Quand le choc de deux modes de vie opposés crée un magnifique feu d’artifice de sentiments.
- Réalisateur : Lisa Ohlin
- Acteurs : Mikkel Boe Folsgaard, Cecilie Lassen
- Genre : Drame
- Nationalité : Danois
- Distributeur : KMBO distribution
- Date de sortie : 26 juillet 2017
- Durée : 1h45mn
Thomas est un soldat en mission dans le Sud de l’Afghanistan. Lors d’une opération, il est gravement blessé et perd l’usage de ses jambes. Il entame alors une longue rééducation. Il fait la connaissance de Sofie, une ballerine du Ballet Royal, venue rendre visite à sa tante. Touchée par sa situation, elle décide de l’aider à remarcher en lui faisant découvrir la danse. Malgré leurs différences, une complicité ne tarde pas à se créer entre eux.
Le Danemark aujourd’hui apaisé a longtemps été une nation belliqueuse, prête à mener des guerres dans l’espoir d’accéder au statut de grande puissance européenne. Après le passionnant A war de Tobias Lindholm il y a juste an, puis le bouleversant Les oubliés de Tobias Lindholm quelques mois plus tard, on peut se demander si ce besoin lointain de guerroyer n’incite pas inconsciemment (ou non) le cinéma danois contemporain à se pencher sur les ravages causés aux hommes lors des combats.
Ayant elle-même vécu avec un homme atteint de séquelles psychologiques à son retour de la guerre, la réalisatrice Lisa Ohlin, plus suédoise que danoise, ressent l’envie de décrire le combat intérieur des soldats traumatisés. Sa rencontre avec les danseurs du Danish Royal Ballet proposant leur connaissance et leur maîtrise du corps aux soldats blessés en cours de rééducation, lui inspire le personnage de Sofie et cette histoire d’amour peu banale sur fond de renaissance.
Les premières images nous présentent un jeune soldat athlétique à la démarche énergique quelque part dans les montagnes d’Afghanistan. Quelques secondes plus tard, il saute sur une mine… Le retour dans son pays d’attache, le Danemark, le propulse dans un enfer moral. Avant d’être un homme, il est un soldat né pour l’action et le combat. Même amputé de ses jambes, il n’a qu’une idée : rejoindre son unité. Imaginer devoir rester dans un bureau comme l’armée lui propose est inenvisageable pour lui. Il devient alors irascible. Ses parents, son amie ont beau lui témoigner tout leur amour, il les rejette avec intransigeance jusqu’au jour où la jeune Sofie, danseuse de ballet, venue rendre visite à sa tante malade, parvient, à force de patience et de douceur à le guider sur le chemin de la raison. L’opposition entre l’inflexibilité du soldat d’élite et la grâce de la ballerine nous ouvrira la porte d’un monde inattendu et finalement magique dont la réalisatrice saura nous révéler à doses savamment mesurées toute la sensibilité, entre drame et espoir, loin de tout pathos. Les scènes de danse pleines de poésies compléteront ces instants de sérénité.
Le jeu des deux comédiens est si juste que l’on ne doute pas un seul instant du lien qui les rassemble. Mikkel Boe Folsgaard (Thomas) qui n’est pas inconnu du public français (on l’a vu en 2012 dans Royal Affair, puis en 2017 dans Les oubliés) nous dévoile, une fois encore, toute l’étendue de son talent, passant sans difficulté de la rudesse à la tendresse. Mais la vraie belle découverte de Walk with me est sans conteste sa partenaire féminine. Ancienne danseuse du Ballet royal du Danemark, Cecilie Lassen (Sofie) fait ses premiers pas au cinéma après quelques apparitions à la télévision. Sa beauté diaphane, sa grâce et son interprétation impeccable ne sont pas étrangères à l’atmosphère d’élégance dans laquelle baigne ce récit placé sous le signe du feu et de la glace.
Une histoire toute de retenue et d’émotion qui nous transporte pas à pas de la guerre à l’amour.