L’histoire de l’amour
Un mélodrame ambitieux mais qui échoue à transformer le pathos en lyrisme vibrant.
Réalisateur : Radu Mihaileanu
Acteurs : Derek Jacobi, Gemma Arterton, Sophie Nélisse
Genre : Drame, Fantastique, Romance
Nationalité : Américain, Français, Canadien, Roumain
Distributeur : Wild Side Video
Date de sortie : 9 novembre 2016
Durée : 2h14mn
– Sortie DVD et Blu-ray : le 29 mars 2017
Il était une fois un garçon, Léo, qui aimait une fille, Alma. Il lui a promis de la faire rire toute sa vie. La Guerre les a séparés – Alma a fui à New York – mais Léo a survécu à tout pour la retrouver et tenir sa promesse.
De nos jours, à Brooklyn, vit une adolescente pleine de passion, d’imagination et de fougue, elle s’appelle aussi Alma. De l’autre côté du pont, à Chinatown, Léo, devenu un vieux monsieur espiègle et drôle, vit avec le souvenir de « la femme la plus aimée au monde », le grand amour de sa vie. Rien ne semble lier Léo à la jeune Alma.
Et pourtant… De la Pologne des années 30 à Central Park aujourd’hui, un voyage à travers le temps et les continents unira leurs destins.
On voit bien l’ambition du cinéaste, créer une fresque qui embrasse plusieurs décennies, plusieurs continents, pour en faire une réflexion sur l’amour ; mêler l’intime et le grandiose, à travers des destins divers et pourtant liés. Et ça commence plutôt bien, avec un beau travelling latéral puis aérien, promesse d’un lyrisme contenu.
Mais très vite le film s’embourbe : Derek Jacobi ne saurait être mauvais, mais son numéro de vieux ronchon et désespéré sombre dans la caricature (les scènes de faux tremblements sont épouvantables).
De même les personnages féminins, mal dessinés, agacent par leurs atermoiements et leurs mièvrerie. Quant aux transitions entre passé et présent, elles se veulent originales en proscrivant l’arbitraire mais ajoutent à la lourdeur du propos.
L’histoire de l’amour, c’est un peu un Lelouch des mauvais jours, perdu entre fausse naïveté et grands sentiments : l’imaginaire devient imagerie ; les dialogues pesants explicitent sans fin, ne laissant au pauvre spectateur que peu de répit.
On aimerait vibrer, se laisser emporter : une belle séquence comme celle des retrouvailles à New-York entre Léo et Alma, émouvante par ses révélations et sa tension, montre ce qu’aurait pu être le film ; ailleurs hélas, cette simplicité se mue en excès, en tergiversations infinies, en dialogues théoriques, en longues scènes banales. Et que dire des envolées musicales lassantes …
Que sauver alors ? La photographie, constamment soignée, le personnage du frère-Lamed-Vovnik, quelques moments brefs sans larmes ni symphonies (la visite à l’hôpital, par exemple). C’est trop peu pour un film si long.
Les suppléments :
Un making-of assez curieux, découpé en courts modules, entre scènes prises sur le vif et entretiens, six scènes coupées non indispensables et la bande-annonce.
L’image :
De la dentelle : on pourrait compter les feuilles des arbres ou les veines des bras. Le Blu-ray à son meilleur.
Le son :
Des envolées musicales au murmure amoureux, de la pluie au crissement d’une plume sur le papier, les deux pistes DTS-HD 5.1 mettent tout en valeur avec une précision d’anthologie.
Bande annonce