Année : 1960
Pays : Japon
Casting : Toshiro Mifune, Masayuki Moro, Kyoko Kagawa
On vous avait parlé récemment du « Château de l’araignée » et de sa relecture japonaise de Macbeth. Nous restons une nouvelle fois sur une réappropriation culturelle de William Shakespeare par Akira Kurosawa avec « Les salauds dorment en paix ».
Alors qu’il marie sa fille avec son secrétaire, le président d’une grande compagnie découvre, à la suite de plusieurs incidents, qu’une personne cherche à dévoiler ses secrets assez honteux…
Encore une fois, Akira Kurosawa se réapproprie un récit de William Shakespeare. Mais cette fois-ci, il se permet, en plus de l’intégrer à son pays natal, de l’actualiser afin de correspondre à une situation économique actuelle. En effet, la vengeance du fils pour son père décédé est envers une société corrompue et profitant de son influence pour accomplir ce qui lui plait. On se retrouve une nouvelle fois face à un drame humain, qui souligne tout autant l’aspect intemporel des écrits du dramaturge anglais mais également la réussite de réappropriation du légendaire réalisateur nippon qui fait siens ses écrits historiques.
Commençant par une scène de banquet qui inspirera Coppola, Kurosawa dépeint sans fard un monde où sévissent des « salauds » mais montre que ceux-ci sont tout aussi faillibles que chaque être humain, telle une clarté dans un ciel obscur. Naissant de la volonté du réalisateur de ne pas enfermer le cinéma de son pays dans des récits d’époque en costumes, suite au succès notamment de ses « Sept samouraïs », « Les salauds dorment en paix » conserve, presque soixante ans après sa sortie, une forme d’aspect actuel au vu des affaires économiques nourrissant l’actualité.
Il faut évidemment mettre en avant la mise en scène de Kurosawa, jouant sur ses lumières afin de dévoiler la nature de ses personnages et finalement mettre de manière équitable chaque homme à sa place. En effet, aucun être n’est entièrement lumineux, surtout s’il s’accomplit une cause « juste » par esprit de vengeance. Impossible également le jeu intériorisé de Toshiro Mifune, appuyant une nouvelle fois son rôle d’acteur légendaire du septième art.
Ce qui reste toujours le plus intéressant dans ces éditions, c’est bien évidemment le livret accompagnant les disques du film (disposant d’une image et d’un son exemplaires). En effet, il se dévore toujours aussi rapidement et fourmille une nouvelle fois d’informations en tous genres qui devraient passionner ses lecteurs.
Difficile une nouvelle fois de ne pas conseiller l’acquisition de cet exemplaire de ce film. En effet, « Les salauds dorment en paix » est une autre franche réussite du grand Akira Kurosawa, dont chaque film constitue une leçon de cinéma à part entière, ainsi que la preuve que, si les salauds dorment en paix, il n’est pas impossible de les réveiller, à condition d’être prêt à se salir les mains…