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Liam Debruel

Liam Debruel
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Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

Piccolo Corpo – Laura Samani

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Date de sortie : 16 février 2022 en France, 27 juillet en Belgique
Réalisatrice : Laura Samani
Casting : Celeste Cescutti, Ondina Quadri, …
Genre : Drame, Historique

Résumé : Italie, 1900. Le bébé de la jeune Agata est mort-né et ainsi condamné à errer dans les Limbes. Il existerait un endroit dans les montagnes où son bébé pourrait être ramené à la vie, le temps d’un souffle, pour être baptisé. Agata entreprend ce voyage et rencontre Lynx, qui lui offre son aide. Ensemble, ils se lancent dans une aventure qui leur permettrait de se rapprocher du miracle.

Critique : Dès le début de son premier long-métrage, Laura Samani impose la place ritualisée de son héroïne. Cette séquence d’ouverture, en plus de nous introduire subtilement à des thématiques qui nourriront la narration, nous amène déjà une promesse de spectacle épuré, proche d’un certain naturalisme qui va souligner le périple d’Agata. Il est en effet question d’un voyage à travers des environnements hostiles pour mieux lui permettre de faire le deuil et de sauver son bébé des limbes qui lui sont promis.

Ainsi, le récit est mené par une idée vibrante et poignante à la fois : l’obligation d’échapper à l’oubli, que l’on soit un être décédé avant même de vivre réellement ou une personne qui doit faire face au poids des vivants. En ce sens, la mise en scène n’hésite pas à suivre cette solitude émotionnelle dans ce chemin vers la vie, bien aidée par un usage de décors naturels qui renforce la brutalité de cet univers. Là, dans ces confrontations qui se développent au fur et à mesure du récit, se crée un cœur battant, un besoin de vie qui explosera dans une dernière partie poétique à souhait.

Conte sur la foi, l’oubli et la mort, « Piccolo Corpo » se révèle une œuvre vibrante, portant une charge constante dans son émotivité qui se transcende par une mise en scène à l’épure hypnotique. Aussi bien tragédie intime que récit universel sur nos craintes existentielles, le film de Laura Samani porte une certaine grâce discrète qui explose avec la force de ces premières œuvres de grande valeur. Difficile alors de ne pas en sortir ému par sa portée d’une sensibilité effective…

Le secret de l’épervier noir – Domenico Paolella

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Date de sortie : 1961 au cinéma, 6 juillet 2022 en DVD
Réalisateur : Domenico Paolella
Casting : Lex Barker, Livio Lorenzon,Nadia Marlowa, …
Genre : Aventure
Nationalité : Italie

Résumé : Au début du XVIIIème siècle, le corsaire Carlos de Herrera est missionné par le royaume d’Espagne afin de récupérer des documents commerciaux tombés entre les mains du pirate Calico Jack. Il va être en concurrence avec le sergent Rodriguez, alias l’Epervier noir, qui, lui aussi, veut s’emparer des documents.

Critique : Nous parlions il y a peu de « La belle et le corsaire », sorti dans la même édition que notre titre du jour chez Artus. On recommandera donc, comme dans cette précédente chronique, pour les personnes aimant le cinéma d’aventure au vu de la qualité assez bonne de ce divertissement grand public, en particulier dans cette édition combo Blu-Ray/DVD. En effet, le récit se tient bien au long de son heure quarante de long-métrage avec peu de moment de repos au vu du rythme imposé.

L’intrigue suit ainsi un chemin assez connu mais néanmoins plaisant, notamment grâce à une mise en scène qui propose quelques idées. On pense ainsi à ce plan en mouvement qui s’entame par l’arrivée de personnages montrés par le reflet d’un miroir, ou encore à cette récurrence du pendu qui permettra de mieux appréhender les clés de l’intrigue. Ainsi, on se laisse gentiment voguer au gré de ce film d’aventure entre piraterie et action, le tout sans prétention mais avec assez d’efficacité pour que le divertissement fonctionne.

Sorti ici dans sa version intégrale avec un master 2K restauré, « Le secret de l’épervier noir » ne prétend pas réinventer les codes du récit d’aventure et de piraterie mais le fait avec beaucoup de plaisir. Profitant d’un bon casting et d’une réalisation qui offre quelques idées, on a là un spectacle qui accomplit ses promesses d’ailleurs et de divertissement. De quoi donc faire une nouvelle découverte d’œuvre grand public italienne avec cette sortie plutôt qualitative chez Artus.

Los Conductos – Camilo Restrepo

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Date de sortie : 6 juillet 2022 en Belgique
Réalisateur : Camilo Restrepo
Casting : Luis Felipe Lozano, Fernando Úsuga Higuíta, Camilo Restrepo, …
Genre : Drame
Nationalité : France, Colombie, Brésil

Résumé : Medellin, Colombie. Pinky est en fuite après s’être libéré de l’emprise d’une secte religieuse. Il trouve un endroit pour squatter, mais trompé par sa propre foi, il remet tout en question. Alors qu’il tente de recoller les morceaux de sa vie, de violents souvenirs reviennent le hanter et lui demandent de se venger.

Critique : Entamer la critique d’un film expérimental aussi particulier que « Los conductos » peut s’avérer une tâche ardue. En effet, le long-métrage de Camilo Restrepo se révèle rapidement particulier, notamment dans son choix de format carré ainsi que son approche narrative d’une épure quasi totale. Il faut alors savoir que l’histoire est inspirée de la vraie vie de « Pinky », de sa libération d’une secte religieuse et de son envie de vengeance envers le leader du culte. Tout cela apporte une tangibilité assez perturbante qui participe à l’expérience que constituent ces 70 minutes de film, notamment en permettant d’utiliser le biais fictionnel pour permettre d’accomplir cette vengeance en faisant de cet acte artistique une forme de cathartique passionnante.

Visuellement, le film est inspiré par sa sobriété d’ensemble, faisant notamment ressortir une récurrence d’impression par l’usage de tapisserie de flammes par exemple. Il en ressort une artificialité qui se voit transcendée par un décorum naturel proche de l’onirisme. Néanmoins, cette sensation de rêve éveillé où l’on ne sait réellement à quelle frontière du cauchemar on se situe contribue au besoin d’extérioriser les sentiments inhérents au développement du film. Le format adopté par Camilo Restrepo permet alors une transcendance émotionnelle plutôt unique et qui risque pleinement de diviser son audience selon l’attente de celle-ci au moment de découvrir ce film.

Expérience filmique unique (et sortant en même temps que l’exposition « La fabrique de l’enfer » au cinéma Galeries du 1er juillet au 28 août), « Los conductos » est indubitablement une œuvre à voir au vu de sa proposition visuelle déconcertante et hypnotisante à la fois. On se laisse emporter 70 minutes durant dans l’esprit de Pinky grâce à la mainmise formelle d’un Camilo Restrepo qui donne envie de découvrir le reste de sa filmographie. Entre documentaire et fiction nourrie par l’enfer religieux, « Los Conductos » s’affirme comme particulièrement autre mais grandement passionnant.

 

Entre la vie et la mort – Giordano Gederlini

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Date de sortie : 29 juin 2022 en France, 13 juillet 2022 en Belgique
Réalisateur : Giordano Gederlini
Casting : Antonio de la Torre, Marine Vacth, Olivier Gourmet, …
Genre : Thriller, polar, drame
Nationalité : France, Belgique

Résumé : Leo Castaneda est espagnol, il vit à Bruxelles, où il conduit les métros de la ligne 6. Un soir, il croise le regard d’un jeune homme au bord du quai. Des yeux fiévreux de détresse, un visage familier… Leo reconnait son fils Hugo, lorsque celui-ci disparait tragiquement sur les rails ! Leo qui ne l’avait pas revu depuis plus de deux ans, va découvrir qu’Hugo était impliqué dans un braquage sanglant. Il va devoir affronter de violents criminels pour tenter de comprendre les raisons de la mort de son fils.

Critique : « Entre la vie et la mort » sait comment entamer son récit de manière efficace. Commençant par un plan miroir de son personnage principal (incarné solidement par Antonio de la Torre), le long-métrage nous amène directement dans le regard de celui-ci avant de mieux nous faire ressentir la perte de son fils. Il se crée alors un ancrage sombre qui va amorcer un engrenage plus noir encore. Les contours du polar vont écraser peu à peu Leo dans son drame intime, et même exploser dans une séquence de bagarre dont la brutalité sèche sera soulignée par son décor de logement sans éclat.

Voilà la plus grande réussite du film de Giordano Gederlini : faire avancer le mystère de son personnage en nous rapprochant aussi bien de son drame que de la pression instaurée par les contours à suspense de l’intrigue. Cette dernière va finir par se mener tambour battant et mieux mettre en parallèle deuil obligatoire et affrontement implacable avec les responsables de ce décès. Le long-métrage parvient à offrir quelque chose de rugueux tout en esquivant certains points attendus, le tout avec une efficacité narrative particulièrement percutante. La mise en scène se révélera du même niveau, pour le grand bonheur des personnes aimant les bons titres du genre.

Aussi solide dans son drame filial que dans ses habits de polar noir, « Entre la vie et la mort » s’avère d’une solidité aussi certaine que son personnage principal. On se retrouve avec aucun temps mort pour s’ennuyer, le tout dans une Bruxelles aussi lasse que son héros. Ce décorum urbain renforce la conviction d’un thriller aussi amer qu’efficace, où la violence n’a d’égale que la tristesse flottante de ses protagonistes.

Compagnons – François Favrat

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Date de sortie : 23 février 2022 en salle, 6 juillet 2022 en DVD et Blu-Ray
Réalisateur : François Favrat
Casting : Najaa, Agnès Jaoui, Pio Marmaï, …
Genre : Drame
Nationalité : France

Résumé : À 19 ans, passionnée de street art, Naëlle est contrainte de suivre avec d’autres jeunes un chantier de réinsertion, sa dernière chance pour éviter d’être séparée de ses proches. Touchée par la jeune fille, Hélène, la responsable du chantier, lui présente un jour la Maison des Compagnons de Nantes, un monde de traditions qui prône l’excellence artisanale et la transmission entre générations. Aux côtés de Paul, Compagnon vitrailliste qui accepte de la prendre en formation dans son atelier, Naëlle découvre un univers aux codes bien différents du sien… qui, malgré les difficultés, pourrait donner un nouveau sens à sa vie.

Critique : Le film de François Favrat part d’une base narrative connue, souvent critiquée ici mais pouvant amener à de bonnes histoires selon le talent mis dans son élaboration : la rencontre entre deux univers différents parvenant à trouver un équilibre entre eux. Ici, c’est donc une jeune femme en réinsertion professionnelle qui se retrouve confrontée à l’univers des Compagnons et leur milieu de travail réglementé. Le traitement du récit se fera alors un peu classique et vu, sans qu’il n’en sorte quelque chose de fondamentalement honteux. On peut penser ainsi à la volonté de réappropriation de son apprentissage par Naëlle pour faire sien cet art traditionnel qu’est le travail du vitrail.

C’est souvent par le bagout de ses acteurs que le long-métrage parvient à trouver un certain rythme émotionnel. Son trio principal (bien que le personnage d’Agnès Jaoui soit bien plus en retrait que ceux de Najaa et Pio Marmaï) amène une certaine solidité dans l’interprétation qui permet de mieux humaniser les archétypes. Ils amènent également un peu de lumière subtile, notamment en opposition à certains aspects plus dramatiques du récit (le remboursement d’une « dette » engrangée par l’héroïne). Et si le tout fait par moment assez attendu, notamment par son ancrage social, force est de constater que le film fonctionne assez bien dans ses propositions.

Peut-être un poil trop classique dans ses mécaniques narratives, « Compagnons » attise assez la curiosité avec sa représentation de l’ordre du même nom pour divertir. La mise en scène s’avère aussi sobre que l’ensemble du long-métrage et il y a assez de cœur chez ses interprètes pour que les sentiments soient présents. De quoi attirer une audience friande d’œuvres de ce style avec assez de chaleur pour réussir.

La belle et le corsaire – Giuseppe Maria Scotese

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LA BELLE ET LE CORSAIRE IL CORSARO DELLA MEZZALUNA 1957 de Giuseppe Maria Scotese John Derek. autres titres: Pirate of the Half Moon (International) Prod DB © Glomer Films aventure; adventure

Date de sortie :1957 au cinéma, 6 juillet 2022 en DVD
Réalisateur : Giuseppe Maria Scotese
Casting : John Derek, Gianna Maria Canale, …
Genre : Aventure
Nationalité : Italie

Résumé : Les pirates barbaresques écument la Méditerranée, pillant et ravageant les côtes, menés par Nadir El Krim. Dans son château, le baron Camerlata accueille Catherine d’Autriche, la sœur de l’empereur Charles Quint. Les pirates vont assiéger le château afin d’enlever la dame et demander rançon. Mais ils séquestrent par erreur la nièce du baron, la belle Angela. Il va falloir tenir avant l’arrivée des troupes impériales.

LA BELLE ET LE CORSAIRE IL CORSARO DELLA MEZZALUNA 1957 de Giuseppe Maria Scotese autres titres: Pirate of the Half Moon (International) Prod DB © Glomer Films aventure; adventure

Critique : L’avantage avec les films sortant chez l’éditeur Artus, c’est qu’on fait en permanence face à des titres méconnus mais au potentiel grand public fort. Ainsi, les amateurs de récits de cape et d’épée devraient trouver leur bonheur dans « La belle et le corsaire », disponible depuis peu en DVD. Il faut dire qu’il a tout du film populaire d’époque, avec notamment cet usage du technicolor particulièrement marqué, son récit d’aventure bien mené et son décor en bord de mer assez prenant pour convenir en tant que divertissement estival.

S’il sort dans la collection « Piraterie », c’est bien plus sur la terre ferme que se jouent les péripéties de l’intrigue. Il en sort quelque chose de classique mais en même temps plutôt réconfortant dans cet aspect de périple en territoires connus. Giuseppe Maria Scotese parvient à offrir une mise en scène correcte, notamment dans ses séquences de combats, pour que le divertissement fonctionne. On pense ainsi à cette bagarre qui clôturera le film dans les flots, avec notamment ses plans en hauteur captant la force de l’eau mêlée à la fureur du combat.

S’il est peut-être prévisible dans sa narration, « La belle et le corsaire » fonctionne en tant que divertissement d’époque des plus sympathiques. C’est du pur spectacle en costume qui offre à son audience ce qu’il désire entre affrontements, humour et une certaine touche romantique avec la présence de Gianna Maria Canale. En clair, on ne s’y ennuie pas un instant !

Blacklight, de Mark Williams

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Date de sortie : 23 février 2022 en salles, juillet 2022 en édition physique
Réalisateur : Mark Williams
Casting : Liam Neeson, Aidan Quinn, Taylor John Smith, …
Genre : Polar
Nationalité : États-Unis

Résumé : Travis Block intervient pour le compte du FBI lorsque toutes les autres options ont été épuisées. Ses méthodes impliquent souvent la manière forte. Quand on lui ordonne de faire taire un agent qui souhaite révéler à la presse les méthodes du Bureau, il comprend qu’il est devenu le pion d’une terrible machination. Déterminé à faire éclater la vérité, il se lance dans un combat contre ceux avec lesquels il a l’habitude de travailler. Mais lorsque ses adversaires s’attaquent à ses proches, Travis retourne ses méthodes contre ses anciens employeurs et il n’aura aucune pitié.

Critique : Le virage de la filmographie de Liam Neeson vers l’actioner est tel qu’on pourrait lui adjuger un sous-genre à lui tout seul. En effet, beaucoup de ses dernières apparitions fonctionnent sur un même modus operandi où son personnage, affecté par le temps, se retrouve en position de trahison et doit prendre sa revanche en se laissant emporter par sa soif de vengeance. Certains fans pourraient nous contredire, d’autres pourraient partir dans une analyse de ce biais narratif depuis le succès surprise de « Taken » mais, quoi qu’il arrive, il faut bien admettre que ce « Blacklight » plonge totalement dans cette tournure narrative devenue assez classique. On peut donc se questionner sur la manière dont on peut dévier de pareille structure pour se différencier. C’est ce que tente par moment le film sans l’accomplir totalement.

Ainsi, la première partie s’avère sans doute la plus intéressante, instaurant involontairement le personnage de Liam Neeson comme antagoniste au vu de son utilisation par le FBI. Sa façon de se mettre sur le chemin entre cet agent qui veut révéler certaines malversations et une jeune journaliste ambitieuse fonctionne bien, tout en manquant d’éclat suite à une mise en scène sans doute trop impersonnelle pour charrier les idées potentielles. Le drame personnel de Travis s’avère plutôt classique aussi mais la paranoïa qui le nourrit apporte un peu de densité à la dramaturgie, sans révolutionner le schéma.

C’est alors quand le film redevient un titre où Liam Neeson poursuit ses anciens employeurs/amis que celui-ci est un peu trop prévisible. Le manque de budget se ressent dans certaines séquences d’action mais l’amateur pas trop regardant devrait avoir de quoi se divertir assez pour laisser de côté pareils aspects. Cette scission dans « Blacklight » devient quand même triste quand on pense aux quelques idées présentes pour dynamiter de l’intérieur la structure et ses quelques fulgurances. On se demande ce qu’un réalisateur plus investi aurait pu apporter pour mieux faire démarquer ce titre.

Après, qu’on ne s’y trompe pas : les fans de Liam Neeson ne devraient pas s’ennuyer devant « Blacklight » tant, s’il est classique, il répond aux attentes qu’a le public de l’acteur irlandais dans son virage de héros d’actioner. Ce dernier livre une composition attendue mais toujours maîtrisée, le tout dans une intrigue intéressante quand on y sent poindre l’envie de dévier un peu des rails de la narration. À défaut d’en faire un titre surprenant, reste une série par moment appréciable.

The sadness – Rob Jabbaz

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Date de sortie : 6 juillet 2022
Réalisateur : Rob Jabbaz
Casting : Regina Lei, Berant Zhu, Tzu-Chiang Wang, …
Genre : Drame, Horreur
Nationalité : Taiwan

Résumé  :Après un an de lutte contre une pandémie aux symptômes relativement bénins, une nation frustrée finit par baisser sa garde. C’est alors que le virus mute spontanément, donnant naissance à un fléau qui altère l’esprit. Les rues se déchaînent dans la violence et la dépravation, les personnes infectées étant poussées à commettre les actes les plus cruels et les plus horribles qu’elles n’auraient jamais pu imaginer…

Critique : Cela fait un moment que « The Sadness » fait parler de lui, en particulier grâce à sa violence jugée insoutenable par tous ses spectateurs. Ces retours permanents ont permis à ce film taiwanais de passer de festival en festival avec une réputation d’œuvre immanquable pour les amateurs de cinéma de genre. Il faut donc se féliciter que le long-métrage de Rob Jabbaz débarque dans les salles françaises ce 6 juillet au vu de la nature graphique de cette œuvre. Car, en effet, on fait face à un roller coaster violent et qui risque de mettre une bonne partie de ses spectateurs dans une sensation palpable de malaise.

Sans en dévoiler leur contenu, « The Sadness » regorge de séquences plutôt fortes, se contrebalançant avec un certain grotesque dans le comportement de ses personnages infectés. Le rictus qui envahit leurs visages après une larme apportant une certaine symbolique au titre crée un désarroi gênant, rendant le visionnage assez inconfortable durant certaines séquences. L’indisposition se renforce par le rapport à la pandémie, résonnant inévitablement avec notre actualité, tout en apportant une certaine toile de fond au long-métrage.

Ce dernier essaie ainsi d’apporter un certain panel émotionnel mais s’accrochant à un champ lexical du mal-être, que ce soit par les rires nerveux que provoquent certaines séquences ou bien le couple au cœur de la narration. En plus d’apporter dans leur séparation géographique une meilleure vision des événements (plutôt amples malgré un budget que l’on imagine limité), le besoin de rapprochement qui s’y développe apporte une volonté d’émotion tout en nous faisant penser à cette absence physique qui a pu se développer durant notre période pandémique. La conclusion ne servira alors qu’à renforcer le nihilisme ambiant d’un long-métrage aussi lourd graphiquement que sentimentalement.

Loin de ces pépites de festival qui n’arrivent pas à justifier l’attente les entourant, « The Sadness » se dévoile aussi violent que promis, et pas seulement dans son rapport visuel. Il est évident que pareil titre deviendra culte dans les années à venir, et à raison au vu de son spectacle perturbant mais assez bien maîtrisé. Préparez-vous à vous accrocher à votre siège car le film de Rob Jabbaz répond à toutes ses promesses, tout en constituant une œuvre plutôt intéressante dans son traitement particulièrement dur avec l’humain et sa violence intérieure…

Jurassic World / Fallen Kingdom : quel monde après les dinosaures ?

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Alors que Jurassic World Dominion vient de débarquer sur grand écran, ce nouvel opus s’annonce comme une fin de règne pour la fameuse licence. Initiée en 1993 par le monumental Jurassic Park, la saga a connu des difficultés avant de revenir en 2015 et 2018 dans une mouture marquée entre autres par l’installation des effets numériques dans le paysage hollywoodien. Et si on a abordé encore et encore l’opus original (à raison vu son impact sur la pop culture), il nous semblait intéressant de revenir sur les deux épisodes précédents, tiraillés entre bonnes idées et accomplissements perfectibles.

C’est en 2015 qu’Universal accomplit le rêve d’Hammond : un parc de dinosaures fonctionnel, ouvert à tous. L’idée paraît logique pour relancer la licence, des années après un troisième opus sympathique mais sans l’ambition visuelle ni narrative du film original. Il fallait donc bien l’ouverture du parc pour relancer les hostilités et tenter d’attirer un public devenu bien plus blasé par rapport aux dinosaures et aux effets numériques en général. Le film de Colin Trevorrow ne s’en cache même pas et surfe sur ce parallèle déjà instauré par Spielberg. Ainsi, on pouvait se demander en 1993 si l’usage du numérique n’allait pas mettre fin à la production de trucages tels que l’on connaît. 22 ans après, que dire de plus sur cette propension désormais longuement installée ? Eh bien, pas grand-chose si l’on suit le film. En effet, cette piste ne s’avère pas réellement exploitée bien qu’elle dirige l’axe principal de la narration : l’ennui de l’audience face à ce qu’elle a déjà vu et revu. Tout cela amène ainsi à la création de l’Indominus, créature digne d’un scientifique fou et censée ramener un public lassé. Une nouvelle fois, l’idée est intéressante et s’avère surtout pertinente au vu des ramifications thématiques derrière, perpétuant l’allégorie du traitement du divertissement en général instillé par l’œuvre originale. Malheureusement, le long-métrage posera énormément d’idées passionnantes sans réellement exploiter celles-ci (ce qui est ironique au vu du traitement de l’exploitation dans la société du spectacle inhérent à l’univers).

Le film semble ainsi partagé constamment entre ses bases riches et son traitement inabouti. La mise en scène de Colin Trevorrow est à ce sens exemplaire de cette balance, cherchant à trouver dans son format une hauteur des créatures pour capter leur splendeur tout en tombant dans un rendu proche du télévisuel. Il se crée une distance constante dans ce rendu visuel qui souligne l’écart créé par la réflexion méta textuelle constamment appuyée, notamment par un personnage de geek qui rappellera à plusieurs reprises la réussite du parc original. En ce sens, le film semble vouloir critiquer le marketing à outrance avec une ironie peu subtile tout en perpétuant ce qu’il reproche, principalement par ses nombreux placements de produit. Quand Zach demande ainsi à son frère Gray s’il veut voir quelque chose d’encore plus cool qu’un mosasaure, le film crée un raccord avec une voiture d’une gamme que nous ne citerons pas étant donné qu’elle ne nous a pas payé. On peut donc s’interroger sur la volonté au cœur d’un film qui reproche ce qu’il accomplit, sans plus de rapport critique envers son contenu.

Pourtant, bien qu’il y ait une amertume dans ces mots, il reste un pouvoir de fascination dans le simple retour de dinosaures dans un blockbuster de premier ordre. La variété est présente, profitant justement des évolutions numériques pour tenter de les rendre plus tangibles. Néanmoins, cet autre aspect souffre de trucages ayant vieilli plus rapidement que dans nos souvenirs ainsi que d’une séquence, la seule utilisant un animatronique. Si cet apport amène une certaine émotion face au décès de la créature, il souligne également un autre écart dans les techniques au vu de l’orientation quasi exclusive vers le numérique. Comme un symbole, l’un des premiers dinosaures visibles s’avère être un hologramme, annonçant déjà la couleur dans son aspect technique, et ce malgré la volonté d’affection appuyée envers certaines des espèces.

On pense rapidement à Blue et ses camarades raptors, dont le lien avec Owen amènera ce rapport d’interrogation sur l’exploitation animale en zone de guerre. Encore une fois, l’idée est intéressante au vu de la marchandisation de ces créatures mais elle s’avère affectée par un antagoniste mal écrit auquel Vincent D’Onofrio tente d’apporter un grotesque humoristique au résultat aussi variable que le film. Il y a également le traitement du T-Rex, d’abord capté à distance dans sa première séquence afin de souligner l’habitude engendrée par sa présence régulière dans les différentes productions touchant à ce bestiaire tout en essayant de retenir ses coups pour le climax. Une nouvelle fois, l’intérêt est présent (on repensera par exemple à la façon dont Gareth Edwards se retenait de montrer son Godzilla pour le rendre plus imposant dans les yeux de son public) et s’inscrit vers une réiconisation certaine, peut-être due au sort cruel connu par la créature dans le troisième opus. Pourtant, la libération du T-Rex se voit contrebalancée par la course de Claire, souvent moquée par ce plan la montrant fuir en talons hauts. À ce point, on ne peut nier que l’ironie est volontaire chez Trevorrow, tout en s’interrogeant sur le fait que le dosage ne s’avère pas trop instable, finissant au final par desservir la volonté même du long-métrage.

Il est dommageable que le résultat ne s’avère pas à la hauteur des bases au cœur du film même car  Jurassic World s’avère quand même loin d’être déplaisant, malgré son lot de clichés (la relation entre Owen et Claire sort tout droit d’un film des années 90) et de pistes pas assez exploitées. Le divertissement s’avère plus que plaisant, notamment dans la variété de son bestiaire mais également par ses scènes d’action plutôt réussies. On peut notamment parler de cette attaque en plein cœur d’un parc bondé, amenant à une séquence de mise à mort plutôt cruelle d’un personnage secondaire. Le spectacle est présent et le tout s’avère assez rythmé pour que l’on ne s’y ennuie que très rarement. Néanmoins, on sent, lors de certaines fulgurances, le potentiel de plus grand film qui point çà et là, comme la preuve qu’il y avait moyen de tirer bien plus de ce blockbuster largement perfectible mais néanmoins amusant. Peut-être que pour cela, il faut revenir à des sources plus spielbergiennes et à une orientation visuelle largement plus affirmée.

Trois ans après le succès financier colossal du film débarque sa suite, Fallen Kingdom. Si Colin Trevorrow reste au scénario (ce qui se ressentira largement dans certains personnages), l’arrivée à la mise en scène de Juan Antonio Bayona fait passer un sacré cap au long-métrage. La réalisation s’avère plus incarnée et plus à même de porter cette histoire de fin d’ère pour les dinosaures. Si le film reste largement ancré dans le divertissement familial, une certaine noirceur se montre plus apparente, notamment dans les séquences de destruction de l’île. On sent une certaine incarnation émotionnelle et visuelle passant par un récit plus proche de ses personnages, débarrassés pour la plupart de leurs clichés afin de mieux les confronter à une nouvelle extinction.

Évidemment, le film va subir quelques points, notamment des personnages de jeunes à la caractérisation souvent énervante à force de vouloir appuyer leur nature comique. On peut parler aussi de cette séquence de lave avec Owen, tout en la défendant par la volonté de burlesque qui s’y dévoile. Néanmoins, tout le long-métrage s’avère plus mordant et plus appuyé dans ses ramifications réflexives, quitte à diviser. Le rapport à la génétique va ainsi s’approfondir avec cette peur de la perte, notamment avec une révélation qui aura déstabilisé certains spectateurs. Pourtant, la connexion qui va en découler permettra de définitivement humaniser ses dinosaures en poussant à un choix aux conséquences dévastatrices. La mise aux enchères qui aura eu lieu auparavant soulignera l’avidité de protagonistes qui ne peuvent voir dans ces créatures que des produits et jamais des êtres vivants. En amenant cette distinction plus profondément dans son traitement narratif, Fallen Kingdom touche mais surtout surprend, rendant certaines prises de décision plus audacieuses mais également plus logiques dans la symbolique qui en résultera, le tout dans un équilibre tonal entre film d’horreur grand public, questionnements scientifiques et drame émouvant comme Bayona a su traiter auparavant avec beaucoup de talent.

Ainsi, sa caméra va ramener une certaine splendeur aux dinosaures tout en n’ignorant pas leur nature de menace pour l’être humain. La première séquence joue de cet aspect, notamment par l’introduction du T-Rex comme une créature de film de genre et le débarquement surprise du mosasaure, appuyant un jeu de grandeur déjà initié dans l’un des meilleurs plans du climax du film précédent. Le film captera cela avec un changement de format qui revient à une imagerie plus cinématographique. Cette fascination va permettre une meilleure empathie pour le destin des dinosaures, notamment dans ce plan de brachiosaure disparaissant dans les cendres. Ce rappel avec l’opus original parvient à faire usage d’intertextualité avec une certaine charge émotionnelle sans tomber dans le clin d’œil trop facile. Cette sensibilité visuelle explosera également dans son climax, jouant de l’imagerie du décor pour mieux souligner le rapport horrifique de l’Indoraptor. Cette stylisation rappelle son premier long-métrage, L’orphelinat, qui exploitait pleinement son décor pour mieux s’inscrire dans une forme de fantastique sensible. Si le traitement peut créer un rejet par l’opposition de décor, cela ne fait que renforcer l’idée de l’aberration génétique d’avoir ramené ces créatures à notre époque. Le film introduit d’ailleurs subtilement cette idée lors d’une de ses premières séquences où Claire se voit entourée de squelettes de dinosaures dans un musée, lieu où ils auraient dû rester. On peut également y voir une note d’intention sur le traitement de leurs trucages, installant une plus grande tangibilité dans leur rapport physique. Ce rapprochement se fera également par le biais de la musique de Michael Giacchino, déjà l’un des grands points forts de l’opus précédent.

De quoi excuser les quelques points négatifs d’un film à l’écriture trop perfectible pour réellement exploser comme l’opus original. Ainsi, les motivations des personnages négatifs souffrent du style ironique par moment trop forcé de Trevorrow, ce qui fonctionne pour les rendre pertinemment ridicules tout en imposant une distanciation vis-à-vis de leurs rapports toxiques, à la chasse ou à l’argent entre autres. C’est un point dommageable car cela entraîne la mise de côté d’un protagoniste pourtant passionnant dans l’idée : Benjamin Lockwood, incarné par James Cromwell. Révélé comme proche d’Hammond par rapport à l’envie d’ouvrir un parc de dinosaures, on découvrira surtout que sa distanciation avec celui qui aimait « dépenser sans compter » est due au chagrin engendré par la perte de sa fille, mais surtout sa façon de pallier sa douleur. Si certaines personnes auront abordé cela comme un point ridicule, cela reste pertinent dans l’approche de Michael Crichton par rapport aux manipulations scientifiques au cœur du livre original. Surtout, cela amène le point familial récurrent à chaque opus de la saga. Débarrassé d’une relation fraternelle un poil trop clichée pour se démarquer et d’une relation sororale finalement mise de côté, Fallen Kingdom réinjecte la fibre dramatique familiale de côté, avec un intérêt qui renforce un fond un peu plus réflexif et surtout impactant dans ses critiques, en particulier celle d’un capitalisme destructeur. Sans avoir la virulence de Jurassic Park, cet épisode parvient à montrer que la fin d’un monde tel qu’on le connaît est moins due aux dinosaures qu’au processus qui les aura ramenés sur Terre et l’appât du gain derrière ses personnages négatifs.

Ainsi, entre un opus déséquilibré mais intéressant et un autre plus chargé dans ses idées, la partie Jurassic World de la licence maintient un certain intérêt outre la présence de dinosaures voraces qui sauront faire plaisir aux plus jeunes et aux plus âgés. Néanmoins, avant de partir vers « Le monde d’après », il ne faut pas oublier la présence de Battle at Big Rock, court diffusé sur YouTube qui a le mérite de satisfaire les fans avec un traitement de la fiction débarquant dans le réel efficace, à défaut de théoriser plus sur son propos. On pourrait faire la même remarque sur le prologue coupé de Dominion, également diffusé comme outil promotionnel. Cela en fait de petits moments plaisant qui, espérons-le, compenseront le peu de qualité du dernier opus…

Interview de Vincent Maël Cardona, réalisateur du film « Les Magnétiques ».

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À l’occasion de la sortie le 3 mai du film « Les Magnétiques » en DVD chez Blaq Out, nous avons eu la chance d’interviewer son réalisateur, Vincent Maël Cardona. Cet entretien permet d’appréhender les envies et craintes autour de la création de ce film, qui résonne fortement par son ancrage historique avec l’actualité politique française récente.

Le Coin des Critiques Ciné : Tout simplement, quelle était l’idée de départ derrière le film ?

Vincent Maël Cardona : L’idée de départ, c’était d’essayer de raconter une histoire de bande, au tout début. Quand on est partis dans l’écriture, c’est un groupe d’amis qui basculait dans la vie adulte. Enfin pour moi qui découvrais le métier de vivre, c’est-à-dire que la vie n’est fondamentalement pas simple, une sortie de l’insouciance et que tout cela devait nous permettre en creux derrière cette dispersion de cette bande d’amis dans l’existence de raconter une histoire de tournant de la rigueur, ce moment en France juste après l’arrivée de François Mitterand, donc en 1983. Au départ, c’était ça l’intention. Puis progressivement dans l’écriture, en découvrant aussi nos personnages, cela s’est à la fois resserré autour d’un personnage principal, Philippe Bichon, et le propos s’est généralisé, universalisé je dirais, peut-être un peu dézoomé autour du tournant de la rigueur pour parler de quelque chose d’autre qu’on a progressivement un peu découvert, qu’on a pris conscience qu’il avait à voir avec un basculement, un changement de monde, d’époque, entre un monde qu’on pourrait qualifier d’analogique et un monde à venir, celui dans lequel on vit aujourd’hui, un monde fortement marqué par l’avènement de la révolution numérique. Globalement, c’est l’impression générale que j’ai sur le travail d’écriture sur le film.

Le Coin des Critiques Ciné  : Je trouve justement l’ancrage historique intéressant au vu de l’actualité (l’interview a été effectuée durant l’entre-deux tours). On sent une jeunesse désabusée par les résultats actuels. Qu’en pensez-vous justement au vu du propos du film et de cette résonnance qui se crée ?

V.M.C. : Le sentiment général est qu’on voit qu’il y a quand même une forme de confusion, de difficulté à penser, de perte de repères, même d’un point de vue politique politicienne, de politique de parti, même très fondamentalement. Cette impression générale est liée pour moi à cette idée qu’on est tous les héritiers d’un monde qui est en train de s’effacer au profit d’un autre et dans ce moment de changement, il y a des repères qui se perdent et d’autres qui sont inventés sans l’être tout à fait, ils sont là mais on n’en a pas forcément conscience. Il y a quelque chose qui me marque profondément, c’est le parallélisme qui peut exister, la similitude de réaction entre la génération qui a 20 ans aujourd’hui et celle dont on parle dans le film, qui avait 20 ans en 1980. Il y avait une avant-garde musicale, donc on a essayé de l’entendre, notamment par le biais de la bande-son du film, les musiques préexistantes. C’était l’invention de la génération No Future. Je crois que cette notion-là, donc pour eux ce qu’on appelait l’avenir, cessait d’être une perspective brillante et devenait quelque chose de problématique. C’est quelque chose que l’on retrouve très profondément aujourd’hui dans la jeune génération, c’est-à-dire la grande difficulté de se projeter de manière mécanique, automatique, dans un avenir qui se déroulerait. Il y a des grandes menaces, des grands points d’interrogation, la notion même de futur n’est pas celle qui correspond le plus à la jeune génération. J’ai l’impression que c’est une génération qui essaie vraiment de retravailler le présent. Pour moi, cela rentre en écho avec leurs grands aînés qui sont les jeunes gens dans le film, les magnétiques qui avaient 20 ans à l’époque.

Le Coin des Critiques Ciné  : C’est un premier long-métrage. Quelles étaient les craintes par rapport à cela ?

V.M.C.: Il y en avait plusieurs mais peut-être qu’une des craintes spécifiques était tout ce qu’il y avait à voir avec la reconstitution historique. On savait que c’était un film d’époque et il y a toujours un grand risque d’artificialité, de théâtralisation. Il n’y a pas de recette, on ne sait pas ce qui fait qu’à un moment donné, la reconstitution fonctionne et marche beaucoup moins bien dans d’autres cas. On sait simplement que cela a à voir avec la mise en scène de manière globale, comme articulation de plusieurs départements : les costumes aux accessoires, les maquillages, le jeu, le vocabulaire, l’image, la lumière, etc. Il y avait là pour moi un souci, cela a donc été l’objet d’une grande attention. Il fallait que cette reconstitution ne puisse pas apparaître comme quelque chose d’artificiel mais plutôt retranscrire une vérité de cette époque qui nous parle encore aujourd’hui.

Le Coin des Critiques Ciné : Je trouve l’usage du jaune intéressant, apportant beaucoup de chaleur dans des décors froids. Cela amène une vie, une forme de concrétisation pour le personnage. Comment cette idée est-elle venue ?

V.M.C. : Globalement, je me suis beaucoup méfié de l’enthousiasme que l’on peut avoir dès lors qu’on travaille sur un film d’époque avec les premières images évoquées, ici les années 80. Pour moi, pour contrecarrer un peu ce penchant-là, sans arrêt je revenais… avec toute l’équipe du film, on est nés dans les années 80. Ce n’est pas un film sur notre jeunesse, à la limite sur notre toute petite enfance. Je revenais donc sans arrêt à nos photos de famille, nos albums, nos photos argentiques, ce que l’on a chez nous. On se voit bébé, tout petits, dans les bras de nos parents, nos oncles, dans la France de cette époque-là. Pour moi, c’était important de revenir sur ces photos et les émotions qu’elles nous procuraient à nous, qui font appel à des souvenirs rares, fugaces, quelque chose très sensoriel de ce monde-là. Je crois que la lumière des couleurs a quelque chose à voir avec cette intention qui était très forte pendant tout le film, essayer d’être le plus fidèle possible à cette mémoire.

Le Coin des Critiques Ciné : Ma scène préférée est cette déclaration d’amour par radio. Comment est arrivée cette idée, simple en apparence mais hyper puissante dans l’expression du personnage ?

V.M.C. : Au départ, c’était une idée théorique d’écriture, c’est-à-dire que notre personnage est marqué par son mutisme, son incapacité à s’exprimer et dire ce qu’il ressent à l’intérieur de lui, comme si le langage, les mots n’étaient pas appropriés en ce qui le concerne. C’est comme si les mots ne seraient jamais à la hauteur de l’ampleur de la précision, la puissance de ce qu’il ressent. Il va mettre tout le film à utiliser ces mots, c’est ce qui est raconté ici avec la voix off. Dans cette scène-là, il n’est pas encore parvenu à utiliser les mots mais il faut qu’il trouve quelque chose. Il va donc utiliser son caractère fusionnel, son don de bricoleur, de manipulation sonore. Ce qu’on avait écrit dans la scène, c’est qu’il découvrait pas à pas les moyens matériels pour dire quand même quelque chose. Ensuite, pour le faire, je dois beaucoup à Pierre Bariaud, le monteur son, et Samuel Aïchoun, le mixeur du film car ils sont venus avec moi entamer la préparation du film par ça. On a essayé de trouver des idées de ce qu’il pouvait faire, des idées visuelles, comment montrer le son. On a cherché tout azimut avant de trouver cette sorte de performance, de chorégraphie que s’est réapproprié le comédien Thimothée Robart. C’est comme ça que cette scène, mais aussi celle de début avec le jingle, ont été écrites au son. On avait une certaine durée sonore, une bande son, et ensuite au tournage, on est allés chercher les plans qui pouvaient permettre de l’illustrer. On a inversé l’écriture cinématographique traditionnelle. Normalement, le montage son est quelque chose qui se fait dans un second temps. On a donc commencé ici par la bande-son, puis on a cherché l’image pour l’illustrer et après on a fait un retour de post-production de montage son où on a ajouté des choses et modifié d’autres paramètres.

Le Coin des Critiques Ciné  : Est-ce que vous pensez que la radio reste encore un moyen de contact entre les gens, de connexion, par rapport justement à tout ce qui a été dit auparavant sur la question des avancées technologiques ?

V.M.C: Oui, je crois, même sous d’autres formes. On voit l’évolution des formes radiophoniques à travers les podcasts, un autre rapport à la radio. Ce sont des choses que l’on peut aussi écouter sans être dans une forme de flux, de direct, mais la matière radiophonique conserve toute sa force et sa pertinence. Elle se porte encore très bien, notamment avec les web radios et les formats numériques. À l’occasion de la tournée du film, il était important, dès que j’allais quelque part pour le montrer, d’aller dans le plus de salles possibles et d’essayer de visiter les radios locales. Je me suis aperçu de la densité du réseau de celles-ci, souvent d’ailleurs héritières de la libéralisation des ondes des années 80. Il y en a vraiment partout ces gens, ces bénévoles et associations qui prennent le micro, passent le son. Je crois qu’on touche là à un truc qui, même d’une certaine manière à travers les réseaux sociaux, je trouve une certaine continuité de cet élan de la libéralisation des ondes. On n’a pas à demander des autorisations pour exprimer ce que l’on a envie d’exprimer, pour diffuser, pour broadcaster comme on dit, et on se propose à tout un chacun. C’est un peu ça un compte sur un réseau social. Un blog à l’époque, c’était déjà ça, mais un compte Instagram, c’est encore ça. On est son propre média et après ça, « est-ce qu’il y a des gens qui nous regardent ? », « est-ce qu’il y a des gens qui nous écoutent ? », ce sont presque des questions secondaires. D’abord, il y a ce geste, de proposer. À l’époque, il y avait les ondes, la bande FM. Ici, c’est le cyber espace. Le geste est un petit peu le même. Mais je ne m’en fais pas du tout pour la radio qui, d’ailleurs factuellement, enregistre des grands succès d’audience.

Le Coin des Critiques Ciné  : Je trouvais intéressant le choix du sur-cadrage dans la mise en scène, cela fait quelque chose de très clos dans la maison même. Je pense à cette scène de repas où chacun est cadré de son côté mais où le frère prend l’ascendant. C’était aussi quelque chose de voulu dans la mise en scène ?

V.M.C. : Oui, de manière générale, j’ai toujours une grande croyance dans le cadre, dans le plan au cinéma, quand l’image en elle-même dans sa composition véhicule le sens outre les dialogues ou le langage. Il peut être moins évident, moins ostensible mais a son régime de sens, l’image en elle-même puis l’enchaînement des images, les dialogues qu’elles ont entre elles, les effets de retours, … Le film est lui-même beaucoup structuré autour d’espaces qui reviennent et affirment effectivement dans chacune de ces scènes, il y a une dimension assez forte du découpage, des plans fixes ou en tout cas presque fixes. C’est comme s’il y avait une ligne de dialogue, de sens en tout cas, dans la composition même des plans.

Le Coin des Critiques Ciné : Enfin, question plutôt simple mais quels sont vos futurs projets ?

V.M.C. : Je travaille actuellement sur une série pour Arte, on va la tourner cet été et elle se passe dans la ville du Havre autour d’une famille. Cela prend un peu la forme d’une tragédie qui va exploser et, dans l’explosion de cette famille-là, mettre au jour une forme de secret qui serait à l’origine de leur malédiction. Je suis aussi en écriture de mon deuxième long-métrage qu’on devrait tourner normalement en 2023, avec beaucoup de questions et d’incertitudes sur ce que cela va raconter encore aujourd’hui.