La Passion du Christ est un film réalisé par Mel Gibson (Braveheart ; Tu ne tueras point), avec dans le rôle phare Jim Caviezel (La Vengeance de Monte-Christo ; Paul apôtre du Christ). Sorti en France en 2004, l’accueil réservé au film par la presse est assez mitigé. Si Le Figaro considère le film comme « une oeuvre marquante, qui convainc sans prosélytisme », d’autres comme Télérama y voit la « dérive du spectaculaire hollywoodien ». Bien qu’un peu plus positif, l’accueil des spectateurs reste néanmoins également mitigé. Alors, que vaut La Passion du Christ ?
De quoi ça parle ?
Le film retrace les dernières heures de la vie du Christ, de son arrestation sur le Mont des Oliviers à sa crucifixion et sa résurrection, le tout entrecoupé de souvenirs de sa vie passée.
Et ça vaut quoi ?
La première chose à dire sur ce film, la chose que l’on retient après le visionnage, c’est bel et bien la violence qui y est montrée. Le film est dur, très dur, visuellement. Il est clair que ce film n’est pas à mettre devant tous les yeux. Il paraît à certains moments plus violent et répugnant que certains films gores actuels. Cela est dû à l’immense réalisme dont le film est empreint. Servi par d’excellents acteurs, et notamment par Jim Caviezel dans le rôle de Jésus, on se croirait revenir à cette époque, prendre réellement part à ce film. Le spectateur est placé comme témoin de la souffrance endurée par le Christ, témoin de l’injustice de cette situation. Sur les deux heures dont dure le film, au moins les deux tiers sont sanglantes, et nous montrent Jésus tour à tour battu, fouetté, humilié, crucifié et mourant. C’est certainement cette violence qui fait la force du film de Gibson, mais également qui a crée tant de polémiques et explique l’accueil mitigé auprès de la presse et du public.
Il faut de plus reconnaître que Mel Gibson retranscrit avec une grande fidélité les textes bibliques dont il s’inspire. Le film est entièrement en araméen et latin, les deux langues parlées à cette époque, ce qui ancre le long-métrage dans un certain réalisme. Le réalisateur utilise le plus souvent possible le vrai texte écrit dans la Bible, ce qui rend le film réellement dur. En effet, certaines paroles sacrées qui paraissent parfois abstraites deviennent ici concrètes. On met des images sur ces histoires que l’on entend depuis notre enfance. Mais en dehors de ces quelques éléments réalistes, Mel Gibson prend des libertés. Or, parfois ça passe, et parfois ça casse. Un exemple : le réalisateur choisit d’introduire la figure de Satan, du diable tentateur, qui passa tout au long du film. On voit ce personnage avec Juda lorsqu’il trahit, avec Jésus lorsqu’il prie, avec Juda lorsqu’il se suicide, etc. Cela fait partie des libertés que, personnellement, j’ai trouvé appréciables, car cet élément, en plus d’être intéressant pour le symbole qu’il représente dans une telle histoire, devient récurrent, inquiétant, et sert le récit. Mais toutes les libertés prises dans La Passion du Christ ne sont pas forcément bonnes. Par exemple, lorsque Jésus meurt, si l’on s’en tient au texte biblique, le rideau du temple est sensé se déchirer (pour la petite histoire, ce rideau était situé à l’entrée de ce qu’on appelle le « lieu très saint » et est donc un symbole extrêmement fort pour les juifs à cette époque-là). Or, ici, Mel Gibson choisit de créer un tremblement de terre, séparant la terre en deux jusque dans le temple. Quelle utilité ? En quoi cela a-t-il une quelconque légitimité ? En quoi cela sert-il le récit ?
Au niveau des acteurs, je n’ai vraiment rien à dire. Ils sont réellement parfaits, nous font vivre cette histoire, nous transcendent, nous glacent, nous effraient. Leur jeu est d’une efficacité remarquable, ajoutant toujours plus de réalisme à ce film. La bande originale est également très bonne, servant très bien le long-métrage. L’idée qu’a eu Mel Gibson de superposer les moments de la crucifixion et du chemin de croix avec d’autres épisodes de la vie de Jésus est très bonne, émouvante par moments. Je retiens notamment le passage où Marie, voyant son fils tomber sous le poids de la croix, se souvient d’un épisode semblable arrivé lors de l’enfance de Jésus. Superbe. Enfin, j’ai lu beaucoup de critiques relevant négativement le fait que Mel Gibson nous montre un Christ si rapidement ensanglanté, si rapidement faible. Je n’aurai qu’une réponse à faire à cela : les évangiles nous parlent de scènes de torture, d’un Jésus roué de coups, humilié, battu presque à mort, ce que Mel Gibson retranscrit très bien selon moi.
En somme, La Passion du Christ est un très bon film signé Mel Gibson, Relativement fidèle aux textes dont il s’inspire, le réalisateur nous plonge dans une période sombre et violente. A ne pas mettre devant tous les yeux, ce film sanglant illustre la violente réalité de cette histoire, et vous marquera certainement pour un long moment.