Il fut un temps où le cinéma d’aventure était prisé au cinéma. Le meilleur exemple n’est autre que la saga Indiana Jones, trilogie splendide et divertissante qui a marqué plusieurs générations, avant de tenter un come back passablement raté avec le quatrième volet sorti en 2008. Il n’est donc pas étonnant que ce soit le créateur de cette saga, monsieur Steven Spielberg, qui ait tenté de réveiller un genre assez délaissé et ce par l’adaptation des aventures dessinées de Tintin sur grand écran. Bien que ce ne soit pas ses premières aventures dans un format cinématographique (« Tintin et le mystère de la toison d’or » en 1962 et »Tintin et les oranges bleues » en 1965 tournés en prises réelles et « Tintin et le lac aux requins » en animation en 1972, entre autres), cette transposition gagne en intérêt en sachant que ce sont deux grands fans et réalisateurs reconnus qui sont derrière cette aventure : Steven Spielberg donc mais aussi Peter Jackson, qui doit se charger normalement d’une éventuelle suite du célèbre reporter.
Le film qui nous intéresse ici reprend plusieurs bandes dessinées d’Hergé et raconte comment Tintin (incarné par Jamie Bell) part à la recherche du secret de la Licorne, un bateau du XVIIème siècle dont il a acquis une maquette qui attire bien des convoitises. Il devra faire face au professeur Sakharine (Daniel Craig) avec l’aide de son futur ami, le capitaine Archibald Haddock (Andy Serkis) afin de découvrir les mystères que recèle ce fameux paquebot…
Tourné en motion capture, « Le secret de la Licorne » essaie de transposer de manière « réaliste » les personnages dessinés naguère par Georges Remi. Ainsi, après un générique animé de plus bel effet, la première séquence est un hommage au fameux dessinateur et montre les intentions du réalisateur de « Rencontres du troisième type » : se réapproprier Tintin et ses compagnons de manière respectueuse (beaucoup de références aux diverses aventures dessinées sont faites, notamment dans le bureau du jeune reporter) tout en marquant de sa patte son film (on peut sentir de nombreuses réminiscences aux aventures d’un certain professeur d’archéologie…).
Il y a aussi une manière pour Spielberg de s’affranchir par cette technique de tournage des contraintes physiques, particulièrement dans un plan séquence de génie lors d’une poursuite à Bagghar, où s’accumulent personnages et « rebondissements » à un point atteignant le jamais vu et affectant légèrement un climax bien moins marquant. Ainsi, on sent le plaisir que prend le réalisateur avec sa mise en scène, notamment une scène alternant hallucination et réalité où le Capitaine Haddock révèle le passé de la Licorne tout en revivant les aventures de son ancêtre, un aïeul tellement réputé que les membres de sa famille ne sauront jamais atteindre le niveau et les pousseront tous au même désespoir,dont l’amour de l’alcool que porte le capitaine. Et même si l’on se pose question sur l’utilité et « l’humour » de la scène où Haddock « rote » dans un moteur d’avion pour le faire redémarrer, le travail d’écriture du trio magique Edgar »Hot Fuzz » Wright, Steven »Doctor Who » Moffat et Joe »Attack the block » Cornish arrive à rendre justice à l’oeuvre d’Hergé tout en permettant à un certain public de le découvrir (essentiellement pour une audience américaine ne connaissant que très peu la bande dessinée, ce qui expliquera l’échec dans ce pays, contrebalancé par un certain succès dans le reste du monde).
Au final, « Le secret de la Licorne » est respectueux de l’oeuvre originale,fournit un spectacle divertissant pour toute la famille et prouve une nouvelle fois que Steven Spielberg est et restera un réalisateur de renom. Bref, n’hésitez sous aucun prétexte,mille milliards de mille sabords!