « Femme déshonorée », film réalisé par Robert Stevenson (plus connu par les fans de Disney pour « Mary Poppins » ou encore « L’apprentie sorcière »). La première chose qui frappe durant la découverte du film est son ancrage encore contemporain par le biais de doubles standards de genres. Ainsi, la réputation de Madeleine est vue comme néfaste car elle a une vie romantique chargée, ne correspondant donc pas à des normes imposées sur le corps de la femme. Il se crée une forme de malaise par ce biais encore trop moderne, notamment dans la façon dont le film tournera autour du jugement permanent de l’héroïne. Ce regard inquisiteur se définira de manière plus physique dans un dernier tiers plutôt passionnant dans son basculement total vers le thriller.

Robert Stevenson arrive à façonner un certain corps à cette charge discrète mais existante et joue d’une mise en scène plus que correcte, par exemple par l’usage de certains zooms. Il est aidé par la grâce d’une Hedi Lamarr captant avec une fausse froideur ce portrait de femme utilisée et malmenée, dans une prestation qui se révèle sans aucun doute comme l’aspect le plus réussi du long-métrage. L’actrice porte sur ses épaules l’intégralité du long-métrage, au point qu’on ne voit plus qu’elle dans chaque plan où elle se trouve, ironiquement à l’inverse de ses confrères masculins qui participent au mal-être émotionnel de Madeleine. Il en sort un léger classicisme dans la résolution du film mais rien qui n’atteigne l’intégrité de celui-ci.

Si l’on peut reprocher à la copie DVD des scènes nocturnes un peu trop sombres, la qualité de l’exemplaire fourni par Artus n’est pas à remettre en question, faisant ressortir de belle manière le cadre noir et blanc d’une œuvre des plus intéressantes. « La femme déshonorée » s’avère ainsi bien mené tout du long et parvient à ancrer définitivement le visage d’Hedi Lamarr dans un rôle conservant toute la modernité de son propos.


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