Pays : Japon
Année : 1969
Casting : Pîtâ, Osamu Ogasawara, Yoshio Tsuchiya, …
Genre : Drame

Carlotta offre un écrin de qualité au premier film de Toshio Matsumoto.

Tokyo, fin des années 1960. Eddie, jeune drag-queen, est la favorite de Gonda, propriétaire du bar Genet où elle travaille. Cette relation provoque la jalousie de la maîtresse de Gonda, Leda, drag-queen plus âgée et matrone du bar. Eddie et Gonda se demandent alors comment se débarrasser de cette dernière…

Dire que le premier long-métrage de Toshio Matsumoto est expérimental aurait de quoi faire glousser ses plus grands fans. Il y a dans le film quelque chose d’hybride qui amène à la fascination, comme si le portrait de marginaux que dresse son réalisateur avait besoin de partir dans plusieurs orientations pour mieux exploser aux yeux de son public. On retrouve ainsi un jeu permanent sur le montage, aussi bien sonore que visuel, provoquant une perte de repères au final des plus grisantes.

Mais si le film est passionnant d’un point de vue artistique, il l’est également d’un point de vue sociétal. Il traite ainsi d’une forme de tabou derrière l’aspect conservateur du Japon d’époque. L’origine documentaire du réalisateur se reconnaît par quelques séquences qui ne font que souligner cet état des lieux d’un pays tiraillé par ses doutes et une forme d’interdit pourtant bien ancré dans celui-ci. La frustration de ne pas pouvoir totalement s’établir comme soi nourrit l’ambiance du film et nous place encore plus dans une position d’incertitude sur notre rapport au métrage. Cette épaisseur de fond enrichit encore plus la forme hypnotisante qu’adopte Matsumoto.

Techniquement, il n’y a rien à redire, comme toujours chez Carlotta. La restauration 4K du film appuie l’aspect explosif d’un point de vue sensoriel de celui-ci. Concernant les suppléments, outre une préface du réalisateur Bertrand Mandico (« Les garçons sauvages »), on peut trouver sur le disque « Eddie roi », décryptage de 26 minutes du long-métrage ainsi qu’une bande-annonce originale de celui-ci et une autre pour sa ressortie.

« Les funérailles des roses » est donc le genre d’œuvre qui déconcerte, détruisant toute forme de construction habituelle ou toute autre attendue pour verser vers une forme de transe d’une heure quarante-huit, semblable à un voyage vers l’inconnu qui ne peut qu’amener à une forme d’enivrement cinématographique. La question n’est donc pas de savoir si ce film est de qualité (oui, et des personnes bien plus expertes que moi vous le diront) mais si vous êtes prêts à prendre ce chemin vers l’inconnu que propose Matsumoto…


Article précédentMaléfique, de Robert Stromberg
Article suivantLes sorties cinéma du 16 octobre
Liam Debruel
Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

Laisser un commentaire