Réalisé par Masahiro Shinoda 

Sorti en 1971

Avec : David Lampson, Don Kenny, Tetsuro Tamba,…

Genre : Drame historique

 

 

 

L’avis de Nicolas :

 

Avant l’immense film de Scorsese il y a eu une superbe adaptation japonaise du Silence de Shūsaku Endō. Cette première adaptation est réalisée par Masahiro Shinoda et sortie en 1971.

 

XVIIème siècle, deux missionnaires portugais tentent de retrouver le père Ferreira qui était envoyé en mission au Japon. Ils découvrent alors les persécutions que subissent les japonais chrétiens de la part du gouvernement japonais qui rejette de manière catégorique leur religion.

 

 

Silence est une version radicalement différente de celle de Scorsese puisque celle-ci travaille un point de vue largement différent.

 

Il ne s’agit pas ici d’un point de vue qui aurait un caractère idéologique mais d’une question de placement de la caméra. Les deux films dénoncent bien évidemment les violences exercées envers les chrétiens Japonais mais ils n’ont pas du tout la même approche.

 

 

Scorsese a produit une œuvre contemplative et violente, ce que fait également le film de Shinoda. Cependant, Shinoda change le point de vue en choisissant de construire un film avec une caméra omnisciente et impartiale.

 

La caméra ne juge pas, elle reste statique, contemplative. La contemplation est d’ailleurs encore plus forte que dans la version de Scorsese. Le film paraît donc encore plus violent et sombre car tout ce qui y est filmé semble très proche du réel.

 

La mise en scène de Shinoda est d’une grande pudeur qui arrive toujours à traiter de son sujet avec une grande intelligence. L’approche de Scorsese n’est dénuée d’intérêt et elle est même percutante et fascinante car elle relève de son propre style mais celle de Shinoda semble encore plus sensorielle est forte car elle est documentaire.

 

 

Le réel est filmé d’une façon à créer un point de vue universel. Le regard est dénué de jugement et permet donc une implication émotionnelle qui serait totale tant ce qui se déroule à l’écran est fort.

 

Il est donc nécessaire de découvrir le Silence de Masahiro Shinoda qui est ressortie dans une très belle version offerte par Carlotta le 24 mars 2021. Le film est disponible en Blu-ray et DVD accompagné d’une préface de Pascal-Alex-Vincent.

 

Laissez-vous porter par la poésie morbide de Silence pour découvrir une œuvre qui suscite l’indignation et la fascination !

 

 

 

L’avis de Liam : 

 

Carlotta nous propose de découvrir un classique du cinéma japonais.

 

Au XVIIe siècle, deux prêtres jésuites portugais débarquent sur les côtes japonaises. Leur but est d’aider à réimplanter le christianisme dans ce pays où la religion catholique est interdite et ses fidèles persécutés. En parallèle, les deux missionnaires vont également tenter de découvrir la vérité sur leur mentor, le père Ferreira, mystérieusement disparu après sa capture par les autorités cinq ans plus tôt…

 

 

Le résumé et le titre ont dû vous mettre la puce à l’oreille mais le film de Masahiro Shinoda a grandement inspiré le film de Martin Scorsese sorti fin 2016. En découvrant le film original, on comprend d’ailleurs ce qui a pu pousser le réalisateur de « Casino » et « Hugo Cabret » à remaker ce film tant il chérit certaines de ses thématiques avec une même passion, bien que le film japonais n’ait pas réellement vieilli sur ses interrogations.

 

Le rapport à la foi qui nourrit le long-métrage est toujours aussi intense, permettant une captation des violences religieuses par le biais de deux personnages littéralement isolés de tout. La forme de persécution subie et la profanation imposée des symboles de croyance en appellent à l’histoire de la chrétienté et ses origines romaines sanglantes. Le sentiment doloriste qui s’en dégage y trouve une intensité que cherchera en permanence à appuyer Masahiro Shinoda par sa mise en scène, imposant une passivité au spectateur semblable à celle de ses protagonistes principaux.

 

 

Les doutes qui y transparaissent permettent alors de partager un certain humanisme par la nature incertaine de nos convictions, tout en raccrochant à une forme de matérialité qui peut en réalité s’avérer superflue. Tout ce qu’invoque le réalisateur va dans un sens inconnu qui oppose l’être humain à sa foi, ses limites mais également ce qui nourrit le plus intime en nous. La violence des représentations s’avère profonde, plongeant son public dans un inconfort que la composition de certains plans ne saurait atténuer.

 

 

Long-métrage douloureux aux questions lourdes sur le rapport à nos convictions, « Silence » se révèle à la hauteur de sa réputation. En permanence dans l’opposition, le film de Masahiro Shinoda trouve en cette édition une belle occasion de continuer à se partager parmi les personnes en quête d’œuvres intenses et peu faciles à appréhender.

 


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