• Titre original : Buffalo ’66
  • Date de sortie en salles : 3 février 1999 avec Metropolitan Filmexport
  • Date de sortie en vidéo : 1er février 2000 avec Universal
  • Réalisation : Vincent Gallo
  • Distribution : Vincent Gallo, Christina Ricci, Ben Gazzara, Anjelica Huston, Rosanna Arquette, Mickey Rourke & Jan-Michael Vincent
  • Scénario : Vincent Gallo & Alison Bagnall
  • Photographie : Lance Acord
  • Musique : Vincent Gallo
  • Support : DVD Seven 7 zone 2 en 1,85 :1 /105 min
Synopsis :

Billy Brown sort de prison. Il semble perdu, seul. Il a froid. Il croise alors la route de Layla qu’il va forcer à l’aider à convaincre ses parents qu’il n’a aucun problème (en lui demandant de se faire passer pour sa femme). Mais il a un objectif précis dont ni elle, ni son meilleur ami Goon ne parviendront à le dissuader de poursuivre : se venger de l’homme à cause duquel il a dû accepter de se faire inculper.

Vincent Gallo est Billy Brown. Ses cheveux longs et gras, sa figure aux traits creusés, aux joues mal rasées, ses yeux bleu clair plongés dans une sombre mélancolie, son allure de pantin désarticulé sont à l’image de son cinéma : percutant, empli de fulgurances et d’authenticité, mais dissimulant une réelle tendresse. Il dépeint de façon poignante le quotidien morne d’individus en déliquescence permanente, dont les sentiments s’éteignent au rythme d’une vie terne.

Au travers d’une mise en scène jamais ostentatoire et pourtant diablement maîtrisée, de séquences qui s’enchaînent parfaitement, d’une recherche visuelle perpétuelle, les instants fugaces où surgit l’émotion brute succèdent aux dialogues répétitifs et nauséeux, dans des images au grain très prononcé et aux couleurs oscillant entre le gris et le vert.

Si Mickey Rourke fait plus figure de caméo qu’autre chose, on peut souligner la performance de Ben Gazzara en père qui n’a d’yeux que pour sa (fausse) belle-fille – en faveur de laquelle il nous fait un numéro de music-hall saisissant – incapable de s’adresser à Billy autrement que par des reproches acerbes. Anjelica Huston est une mère complètement à la masse qui ne parvient à se passionner que pour les matches des Buffalo Bills. La surprise du chef vient de l’apparition de Jan-Michael Vincent au physique encore plus détruit que le Rourke.

Et il y a Christina Ricci, dont le personnage ne cache pas son attirance étrange pour Billy. Trois ans après Casper, elle a gardé ce visage poupin et cette moue enfantine qui disparaîtront quelque peu lors de Sleepy Hollow (1999) et dégage ainsi ce mélange freudien d’animalité et de fragilité, comme une aura de grâce qui permettrait à son pseudo-mari de ne pas céder totalement à ses démons. Un ange, peut-être, aux lèvres boudeuses n’attendant qu’un peu d’amour à dispenser… Savoir qu’elle a très mal vécu ce tournage (pour lequel elle a néanmoins été saluée à Sundance et récompensée dans plusieurs festivals dont Seattle) lui faisant jurer de ne plus jamais travailler avec Gallo jette un peu d’amertume sur sa performance remarquable – ce réalisateur touche-à-tout (qui signe en outre le scénario et la musique du film) est malheureusement connu pour ses accès de colère insupportables ainsi que pour des prises de position très discutables.

L’histoire du film s’étend sur une vingtaine d’heures, sur 1h45 de métrage (en DVD zone 2, donc 110 min au cinéma ou en blu-ray) : l’occasion d’assister malgré tout à une succession de moments très forts où, sous la grisaille d’une vie monotone, point l’espoir…

Un très beau film, douloureux et sensible.


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