Pays : États-Unis
Année : 2005
Casting : Jay Hernandez, Mike Fleiss, Derek Richardson

Eli Roth a une image assez variée dans le milieu du cinéma de genre. Vu par beaucoup comme un opportuniste, il a pourtant apporté des propositions dans le domaine de l’horrifique avec un style touchant aussi bien au potache qu’au cruel. C’est exactement le cas de ce « Hostel », que nous abordons aujourd’hui.

Trois étudiants, deux américains et un islandais, font le tour de l’Europe en quête de sexe,de drogue et d’alcool. Ils décident alors de se rendre dans un petit village slovaque conseillé par un autre touriste rencontré à Amsterdam. Ils ne se doutent pas que cela les conduira en Enfer…

Vu comme un vulgaire torture porn par une majeure partie de ses spectateurs, « Hostel » apporte pourtant une réflexion sur plusieurs niveaux. Pour commencer, abordons l’ambivalence des personnages. En effet, il est compliqué de s’intéresser à des protagonistes décrits comme des petits cons. Ainsi, peut-on vraiment souffrir pour de jeunes américains arrivant de manière arrogante de par leurs origines ? Cela devient plus complexe lorsque l’on sait que les personnes derrière leurs tortures sont également des touristes en quête de divertissements peu appréciables socialement. Sauf que la débauche recherchée est bien évidemment moins légale car elle implique la souffrance et le décès de personnes.

On peut alors se questionner sur une certaine envie de divertissement barbare. La violence de certains se voit réfrénée sur d’autres au gré d’instruments de torture multiples, permettant à chacun de s’appliquer de la manière qu’il le désire. L’un d’entre eux déclarera avoir rêvé de devenir chirurgien avant de percer sa victime une dernière fois. Les actes commis deviennent ainsi un refuge des désirs brisés de certains, ainsi qu’un moyen de canaliser ses envies sanglantes en les répercutant sur d’autres citoyens qui sont assez déshumanisés pour pouvoir se dédouaner de la violence infligée et en même temps assez humanisés pour « profiter » des actes commis.

Il n’y a néanmoins pas que ces personnes qui cherchent à profiter de la violence infligée mais également le spectateur. En effet, si le film a attiré du public, c’est pour la violence qu’il est censé représenter. Et s’il y a de nombreux effets assez gores (l’œil), « Hostel » n’est pas l’œuvre la plus violente graphiquement dans le milieu du torture porn. Il interroge notamment son public sur son envie d’effets sanglants, n’hésitant pas à le frustrer en dissimulant certains de ses instants pour lui faire prendre conscience que lui aussi regorge d’une soif de violence qui ne peut être apparemment résorbée que par le biais de la mort (aussi factice soit-elle) de plusieurs personnes.

Il ne faut également pas oublier l’époque à laquelle est sortie le film. La vague des « Torture porn » est en effet arrivée avec les révélations des actes de torture commis à Guantanamo. Ces films sont donc le reflet d’une société qui applique la violence aussi bien dans le domaine de la politique que dans celle du divertissement (par le milieu du cinéma). Si la barbarie humaine a fait succès sur grand écran (et continue également sur le petit), c’est parce qu’on la retrouve dans notre quotidien, dans nos journaux et dans nos actualités sur les réseaux sociaux. La violence du film ne fait donc que rappeler la violence de notre vie.

Si son aspect potache du début pourra en rebuter certains, il est néanmoins incontestable qu’« Hostel » est un film qui mériterait plus d’honneur de la part de certains aptes à juger au premier regard sans gratter ce qui se trouve derrière une œuvre. Il y a donc derrière un aspect au premier abord lourd, un travail assez pertinent et fort sur la violence humaine, cachée derrière assez d’hémoglobine pour attirer le chaland en quête de spectacle sanglant…

 


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Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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