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Marcel Duchamp

Marcel Duchamp
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Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

Poesia sin fin, voyage sur la planète Jodorowsky

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Qui est Alejandro Jodorowsky ? Un scénariste de bande-dessinées, à qui l’on doit notamment le très reconnu « L’Incal », œuvre qui a largement inspiré le Cinquième élément. Un réalisateur (la Montagne sacrée, le Voleur d’Arc en ciel) tellement génial qu’il a voulu s’attaquer à l’adaptation de Dune dans des proportions gigantesques : embaucher Mike Jagger, Salvador Dali et Orson Wells comme acteurs, les Pink Floyd pour composer la BO, Dan O’Bannon (Alien, entre autres) pour les effets spéciaux… Un projet fou à découvrir dans le très bon documentaire Jodorowsky’s Dune sorti récemment. Mais Jodo, c’est aussi un acteur, un poète, un écrivain, un mime, etc… Bref, un artiste complet, touche-à-tout, ce genre de personne qui vit à fond, dans un univers singulier qu’il aime nous faire découvrir au moyen d’un déluge de trouvailles (et qui est souvent cité en modèle par Nicolas Winding Refn, le réalisateur de Drive).

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Poesia sin fin est donc un biopic de et sur (et avec !) Jodo, qui commence à ses vingt ans (pour faire suite à La Danza de la Realidad). Dans son Chili natal, notre héros quitte avec heurt le foyer pour accomplir son rêve : devenir poète. L’occasion de nous immerger dans sa vie de bohème, là où il rencontrera bon nombre de futurs grands auteurs de la culture sud amérindienne. Un Jodo jeune interprété par… son propre fils !

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Evidemment, le film est l’occasion de nous plonger dans ce monde à part. Chaque nouvelle séquence nous propose son lot d’idées originales et poétiques. C’est un nazi monté sur échasses scrutant des badauds sans visage, c’est la mère de Jodo qui chante quand elle parle, ce sont des figurines de papiers pour faire les figurants, c’est une scène d’amour avec une naine en période de menstruations, etc, etc. On peut avoir l’impression de parfois tomber dans l’absurde (comme dans les pièces succulentes de Jodo dans son livre « Le théâtre sans fin »), mais la portée évocatrice agit avec force.

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Dans notre quotidien balisé et aseptisé, dans cette industrie du cinéma où tous les films se ressemblent pour rassembler le plus de spectateurs possible, Poesia sin fin ne trouvera son public qu’auprès de ses fans surréalistes (et par les curieux), et c’est bien dommage ! « Le cerveau, c’est notre cœur ! » nous dit Jodo. Laissez-vous tenter, oser découvrir un autre regard !

 

Mr Nobody, l’histoire de toutes ses vies

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Film sorti en 2010 et réalisé par Jaco Van Dormael (durée : 2h21)

Avec Jared Leto, Sarah Polley, Diane Kruger

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Touché récemment par « Le tout nouveau testament » et plus anciennement par le « 8ème jour », je me suis penché sur la filmographie de Jaco Van Dormael. Ce titre « Mr Nobody » a retenu mon attention avec la présence du toujours très bon Jared Leto (quand il n’est pas coupé au montage des blockbusters !) et des critiques très partagées, signe généralement que le film délivre une vraie proposition.

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Le pitch repose sur un concept à la « Pile ou face » en explorant toutes les vies qu’aurait pu vivre Mr Nobody, en fonction de ses différents choix et des différents hasards de la Dame Fortune. Ses parents divorcent dans son enfance, il est sur le quai de la gare pour assister au départ de sa mère. Montera-t-il avec elle ou restera-t-il avec son père ? Deux choix possibles qui peuvent entrainer une multitude de nouvelles histoires.

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Toutes ces histoires qui s’imbriquent en parfait désordre chronologique permettent de parcourir des problématiques sur la vie en général, les destinées, l’amour, l’amitié, le déterminisme… L’œuvre de 2h21 est d’autant plus ambitieuse qu’elle jouit d’une jolie qualité cinématographique : plans savamment construits, cadrages intelligents et certaines séquences dégageant une poésie envoûtante. On retrouve parfois le charme de « The Eternal Sunshine of the spotless mind ».

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Ce film ne plaira pas à tout le monde car il peut dérouter, s’écartant des schémas de narration classique et abordant des questions pouvant rebuter les moins métaphysiques d’entre vous. De mon côté, j’ai adoré les premières 90 minutes, avant de m’ennuyer un peu dans la partie « toutes les femmes de ma vie »… mais j’ai adoré la fin ! Pour les cinéphiles qui aiment être surpris et qui aiment découvrir des films qui sortent de l’ordinaire.

 

Kubo, le nouveau travail de titan des studios Laïka

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Film d’animation sorti le 21 septembre et réalisé par Travis Knight

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Un nouveau travail titanesque venant des Studio Laïka (Coraline, Boxtrolls) pour ce film réalisé en stop motion dans des proportions gargantuesques ! Le casting des voix est – comme c’est devenu l’habitude – prestigieux avec Charlize Theron, Ralph Fiennes, Rooney Mara, Matthew Conaughey… Alors que les cinémas proposent encore les mastodontes de l’été en termes d’animés (Le Monde de Dory, l’Age de Glace 5, Comme des bêtes), que vaut « Kubo et les deux cordes » (un titre original plus… original que sa version française !) ?

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Kubo est un petit garçon qui a perdu son père et dont la mère possède une sorte d’Alzheimer. Devenu borgne, il gagne sa vie en racontant des histoires qu’il agrémente de jolies mélodies avec son shamisen, un instrument de musique magique. Mais un jour, il invoque par mégarde un démon du passé, ce qui va l’entrainer dans une grande aventure où il sera aidé par la mère singe et l’homme-scarabée.

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Tout d’abord, ce qui frappe, c’est l’esthétisme. On plonge d’emblée dans cet univers magique situé dans le Japon ancestral, où les personnages en origami prennent vie et où l’on invoque des esprits de la nature au détour d’un torii. Les expressions de visage sont très soignées et on y imagine bien le nombre d’heures et de préparation matérielle que ce film représente. Action et émotion s’entremêlent avec de jolies musiques : on ne s’ennuie pas le moins du monde dans ces paysages nous immergeant dans les meilleures toiles d’Hokusaï !

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L’épopée est aussi efficace que classique, avec un héros qui doit retrouver les trois parties de l’armure magique qui lui permettra d’affronter le super méchant avec en plus l’opportunité d’en apprendre davantage sur sa famille. Ça fonctionne plutôt bien, mais même si la dimension spirituelle de ces questions de filiation s’avère intéressante, l’intrigue et les personnages restent très manichéens. Le personnage du grand-père aurait pu, par exemple, être plus ambigu et plus approfondi. Dans la même lignée, les dialogues m’ont un peu laissé sur ma faim avec un degré d’interprétation se limitant fort au niveau du dessin animé pour enfants.

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En conclusion, Kubo et l’armure magique est un film d’animation magnifique illustrant à merveille le Japon ancestral. Les aventures fantasmagoriques des personnages principaux restent agréables à suivre, même si la profondeur des enjeux restent en dessous d’un Zootopie ou d’un Vice Versa. Il convient d’ajouter que les plus jeunes pourraient avoir peur avec des situations assez rudes sur le deuil et des méchants parfois effrayants (à l’image des sœurs sorcières).

https://www.youtube.com/watch?v=Ywx3QWVDhkU

Cézanne et moi, une multitude de petites touches d’émotions

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Biopic français sorti le 21 septembre 2016 (1h54) et réalisé par Danièle Thompson

Avec Guillaume Gallienne, Guillaume Canet, Alice Pol.

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Affiche alléchante pour ce biopic, un genre pas si courant dans le paysage du cinéma français, porté par un duo de Guillaume renommés et talentueux : Galienne (Guillaume et les garçons à table, Yves Saint-Laurent, Eperdument) et Canet (Ne le dis à personne, La prochaine fois je viserai le cœur, Jappeloup).

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Au travers de leur amitié datant du temps de l’enfance, nous allons suivre la vie de Paul Cézanne et d’Emile Zola au moyen de va-et-vient entre les différents moments de leur relation. L’occasion de vivre le quotidien de ce peintre longtemps incompris au caractère volcanique, pendant que son ami écrivain gravissait doucement mais sûrement les marches de la reconnaissance.

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Ce film a tous les ingrédients du parfait biopic. Tout d’abord, il est fidèle à la réalité et nous propose une vision vraiment complète sur cet artiste aussi génial que détesté. Plein de petits détails viennent enrichir cette histoire où l’on croise Edouard Manet, Berthe Morisot et le Père Tanguy : de quoi ravir les amoureux de l’impressionnisme ! Par ailleurs, Danièle Thompson – fille de Gérard Oury à qui l’on doit « La Grande Vadrouille » – choisit un vrai angle de vue : sa relation avec Emile Zola, avec qui le contraste est saisissant. Le feu d’un côté, la terre de l’autre : un clair-obscur qui nous permet d’encore mieux cerner la personnalité agitée de Cézanne. En outre, les deux acteurs principaux rentrent totalement dans ces rôles de composition. Guillaume Gallienne est possédé et touchant, parvenant à nous faire croire qu’il est le peintre lui-même. Guillaume Canet n’est pas en reste avec un jeu beaucoup plus en retenue, mais tout aussi convaincant. L’évolution de leur amitié nous emporte littéralement dans un tourbillon d’émotions.

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Ajoutons à ce tableau déjà rayonnant le travail de photographie de Jean-Marie Dreujou, qui vient apporter la touche esthétique indispensable vu le sujet. Vous l’aurez compris, ce film ne mérite pas de finir au « Salon des Refusés » !

 

 

 

 

 

Frantz, osez le dernier Ozon !

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Drame français réalisé par François Ozon sorti le 7 septembre 2016 (1h54), avec Pierre Niney et Paula Beer.

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François Ozon aime sublimer la femme. Ainsi, elle dérangeait en prostituée dans « Jeune et Jolie » (2013), elle était réincarnée dans « Une nouvelle amie » (2014), elle était au centre d’un jeu pervers entre un élève et son professeur dans « Dans la maison » (2012), elle dépassait sa condition dans « Potiches » (2010), elle fascinait dans Swimming Pool (2003) et elles étaient au cœur d’un meurtre en huis-clos dans « 8 femmes » (2002). Quand ce cinéaste feu-follet croise la route du jeune et talentueux Pierre Niney (fort remarqué dans Yves Saint-Laurent, puis dans Un homme remarquable, Five et bientôt dans l’Odyssée), on se dit que le mélange sent bon le délicieux cocktail.

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Nous sommes en 1919 en Allemagne. Anna se rend tous les jours sur la tombe de Frantz, son amoureux mort durant la guerre. Elle finit par rencontrer un français – Adrien Rivoire – qui pleure également sur la tombe du soldat allemand, son vieil ami. La relation va se nouer entre celui qui est du côté des vainqueurs et la famille de la jeune allemande et réservera aux spectateurs quelques surprises.

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Nous sommes ici face à un film à 95% en noir et blanc. Si à la base, ce choix est dicté par l’aspect financier, le résultat esthétique n’en est que plus réussi. La lumière (et les zones d’ombre !) donne un beau cachet au film (on peut même penser par moment à The Artist). Les acteurs rendent les dialogues (en aAllemand !) forts et profonds. La véritable révélation du film reste incontestablement Paula Beer, très juste, que certains vont même jusqu’à comparer à Romy Schneider ! Le scénario tient la route, avec une vraie dimension psychologique pour cette version revisitée de Broken Lullaby, réalisé par Ernst Lubitsch en 1932.

Si on peut lui reprocher un manque d’émotion (ça peut aussi être vu comme une qualité de ne pas sombrer dans le pathos), voire un manque d’action pour les spectateurs ayant besoin de leur dose d’adrénaline hollywodienne, ce film ravira les amateurs du 7ème art.

Un petit boulot qui aurait pu être nettement plus grand !

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Comédie noire française (1h37) sortie le 31 août 2016

Réalisée par Pascal Chaumeil

Avec Romain Duris, Michel Blanc, Alice Belaïdi, Gustave Kervern

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A première vue, ce film possède pas mal d’arguments prometteurs. Le réalisateur – Pascaul Chaumeil – qui nous avait gratifié du fort sympathique « L’arnacoeur ». Un acteur principal – Romain Duris – plutôt bankable dans le cinéma français (l’Auberge espagnole, Une nouvelle amie, L’homme qui voulait vivre sa vie, etc). L’écriture de Michel Blanc, capable de punchlines d’humour noir qui font souvent mouche. Un pitch qui peut nous faire penser au Fargo des frères Cohen avec la touche comédie sociale à la Ken Loach. Bref, la bûche, le petit bois et l’allume-feu n’attendaient qu’à s’embraser.

copyright Nicolas Schul

L’histoire met en scène des personnages hauts en couleurs dans des situations cocasses et décalées. Jacques (Romain Duris) a perdu son emploi, sa femme est partie : il sombre dans la dépression. Mais Gardot (Michel Blanc), le mafieux du coin lui propose de tuer sa femme contre une bonne somme d’argent alors que Tom (Gustave Kervern) lui offre un emploi dans sa station-service. Et quand Brecht (Alex Lutz), leur supérieur, inspecte leurs errements au boulot, la situation bascule définitivement du côté obscur de la force, surtout qu’Anita (Alice Belaïdi) – travaillant dans la police – vient s’ajouter à l’équation. Dans ce monde sans espoir, on est prêt à tout pour vivre un quotidien décent !

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Ce film avait tout pour nous enflammer, mais de bout en bout, il nous a laissés sur notre faim.  Il manque toujours cette petite étincelle qui aurait pu faire le basculer du côté des vraies bonnes surprises de l’année. On a l’impression que rien ne va vraiment jusqu’au bout. Les différents temps du récit ne sont pas exploités, même la fin reste anecdotique. On ne peut pas dire que l’on ait passé un mauvais moment, mais ce film est à ranger dans le tiroir des « aussitôt vus, aussitôt oubliés ».

Hôtel Singapura, on y passerait bien la nuit !

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Drame singapourien (1h44) sorti le 24 août 2016 (interdit aux moins de 12 ans avec avertissement)

Réalisé par Eric Khoo, avec Josie Ho, George Young, Choi Woo-Shik

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Si le cinéma asiatique dispose de plus en plus de visibilité dans nos salles de cinéma, les œuvres singapouriennes ne sont pas si fréquentes que cela. Il faut bien avouer que la censure n’aide pas les rares réalisateurs à mener leurs projets à termes. C’est donc avec une certaine curiosité que nous pouvons nous rendre à « Hôtel Singapura ».

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A travers le personnage d’Imrah, nouvelle femme de ménage de cet hôtel, huit « sketchs » vont se succéder. Le film balaie l’histoire du pays à partir des années 40 jusqu’à un proche futur. Deux amants sont contraints de se quitter lorsque l’un des deux, anglais, retourne dans son pays. Imrah rencontre Damien, chanteur d’un groupe pop venu célébrer le succès de leur dernier disque. Une japonaise s’ébat avec son amant travesti juste avant que celui ne se fasse opérer. Deux jeunes touristes chinois censés être meilleurs amis se retrouvent dans des situations inconfortables.

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Toutes ces scènes possèdent des dénominateurs communs : la chambre 27 (d’où le titre original : « In the room ») et le sexe (d’où l’interdiction aux moins de 12 ans avec avertissement) qui définit ses personnages de façon intime. Surtout, le film est réalisé avec beaucoup de soin, ce qui sublime sa dimension sensuelle. La scène d’ouverture en noir et blanc (faisant suite à l’évènement historique : les troupes japonaises envahissant Singapour) pose d’emblée les bases d’un esthétisme de qualité. La deuxième, très colorée, nous plonge dans l’ambiance des comédies musicales. Les autres « sketchs » sont du même acabit, jusqu’à la dimension fantastique et futuriste pour les derniers moments du film. Les acteurs rendent le tout très réaliste et très sensible, l’actrice la plus connue étant Josie Ho – chanteuse très populaire en Chine – vue dans Contagion de Stevie Soderbegh.

Si le rythme parfois lent et la dimension poétique pourront rebuter les spectateurs de films popcorn, ce film ravira les amateurs de cinéma par son originalité et sa qualité cinématographique.

https://www.youtube.com/watch?v=umLpzNuEsHk

Nerve, the Game for the new generation

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Thriller américain d’Ariel Schilman et Henry Joost sorti le 24 août 2016 (durée : 1h37)

Avec Emma Roberts, Dave Franco, Emily Meade, Miles Heizer

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Témoin de notre époque où internet a instauré la société des réseaux sociaux, sur lesquels chacun se montre et observe les autres, où il faut sans cesse en faire plus pour peser davantage de likes, Nerve propose d’explorer ce terrain sous la forme d’un jeu pouvant très facilement dérailler. Vingt ans après « The Game » de David Fincher, Ariel Schilman et Henry Joost (Paranormal Activity 3 et 4) revisitent le thème en le rendant plus moderne.

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Le film met en scène Vee (Emma Roberts, qui du haut de ses 25 ans possède déjà un CV long comme un bras !), jeune fille à la base introvertie qui vit dans l’ombre de sa meilleure amie Sydney. Elle trouve en Nerve – jeu de défis filmés sur internet – l’occasion d’enfin se lâcher et de s’émanciper. Elle va former un duo prêt à prendre tous les risques avec Ian (Dave Franco, le fils de, déjà bien en vue dans Insaisissables et Nos pires voisins). Evidemment, la situation va bien vite dégénérer !

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Ce film possède toutes les qualités et les défauts du teen movie. Le rythme ne souffre d’aucune faille : on a le droit à de l’action, des montées d’adrénaline, de l’amour et de l’amitié, le tout servi avec dynamisme. Le propos est traité correctement, même si cela reste très manichéen. Les acteurs font le job, sans que leur performance ne soit marquante. On peut s’interroger sur la portée de certains défis en espérant que nos ados ne tentent pas de reproduire ces folies (s’allonger sur les rails et attendre que le train passe au dessus, se suspendre à 90 mètres du sol).

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Au final, les spectateurs (surtout les plus jeunes !) passeront un bon moment de divertissement et pourront être amenés à se poser quelques questions sur les pratiques actuelles, même si le film ne va pas forcément très loin dans la réflexion.

Inside (2012), thriller espagnol pour amateurs du genre

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Sortie le 4 juillet 2012

Thriller espagnol (1h36) réalisé par Andrés Baiz

Avec Quim Gutiérrez, Martina Garcia, José Luiz Garcia

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Pour ceux qui cherchent des films sympas plutôt méconnus, voici un thriller haletant qui – sans révolutionner le genre – fonctionne vraiment bien. Pour son deuxième film (le premier étant « Satanas », 2007), le réalisateur colombien Andrés Baiz met en scène avec technique et brio un scénario qui tient la route. Le genre de film qui se fait de plus en plus rare dans un Hollywood se sclérosant dans le monopole des méga-productions.

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Adrián, chef d’orchestre brillant, est en perdition après la disparition de sa femme. Fabiana, barmaid, le rencontre et l’osmose opère rapidement. Mais peu à peu, les zones d’ombres apparaissent. Le jeune homme – mystérieux – habite dans une vieille maison isolée, la police enquête sur un possible assassinat de sa femme et d’étranges événements vont venir perturber cette idylle naissante. Il n’est parfois pas simple de discerner la vérité de la paranoïa…

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Nous sommes déjà face à un bel objet cinématographique de la part d’un réalisateur oeuvrant depuis plus de quinze ans dans les clips, pubs et court-métrages. La caméra sait jouer avec le spectateur, en créant une subtile tension propice à se poser des questions sur ce qui se cache derrière les apparences. Les acteurs sont au diapason avec un Quim Gutiérrez (Adrián) très ambigu dans un registre d’homme perdu, mystérieux, calme mais peut-être un peu trop pour être honnête… Martina Garcia (Fabiana) a l’occasion de montrer différentes facettes de son jeu d’actrice. La dimension psychologique des personnages s’avère intéressante sur la durée, d’autant plus que le montage efficace nous garde en haleine avec des rebondissements bienvenus. Dernière grande qualité du film, primordiale pour un thriller : la musique, composée par Federico Jusid, auteur multi-récompensé.

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Au final, Inside est un film efficace qui séduira les amateurs de ce genre, dans un registre « Gone Girl » ou « White Bird ».

Dernier train pour Busan, foncez le voir !!!

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Sortie le 17 août 2016 – Durée : 1h58

Réalisé par Sang-Ho Yeon

Film d’action-fantastique sud-coréen avec Gong Yoo, Kim Soo-Ahn, Yu-mi Jeong

Faire un film de zombies intelligent, avec un propos, de l’action non numérisée avec une caméra qui sait filmer et des moments de grâce ? N’en jetez plus, après un été cinématographique bien fade, voici le meilleur film d’action de l’année ! Non, je ne m’emballe pas !

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C’est l’histoire d’un train qui part pour Busan. Mais quand une fille touchée par le virus zombie entre dans un wagon, tout change… Surtout quand on apprend que l’épidémie touche peu à peu tout le pays. J’en conviens, le pitch est un classique du film de zombies. On peut dire que l’on prend 28 jours plus tard (Dany Boyle) et Snowpiercer (Joon-ho Bong), que l’on remplace Brad Pitt par un acteur coréen que l’on ne connait ni d’Eve ni d’Adam, que l’on reprend les meilleures thématiques de la saison 12 de Walking Dead et que hop, le tour est joué ! Oui. Mais non !

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Sang-Ho Yeon a des choses à dire et sait comment le faire ! Tout d’abord, en dressant une galerie de personnages dont la psychologie va s’étayer petit à petit avec finesse. Un père pris dans le tourbillon de son travail avec les boursicoteurs et sa fille de six ans qu’il a tendance à négliger. Un couple où Madame est enceinte et où Monsieur a un tour de biceps comparable à son code d’honneur. Deux sœurs âgées qui ne partagent pas la même vision sur l’empathie. Un couple d’étudiants frais et amoureux, un illuminé lambda, un chauffeur dévoué, un stewart qui cède à la pression d’un groupe apeuré mené par un businessman beaucoup plus dangereux qu’une horde de zombies…

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Deuxième point, crucial pour un spectateur comme moi qui a de plus en plus de mal avec les scènes d’action ultra-numérisées de nos amis américains qui pensent que réaliser un film se résume à multiplier les plans de pyrotechnie informatisée à une vitesse rendant épileptique : doser les scènes d’action en les filmant avec grâce et technique. Fans d’attaques de zombies, ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas déçus… Même si ce film a été présenté à Cannes, il vous réserve de vraies montées de tensions. Leurs chorégraphies – des centaines et des centaines de figurants assoiffés de sang ! – sont soignées, avec en point d’orgue une dernière attaque cinématographiquement magique…

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And the last, but not the least… la profondeur du film ! La filmo de ce réalisateur Sang-Ho Yeon est marquée par la dimension sociale et la critique de ce monde qui va trop vite, qui oublie ses valeurs pour ne penser qu’au profit. Non, la B.O. du film n’est pas « L’internationale » sud-coréenne, c’est bien plus subtil que ça ! En chacun de nous, il y a du bon, et du mauvais. Certaines situations nous poussent à faire des choix… Qui sont les zombies ? Comment être un humain ? Qui sont les agresseurs et qui sont les victimes ? Comment réagissons-nous lorsque nous sommes confrontés à nos peurs ? Des questions qui pèsent encore plus vu le contexte actuel…

Bref, il y a tant de scènes magiques dans ce film asiatique – avec un final ébouriffant – que ceux qui ne jurent que par les blockbusters américains laissent de côté leurs préjugés : FONCEZ voir ce film, en train s’il le faut !