Année : 1963
Pays : Japon
Casting : Toshiro Mifune, Tatsuya Nakadai, Takashi Shimura

Nous parlions de la réappropriation d’ « Hamlet » par Kurosawa dans un Japon moderne et une situation économique toujours aussi actuelle. Restons sur ce dernier aspect avec « Entre le ciel et l’enfer », autre film du légendaire réalisateur nippon.

Les questions morales surpassent toujours nos volontés simples. C’est ce qui ressort du film de Kurosawa. En effet, le choix auquel fait face le personnage incarné par Toshiru Mifune est relatif à la moralité même : comment ne pas accepter de sauver l’enfant d’un autre, surtout quand c’était le sien qui était destiné à ce sort ? Et pourtant, on sent l’hésitation franche du héros, non pas par lâcheté ou cupidité mais pour des raisons sociales. En effet, l’argent de la rançon est destiné au rachat de son entreprise, un rachat qu’il planifie depuis des années afin de définitivement s’élever socialement.

Cet aspect social, inhérent à toute société, se voit remis à niveau par la confrontation avec son chauffeur, père éploré victime malgré lui de la disparition de son fils. En quoi un homme ne mérite pas les mêmes opportunités qu’un autre, uniquement parce qu’il dispose d’une classe sociale différente ? C’est face à cette évidence même que se retrouve Gondo , jadis simple employé qui, en grimpant les échelons, a oublié ses origines. De quoi rappeler à de nombreux industriels qui se vantent de s’être construits eux-mêmes qu’ils ne valent rien de moins mais surtout rien de plus qu’aucun autre être humain, pas même ceux qu’ils emploient.

Pères, riches, pauvres, criminels ,victimes, … Les frontières deviennent de plus en plus floues et se mélangent au fur et à mesure d’une intrigue nourrie que Kurosawa représente par instants tel un théâtre moral où se mêlent dans des conflits le questionnement de l’investissement humain ou social, alors que les deux sont bien évidemment liés l’un à l’autre de manière inséparable.

Concernant le coffret, il n’y a toujours rien à redire. Entre un son et une image toujours de grande qualité et un livret toujours aussi fourni d’analyses et d’informations enrichissantes, c’est un immanquable dans la bibliothèque de DVD de tout cinéphile qui se respecte, sans même prendre en compte la qualité du film même.

En effet, dans une société où peu de privilégiés se retrouvent en face de leurs responsabilités (comme l’appartement dans lequel Gondo doit affronter le dilemme qui se présente à lui), « Entre le ciel et l’enfer » est le rappel que l’être humain est décidément des plus complexes, une complexité qu’Akira Kurosawa a su une nouvelle fois mettre en avant dans un récit passionnant toujours aussi actuel. La preuve que tout chef d’œuvre est destiné à traverser le temps sans prendre une ride, tout comme chaque facette de l’Homme, tout simplement…


Article précédentLes salauds dorment en paix d’Akira Kurosawa
Article suivantL’interview qui tue
Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici