
Date de sortie : 2 mars 2022
Réalisateur : Kenneth Branagh
Casting : Caitriona Balfe, Jamie Dornan, Jude Hill , …
Genre : Drame
Résumé : Été 1969 : Buddy, 9 ans, sait parfaitement qui il est et à quel monde il appartient, celui de la classe ouvrière des quartiers nord de Belfast où il vit heureux, choyé et en sécurité.
Mais vers la fin des années 60, alors que le premier homme pose le pied sur la Lune et que la chaleur du mois d’août se fait encore sentir, les rêves d’enfant de Buddy virent au cauchemar. La grogne sociale latente se transforme soudain en violence dans les rues du quartier. Buddy découvre le chaos et l’hystérie, un nouveau paysage urbain fait de barrières et de contrôles, et peuplé de bons et de méchants.
Critique : Le cinéma de Kenneth Branagh a plus connu de bas que de hauts ces derniers temps, la faute à des productions à certains budgets qui semblent avoir laissé peu de place à son cinéma plus racé : « Artemis Fowl », « The Ryan Initiative », ses adaptations d’« Hercule Poirot », … Pour le peu que l’on sente sa touche dans le remake live de « Cendrillon », il reste une bonne part de visuels que l’on s’imaginerait loin de la touche souvent shakespearienne du réalisateur irlandais. Le voir revenir avec un sujet plus proche de ses origines provoquait ainsi une curiosité certaine, curiosité renforcée par des images au style aussi élégant que fortes par les thématiques qui semblaient être abordées. Heureusement, le résultat s’avère même supérieur à nos attentes, qu’il faut avouer avoir diminué au vu de ses dernières réalisations décevantes.
Il suffit ainsi d’un simple mouvement de caméra lors d’un jeu innocent pour que la bascule historique s’opère, la violence du quartier nord de Belfast s’illustrant dans un tournant social des plus prégnants. Cette simple idée visuelle nous embarque dans une forme d’équilibre constant entre rêveries enfantines avec une certaine légèreté et une réalité des faits bien plus dramatique. Quand Buddy se retrouve à piller un magasin, il ramène de la poudre pour la lessive sans se rendre compte de son acte ni même de ce qui le pousse à cet instant précis. Cette balance passe également dans la colorimétrie, l’usage d’une photographie somptueuse en noir et blanc conférant une élégance visuelle des plus fortes.
Il est dès lors intéressant que les rares moments où le film retrouve un usage de la couleur soit dans son introduction dans notre époque (la transition vers le passé se fera avec une stylisation aussi pertinente que splendide) et lors de rapports à la fiction, notamment dans des champs contrechamps où se confronteront échappatoire vers le cinéma ou le théâtre et l’expérience de ces lieux de culture, appuyé par la nature collective de ces moments, et un réel des plus marqués.. En ce sens, l’entièreté du casting se révèle d’une grande qualité, apportant une certaine authenticité d’ensemble qui renforce la véracité poétique qui imprègne le long-métrage.
C’est donc une très bonne nouvelle de retrouver un Kenneth Branagh à ce niveau tant « Belfast » respire l’élégance historique, la poésie d’enfance et la brutalité de sa réalité. On y sent poindre une volonté d’approche personnelle qui confère une sincérité de ses émotions. Cette sortie en édition physique chez Universal vaut donc grandement la peine, ne serait-ce que pour se rappeler de la haute qualité du cinéma de Kenneth Branagh quand il se trouve à la tête de pareils projets au cinéma aussi vivants que resplendissants.