SEVEN SISTERS
Réalisateur : Tommy Wirkola
Acteurs : Noomi Rapace, Noomi Rapace, Noomi Rapace, Noomi Rapace, heu en faite Noomi Rapace puissance 7 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 Willem Dafoe, Glenn Close
Titre original : What Happened to Monday?
Genre : Science-fiction, Thriller
Nationalité : Français, Belge
Distributeur : SND
Date de sortie : 30 août 2017
Durée : 2h04mn
2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman (Glenn Close). Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman (Willem Dafoe) décide de garder secrète l’existence de ses sept petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman (Noomi Rapace). Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparait mystérieusement…
Co-production américano-européenne distribuée en ligne par Netflix sur de nombreux territoires, dont les USA, Seven Sisters connaît une sortie salle en France. Un choix parfois un peu étonnant face au produit un peu bon marché au cœur d’un été où le blockbuster friqué a dominé l’exploitation.
Mais le distributeur français SND a un talent de marketing certain pour proposer de temps à autre, des titres pas forcément fameux pour leur succès américain, mais qui, marketés savamment, paraissent souvent plus costauds que ce qu’ils ont vraiment dans les tripes (Renaissances, Transcendance, Evasion, Premonitions).
Avec une promo estivale assez pugnace, Seven Sisters a existé tout l’été, à grand renfort de trailers et d’affiches, où la toujours impeccable Noomi Rapace était septuplée pour le plus grand plaisir du cinéphile. Forcément, on ne peut que jubiler à l’idée de voir ce talent inné porter à elle-seule un projet de dystopie où elle est la seule à mener la barque au grand dam de ces messieurs, curieusement secondaires dans un film où la grande méchante est jouée par Glenn Close.
Mais le résultat est mitigé et forcément, entre les promesses affichées et la réalité qualitative sur l’écran, il y a bien un monde qui pourrait se résumer par une tendance… la VOD. Et si ce film avait eu davantage sa place sur une plateforme e-cinéma ? Les spectateurs s’en seraient-ils plaint ? Probablement pas.
Suivant la tendance du film nerveux avec une femme dans l’action (Atomic Blonde, Wonder Woman ont fortement marqué la saison), Seven Sisters est un survival, davantage qu’un evasion-flick vendu par la bande-annonce, dans lequel sept frangines clonées sont traquées, butées, les unes après les autres, alors qu’initialement la toute première, Monday, a étrangement disparu.
Dans un monde surpeuplé où la politique gouvernementale va à l’encontre du droit humain de disposer de son corps, interdisant aux parents d’avoir plusieurs enfants, les sept sœurs Settman sont une anomalie à éliminer. Depuis leur jeunesse, le jeu de dupe initié par leur grand-père – pauvre Willem Dafoe, complètement inutile dans un rôle secondaire qui frôle l’inexistence -, qui consistait à sortir de la maison un jour par semaine pour vivre l’existence d’une seule femme, Karen Settman, n’a que trop duré. Il est visiblement temps pour elles de payer leur dette envers la société…
Du divertissement léger. Le pitch malin vendu par le distributeur l’est-il vraiment tant que ça ? Dans un programme de deux heures, avec sept existences, une société orwellienne et un prequel évasif en guise de scène d’ouverture, les idées sont jetées : on assiste à une succession de pistes souvent pertinentes, jetées à la va-vite, jamais développées. C’est bien une série télévisée qui aurait permis aux auteurs de travailler la psychologie des sept protagonistes (un épisode consacré à chacun d’entre eux ?)
Ici rabaissées à des stéréotypes indignes des ados de Breakfast Club de John Hugues, et du talent de Rapace, les différentes facettes des héroïnes sont brossées grossièrement, jamais suffisamment pour que l’on puisse ressentir de l’empathie pour ces existences avortées au sein d’une société que les auteurs ont vaguement institutionnalisée, mais jamais vraiment implantée non plus. Comble de l’ironie, la population, dans un monde surpeuplé, n’existe pas, c’est l’anonymat qui couvre la caractérisation d’une oeuvre où l’on aurait dû davantage investir la contradiction entre le culte de l’individualité et le sens du collectif dans le sacrifice permanent.
Né probablement d’un concept de conte futuriste où le chiffre sept revient jouer de sa sempiternelle symbolique, Seven Sisters est le résultat d’un pitch échangé sur une table de travail, mais non pas le fruit d’un univers fouillé, avec des angles et des recoins, et une galaxie de personnages pour le peupler de personnalités. C’est un prototype, l’avorton d’une bonne série télé, rétractée en passable ouverture sur le grand écran…
Et évidemment, avec pareille étrangeté de point de départ, on déplore pléthore d’invraisemblances imposées par les raccourcis narratifs et l’on ne croit pas à la vraisemblance de cette histoire de vies par procuration où chaque soeur complète une fois par semaine ce que l’autre aura vécu la veille…
Est-ce que toutes ces réserves font de Seven Sisters un mauvais film pour autant ? Evidemment que non. Malgré ses faiblesses de budget qui limitent les ambitions visuelles et esthétiques, le cluedo high tech sur fond de musique tronique, est un passe-temps généreux qui sait aussi insuffler son rythme, sa bonne volonté (action, violence, et même une scène plutôt sensuelle, voire sexuelle).
De quoi largement nous préserver du sentiment de navet ou de naufrage auquel on aurait pu assister. Pour autant, on est loin de la bonne surprise estivale que laissait envisager la promo, en vantant notamment un twist final qui n’a rien de bien difficile à deviner.
2,5/5