Date de sortie 08/05/2024 - Au cinéma
Durée (01:22:00)
Titre original MONDAYS/このタイムループ、上司に気づかせないと終わらない
Genre Comedie, Science-fiction
Avec Wan Marui, Makita Sports, Yugo Mikawa, Kohki Osamura, Kotaro Yagi, Haruki Takano,...
Sortie 17 octobre 2024 sur Netflix
Durée 2h 24min
Genre Action, Arts Martiaux, Thriller
De Timo Tjahjanto
Avec Aurora Ribero, Hana Malasan, Ali Fikry
Titre original The Shadow Strays
Ntaionalité...
Date de sortie inconnue
Durée 1h 22min
Genre Epouvante-horreur
De Lee Harry
Avec Frank Novak, Elizabeth Kaitan, Eric Freeman
Titre original Silent Night, Deadly Night Part 2
Nationalité Etats-Unis
Synopsis
Après les...
Date de sortie 08/05/2024 - Au cinéma
Durée (01:22:00)
Titre original MONDAYS/このタイムループ、上司に気づかせないと終わらない
Genre Comedie, Science-fiction
Avec Wan Marui, Makita Sports, Yugo Mikawa, Kohki Osamura, Kotaro Yagi, Haruki Takano,...
Sortie 17 octobre 2024 sur Netflix
Durée 2h 24min
Genre Action, Arts Martiaux, Thriller
De Timo Tjahjanto
Avec Aurora Ribero, Hana Malasan, Ali Fikry
Titre original The Shadow Strays
Ntaionalité...
Date de sortie inconnue
Durée 1h 22min
Genre Epouvante-horreur
De Lee Harry
Avec Frank Novak, Elizabeth Kaitan, Eric Freeman
Titre original Silent Night, Deadly Night Part 2
Nationalité Etats-Unis
Synopsis
Après les...
Cinéphile depuis mon plus jeune âge, c'est à 8 ans que je suis allé voir mon 1er film en salle : Titanic de James Cameron. Pas étonnant que je sois fan de Léo et Kate Winslet... Je concède ne pas avoir le temps de regarder les séries TV bonne jouer aux jeux vidéos ... Je vois en moyenne 3 films/jour et je dois avouer un penchant pour le cinéma d'auteur et celui que l'on nomme "d'art et essai"... Le Festival de Cannes est mon oxygène. Il m'alimente, me cultive, me passionne, m'émerveille, me fait voyager, pleurer, rire, sourire, frissonner, aimer, détester, adorer, me passionner pour la vie, les gens et les cultures qui y sont représentées que ce soit par le biais de la sélection officielle en compétition, hors compétition, la semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, la section Un certain regard, les séances spéciales et de minuit ... environ 200 chef-d'œuvres venant des 4 coins du monde pour combler tous nos sens durant 2 semaines... Pour ma part je suis un fan absolu de Woody Allen, Xavier Dolan ou Nicolas Winding Refn. J'avoue ne vouer aucun culte si ce n'est à Scorsese, Tarantino, Nolan, Kubrick, Spielberg, Fincher, Lynch, les Coen, les Dardennes, Jarmush, Von Trier, Van Sant, Farhadi, Chan-wook, Ritchie, Terrence Malick, Ridley Scott, Loach, Moretti, Sarentino, Villeneuve, Inaritu, Cameron, Coppola... et j'en passe et des meilleurs. Si vous me demandez quels sont les acteurs ou actrices que j'admire je vous répondrais simplement des "mecs" bien comme DiCaprio, Bale, Cooper, Cumberbacth, Fassbender, Hardy, Edgerton, Bridges, Gosling, Damon, Pitt, Clooney, Penn, Hanks, Dujardin, Cluzet, Schoenaerts, Kateb, Arestrup, Douglas, Firth, Day-Lewis, Denzel, Viggo, Goldman, Alan Arkins, Affleck, Withaker, Leto, Redford... .... Quant aux femmes j'admire la nouvelle génération comme Alicia Vikander, Brie Larson, Emma Stone, Jennifer Lawrence, Saoirse Ronan, Rooney Mara, Sara Forestier, Vimala Pons, Adèle Heanel... et la plus ancienne avec des Kate Winslet, Cate Blanchett, Marion' Cotillard, Juliette Binoche, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Meryl Streep, Amy Adams, Viola Davis, Octavia Spencer, Nathalie Portman, Julianne Moore, Naomi Watts... .... Voilà pour mes choix, mes envies, mes désirs, mes choix dans ce qui constitue plus d'un tiers de ma vie : le cinéma ❤️
La critique du nouveau film (totalement déjanté) d’Eric Judor. Une bonne surprise, pour une fois, concernant la comédie française.
Dans l’esprit absurde de ses pubs pour EDF, Judor poursuit un parcours atypique, avec une comédie à l’esprit doux dingue, à l’aise dans le politiquement incorrect qu’elle sonde constamment, en forme de remake comique des dernières saisons de The Walking Dead, évidemment sans le moindre morceau de zombie à l’intérieur.
Réalisateur : Eric Judor
Acteurs : Blanche Gardin, Célia Rosich, Karine Valmer, Michel Nabokoff, Blandine Ruiz
Genre : Comédie
Nationalité : Français
Distributeur : StudioCanal
Date de sortie : 10 mai 2017
Durée : 1h25mn
Jeanne et Victor sont deux jeunes parisiens de retour de vacances. En chemin, ils font une halte pour saluer leur ami Jean-Paul, sur la prairie où sa communauté a élu résidence. Le groupe lutte contre la construction d’un parc aquatique sur la dernière zone humide de la région, et plus généralement contre la société moderne, la grande Babylone. Séduits par une communauté qui prône le « vivre autrement », où l’individualisme, la technologie et les distinctions de genre sont abolis, Jeanne et Victor acceptent l’invitation qui leur est faite de rester quelques jours.
Lorsqu’un beau matin la barrière de CRS qui leur fait face a disparu, la Communauté pense l’avoir emporté sur le monde moderne. Mais le plaisir est de courte durée : à l’exception de leur campement, la population terrestre a été décimée par une terrible pandémie. Ce qui fait du groupe les derniers survivants du monde. Va t’il falloir se trouver de nouveaux ennemis pour survivre ?…
Après l’échec du coûteux La tour 2 contrôle infernale, Eric Judor ne jette pas l’éponge, bien au contraire. Il revient, plus ambitieux que jamais, sans budget, mais avec une bonne dose de dialogues féroces d’imbécillité lunaire pour un film de science-fiction sans effets spéciaux, sorte de huis-clos en plein air, au cœur d’une ZAD idyllique (ou presque), à l’aube d’un « pain de mie »…pardon, « pandémie », puisqu’un virus a exterminé l’humanité à l’exception des quelques altermondialistes ultrasensibles aux ondes de portable et autres appareils de communication modernes.
Le postulat est truculent. Le citoyen joué par Judor part en vacances bon gré mal gré sur ce terrain idyllique tenu par l’ancien prof de yoga de son épouse. Récalcitrant, son personnage de père de famille cynique, ironise, multiplie les sarcasmes envers une communauté qui, il est vrai, est habitée par des dingos et le verbe loufoque de l’absurde. Son adaptation à cet esprit hippie donne lieu à des sketchs hilarants.
Le passage à l’état de siège par la menace extérieure est progressive et vient révéler les failles d’un système utopiste où l’amour de l’autre et la haine de la civilisation, systématiquement renvoyée à Babylone, deviennent l’objet de lutte des pouvoirs et surtout résonnent creux et hypocrite, alors que se crée à nouveau un schéma de hiérarchie et de lutte des classes, engrais favorable à la jalousie et donc à la haine, à l’hystérie collective…
Peu à peu, l’on glisse tout simplement vers un remake à peine caché de The Walking Dead, où l’on sonde les vils instincts humains en temps de crasse et de communautarisme, Judor se voyant bien érigé en nouveau leader face à un stéréotype de femme ultra-gauchiste qui a baptisé son fils/fille(?)… « l’Enfant, pour lui laisser la liberté de choisir son prénom quand il en aura l’âge. Sous les idéaux libertaires de celle-ci se cachent évidemment mauvaise foi, mensonge et manipulation, à l’instar loufoque du chamane hirsute en transe qui s’avère être que Claude le clodo, qui, une fois l’usurpation révélée devient un paria qui schlingue, à ostraciser de la yourte. L’entre-aide a ses limites : les odeurs !
Avec un filmage aussi minimaliste que les décors, Eric Judor réalise son 3e long avec des bouts de ficelle, fidèle à son humour dévastateur qui pointe les travers de l’humain pluriel, qu’il soit citadin cynique ou écolo de pacotille, le résultat est ravageur et l’hypocrisie exposée de toute part. Face à cette suite de dialogues acerbes, où l’humour bêta est féroce, l’on rit beaucoup de cette humanité à la dérive. Judor a compilé dans cette fable de bricole le meilleur de son humour poil-à-gratter. Problemos est un délire assumé qui assure l’euphorie sur toute sa durée, ce qui n’est jamais gagné avec les comédies d’aujourd’hui.
L’histoire d’amour entre Hollywood et la boxe donne naissance à un nouveau film criant d’humanité mais redondant pour qui connait la saga « Rocky »…
Réalisateur : Philippe Falardeau
Acteurs : Ron Perlman, Naomi Watts, Liev Schreiber
Titre original : Chuck
Genre : Drame, Biopic
Nationalité : Américain
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Date de sortie : 10 mai 2017
Durée : 1h38mn
L’histoire vraie de Chuck Wepner, négociant en alcools du New Jersey, qui a tenu 15 rounds contre le plus grand boxeur de tous les temps, Mohammed Ali, lors du championnat du monde poids lourds en 1975, avant de finalement s’incliner par K.O. technique. Durant les dix années où il a été boxeur, celui que l’on surnommait « Bayonne Bleeder » a eu 8 fois le nez cassé, a connu 14 défaites, deux K.O., un total de 313 points de suture… et a inspiré le personnage de Rocky Balboa dans la franchise au succès planétaire Rocky.
Notre avis : De tous les sports qui existent, la boxe est de loin le préféré d’Hollywood, des producteurs aux acteurs, qui y voient la possibilité d’incarner des personnages parfois torturés, malheureux, qui traînent derrière eux un lourd passé mais parviennent à s’en sortir grâce au ring.
La recette a déjà fait largement ses preuves, permettant à la grande famille du cinéma de remporter récompenses sur récompenses tout en étant la reine du box office. Mais à force de proposer toujours le même schéma, à savoir la rédemption grâce aux gants, reste-t-il vraiment des choses à raconter ? Sur quelle corde à la fois dramatique et sensible les réalisateurs peuvent-ils encore frapper pour attirer l’attention d’un public qui connait leurs scénarios par cœur ?
C’est la question qu’aurait dû se poser le réalisateur québécois Philippe Falardeau avant de se lancer dans Outsider, entraînant avec lui plusieurs producteurs dans un projet qui non seulement ne renouvelle pas le genre, mais cherche en plus à révéler l’histoire qui se cache derrière une saga que nous connaissons tous : Rocky.
C’est là tout le propos d’un film honnête dans sa quête de l’authenticité, dont le principal enjeu est de raconter l’histoire vraie qui se cache derrière celle de Rocky Balboa. Nous sommes le 24 mars 1975 : un jeune acteur sans le sou du nom de Sylvester Stallone regarde à la télévision le combat entre Mohamed Ali et Chuck Wepner, champion de boxe de l’état du New Jersey dans la catégorie poids lourd. Surnommé « Bayonne Bleeder » (le « saigneur » de Bayonne), il a réussi à tenir 15 rounds alors que ce combat ne devait être qu’une formalité pour Ali.
Cet affrontement sur le ring va inspirer à Stallone le scénario de Rocky, qui va fournir, au faux Balboa comme au vrai, une notoriété mondiale, mais aussi un sacré lot de drames. Tout comme Rocky, Chuck Wepner va sortir de l’ombre et connaître des périodes d’ascension, de chute et de rédemption, tout en restant dans une relative pauvreté ; il ne réussira jamais, en effet, à toucher le moindre dollar en tant que boxeur qui a inspiré la superstar Rocky. Ce qui va le conduire à vivre une véritable crise d’identité…
C’est tout le paradoxe de l’incroyable destin de Chuck Wepner : il a inspiré Rocky, mais ce personnage imaginaire a pris toute la place, au point que le faux a jeté violemment le vrai dans l’ombre. Si Outsider aurait pu aider à renverser la balance et à réparer une injustice que l’on imagine fréquente dans le star-system, force est de reconnaître que le film arrive trop tard. La saga Rocky et ses spinoffs (Creed) a inspiré les boxeurs en herbe du monde entier et s’est trop enracinée dans l’imaginaire collectif pour que Chuck Wepner y trouve une vraie place.
Conte moral sur la célébrité, véritable réflexion sur la mythologie de la boxe à Hollywood et sur le côté commercial de l’entertainment, Outsider ne va certes pas rester dans les mémoires comme un grand film sur le ring mais se distinguera en parlant de ces héros ordinaires, élevés au rang de personnages extraordinaires par le cinéma, et ce sans aucun remerciement ni considération pour ces personnes bien vivantes qui restent dans les coins.
En jouant sur l’amour que ressent le public pour la boxe à travers le septième art, Philippe Falardeau rappelle la grande solitude du boxeur face à son adversaire, en rapprochant le destin doux-amer de Chuck Wepner de celui de tant de gens laissés de côté par Hollywood malgré le profit qu’ils lui rapportent.
Porté par un Liev Schreiber transcendé par un rôle qui lui tient très à cœur (l’acteur est également producteur du film), Outsider s’attarde sur un homme attachant à travers un angle authentique mais surtout humain pour insuffler un autre regard sur la saga Rocky, à l’image de tous ces scénarios basés sur des personnes imaginaires…qui ne le sont pas tant que ça.
Avec finesse et application, Falardeau s’échine à réhabiliter Wepner aux yeux du monde, tout en offrant un regard amer sur la fascination d’Hollywood sur le noble art, ainsi qu’une satire légère de l’American Dream, et sa facilité déconcertante de faire d’un homme une icône évidemment fugace, avant de le recracher sans vergogne du jour au lendemain.
Si ce biopic ne va sans doute pas provoquer de crise d’identité dans l’industrie cinématographique, il devrait permettre au public de se poser bien des questions sur les histoires que les films racontent. Et rien que pour cela, il mérite le coup d’œil.
OUTSIDER en 5 points.
Vous voyez bien que vous connaissiez Chuck Wepner.
En quoi Outsider est-il donc intéressant et important si un film aussi légendaire existe déjà sur cet homme ? Parce que Outsider s’intéresse aux deux, à l’homme et au mythe, à ce boxeur que rien ne mettait à terre et qui tirait sa force de cette volonté de fer de ne pas capituler face à l’adversaire, cet homme indestructible sur le ring et qui a été détruit par son propre mythe. Car pour Wepner, Rocky fut comme une malédiction. Il s’est noyé dedans, a confondu sa vie avec celle du personnage, a revendiqué une célébrité qui n’était pas la sienne et plongé dans une période sombre avant de connaître sa renaissance.
Outsider traite de tout cela, l’ascension, la défaite qui lui apporte la gloire, le film, la descente aux enfers, porté par un Liev Schreiber de grand talent et méconnaissable sous son maquillage, le tout entouré d’un casting aux petits oignons. Outsider est un film réalisé par des passionnés de boxe, ayant réalisé plusieurs documentaires sur ce sport dont un, déjà, sur Wepner. Le personnage n’a rien d’un ange, il peut être odieux, insensible, une simple brute au cerveau racorni, mais l’homme se révèle, subit bien plus durement les blessures de l’âme que le martyre physique. Et la magie de l’outsider opère à nouveau, si le film n’en deviendra pas culte il est une formidable addition a l’histoire de cet homme devenu un mythe, qui a eu les plus grandes difficultés à redevenir un homme.
Chuck Wepner est un boxeur. De ceux qui encaissent sans broncher. Champion des poids lourds du New Jersey, il est surtout connu dans sa ville, Bayonne, mais guère au-delà. Pourtant, un jour, une occasion en or se présente. Mohammed Ali, le champion du monde, lui propose un match pour le titre suprême. Et alors que tout le monde le donne perdant, Wepner tient 15 rounds et parvient même à mettre Ali au tapis à une reprise. Quelque-part du côté de New York, un certain Sylvester Stallone regarde le match et s’inspire de Chuck Wepner pour écrire Rocky, avec le succès que l’on connaît. À la sortie du film, Wepner, que l’on appelle désormais le vrai Rocky Balboa, se retrouve auréolé d’une célébrité qui va le précipiter dans un engrenage duquel il aura bien du mal à se sortir, entre fêtes débridées et tentatives plus ou moins désespérées de briller par lui-même, sur le ring ou en dehors. Histoire vraie…La Critique de Outsider :
« Vous me connaissez tous, sans vraiment me connaître ». C’est l’une des premières phrases que prononce Chuck Wepner dans Outsider. Une manière de se présenter, lui le véritable Rocky Balboa, dont le combat d’anthologie contre Ali, a changé sa vie pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
The Fighter
Une histoire méconnue mais formidablement cinématographique, qui méritait assurément de se retrouver sur un écran de cinéma. Une trajectoire de vie indissociable de Rocky, portée par un Liev Schreiber véritablement investi, vu qu’on le retrouve non seulement devant la caméra, mais aussi au scénario (il a contribué à l’écriture) et à la production. Schreiber qui livre peut-être la performance de sa vie, profitant de ce rôle en or pour saisir quelque chose de puissant et imposer une gouaille et un charisme abîmé qui ne cesse d’impressionner, à mesure que se déroule cette existence passionnante car inscrite presque malgré elle dans l’inconscient collectif d’une culture pop fédératrice.
Métamorphosé mais pas trop non plus, Schreiber n’en fait pas des tonnes et trouve le ton juste pour rendre justice à la complexité de Wepner. Dans les moments de gloire, dans la débauche et l’euphorie et dans le doute et le chagrin. Si Outsider est aussi bon, c’est aussi grâce à lui. Grâce à l’approche pleine de tendresse et de déférence, d’un mythe bien particulier à bien des niveaux, dont le film censé raconter la vie s’impose comme un classique instantané. Rien de moins. Sans oublier, forcément, Elisabeth Moss, très touchante, Naomi Watts, Ron Perlman, parfait, ou encore Michael Rapaport, particulièrement émouvant et juste et Jim Gaffigan, avec une mention à Pooch Hall, qui campe un Mohammed Ali certes moins flamboyant que son modèle (mais pouvait-il en être autrement ?), mais néanmoins très solide.
Derrière l’objectif, le réalisateur canadien Philippe Falardeau signe son deuxième essai américain après avoir notamment impressionné son monde avec des œuvres comme Monsieur Lazhar, nommé aux Oscars en 2012 dans la catégorie meilleur film étranger. Ici, le cinéaste applique avec passion et talent les codes du biopic tout en veillant à donner à son long-métrage une teinte et une saveur funky qui font qu’il est facile de le rapprocher de l’œuvre de Martin Scorsese, Les Affranchis en tête. Bien aidé par une production design impeccable, Falardeau évolue au sein d’une reconstitution habile de l’Amérique des sixties et s’attache à une sorte de microcosme (cette petite ville du New Jersey), dont Chuck Wepner est en quelque sorte le roi. Il parvient à livrer un film immersif, en n’excluant jamais le spectateur.
Et si c’est bien Wepner le centre d’attraction majeur, la faculté du réalisateur de ne pas délaisser son environnement et les autres protagonistes, vient nourrir une émotion de plus en plus prégnante. On pourra toujours venir argumenter que les effets et autres filtres ajoutés à l’image ne sont que des artifices et qu’au final Outsider n’est qu’une copie des grands classiques cités plus haut, mais ce serait passer à côté de l’essence du film. Ce serait oublier que si Outsider n’est en effet pas des plus originaux, il sait mesurer ses effets et donner de l’ampleur à son récit, sans y sacrifier une intégrité renouvelée en permanence.
Wepner vs. Rocky
Quelle histoire passionnante ! Surtout quand on connaît tous les Rocky par cœur. Certes, Outsider prend quelques petites libertés avec la réalité, mais généralement, ce qu’il nous raconte, sur biens des points à la façon d’un documentaire, nous permet de passer de l’autre côté du miroir, dans les coulisses du film qui a fait de Stallone une star. Alors évidemment, Stallone, qui a aidé la production en livrant moult anecdotes, est aussi représenté à l’écran et non, ce n’est pas toujours hyper convaincant. Morgan Spector, qui a la lourde tâche de jouer l’acteur, fait de son mieux mais il lui manque quelque chose. Ce n’est qu’un détail. Encore une fois, l’important relève de Chuck Wepner. De ce champion qui a inspiré Rocky, mais qui n’est pas Rocky. Wepner est certes très attachant et parfois drôle, mais il a aussi une part d’ombre que le métrage ne se prive pas d’illustrer, là encore en mettant en avant un sens de la mesure très appréciable.
L’ascension, la chute et la rédemption, tout y passe, comme dans tout bon biopic qui se respecte. Mais avec une belle sincérité, un respect évident du sujet et du public et un gros supplément d’âme. L’ombre de Rocky plane mais ne rend pas l’histoire de Wepner redondante, bien au contraire. D’ailleurs, Outsider s’inspire bien plus de Requiem pour un Champion, de Ralph Nelson que de Rocky et c’est aussi Rocky qui suivit Wepner, puisant l’inspiration dans son incroyable parcours, une nouvelle fois dans Rocky 3, avec le combat boxeur contre catcheur (sans oublier la présence de James Brown avant le combat, repris par Sly dans Rocky 4).
Quoi qu’il en soit, les trois films (Rocky, Outsider et Requiem pour un Champion) partagent dans tous les cas un point commun : ce ne sont pas des films sur la boxe mais sur des boxeurs auxquels la vie n’a pas fait de cadeau. On revient au mythe de celui qui a enfin sa chance. Finalement, le titre français est plutôt bien choisi. L’Outsider. Cette figure parfaite du cinéma, qui a donné lieu à des chefs-d’œuvre vibrant d’éloquence et qui se retrouve ici au centre d’un film funky, entraînant, tour à tour drôle et émouvant, jamais vain et ô combien passionnant. Chuck Wepner a toujours couru après une gloire qu’il n’a jamais vraiment obtenu. Aujourd’hui, il est enfin au centre d’un film. Et s’il passera probablement un peu inaperçu, il n’en demeure pas moins excellent.
En Bref… Outsider est un grand film parce qu’il a du cœur et qu’il raconte une histoire fascinante, de la bonne façon, avec des acteurs impeccables, et une foi qui lui interdit les excès et le hors-sujet. Complémentaire avec les Rocky, il gratte le vernis du rêve américain et s’attache à rendre justice à un champion décrié, un vrai, dont l’existence, si elle n’est pas aussi inspirante que celle de son alter-ego de Philadelphie, s’impose néanmoins sur un écran de cinéma avec une flamboyance exemplaire.
Un thriller horrifique réjouissant qui, faute de renouveler le genre, utilise une thématique ethnique qui renouvelle l’utilisation d’un casting noir dans le cadre d’une production hollywoodienne. Foncez !
Réalisateur : Jordan Peele
Acteurs : Catherine Keener, Bradley Whitford, Daniel Kaluuya, Allison Williams
Genre : Thriller, Épouvante horreur, Comédie horrifique
Nationalité : Américain
Distributeur : Universal Pictures International France
Date de sortie : 3 mai 2017
Un jeune afro américain, lors de sa visite sur le domaine de la famille blanche de sa petite amie, va vite se rendre compte de la sinistre raison cachée derrière cette invitation. Couple mixte, Chris (Daniel Kaluuya) et sa petite amie Rose (Allison Williams) filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy (Catherine Keener) et Dean (Bradley Whitford) lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.
C’est beau, léché, avec un piqué de cinéma qui redore le blason du cinéma de genre, loin des found-footages habituels auxquels Blumhouse Productions nous avait habitués tout au long de la décennie. Get out, c’est en fait le retour aux thrillers pavillonnaires anxiogènes des années 70-80, ceux qu’affectionnait un certain John Carpenter dans Halloween : la nuit des Masques, avec le même sens de l’espace, ample et structuré.
La banlieue américaine (Suburb, en VO) est le cadre du film de Jordan Peele, cet espace sans problème des productions Amblin Entertainment, ciment de la « whitocracy » où la diversité, amorphe, est un concept urbain lointain. Avec une ironie féroce, le cinéaste y injecte la menace noire, ce cliché défavorisé des quartiers pauvres de la ville, cet élément de résistance à l’hégémonie blanche, qui pourrait être un avatar de gang, ou, pourquoi pas, un élément comique de seconde catégorie pour suspendre la tension dans des gags vaseux. Il n’en sera rien.
Le protagoniste principal a l’intelligence de sa conscience, celle d’un jeune homme bien dans ses baskets, avec une vraie épaisseur psychologique, conscient qu’en se rendant chez les parents « blancs » de sa copine, dans une banlieue tranquille, il va se frotter aux stéréotypes racistes d’une catégorie bien-pensante de la population.
Ce qui aurait pu être une version ethnique de Mon beau-père et moi se transforme en une virée paranoïaque dans l’enfer blanc d’une population repliée sur sa communauté, avec ses modes de pensées où l’ébène interpelle avec la complaisance de la hiérarchie sociale, mais aussi physique.
Pourtant loin d’une simple chasse à l’homme noir, la virée lynchienne de Jordan Peele dans cet univers barré, se joue des codes de couleurs pour présenter la différence ethnique comme une norme sociale et culturelle, basée sur la relativité.
Le protagoniste principal joué par un quasi inconnu – Daniel Kaluuya, absolument épatant -, apparaît plus équilibré que n’importe quel autre élément de casting, blanc ou noir. Autour de lui, tous les représentants de la communauté noire, chez les parents de la petite-amie, semblent avoir subi un lavage de cerveau ahurissant ou sont sous l’influence des séances d’hypnose de la mère, psychiatre mal-intentionnée, jouée par Catherine Keener, complètement allumée.
Naît de ce décalage entre la normalité du héros et la dégénérescence de cette belle famille au protocole étrange, une ironie forcément savoureuse qui apporte un humour salvateur, au milieu de moments flippants ou à la suite de scènes d’angoisse pétrifiantes, à l’esthétique sombre d’un Under the Skin.
Avec plus de 170M$ au box-office américain, Get Out est devenu un phénomène. Plus gros succès du producteur Jason Blum (Split, Paranormal Activity, Insidious), carton historique pour le cinéma d’épouvante (on a – à peu près- jamais vu ça !), Get Out a tout d’une date maline dans son genre et les Français devraient se ruer sur l’électro-choc.
Réalisateur : Raúl Arévalo
Acteurs : Ruth Diaz , Antonio de la Torre, Luis Callejo, Raúl Jiménez, Manolo Solo
Genre : Thriller
Nationalité : Espagnol
Date de sortie : 26 avril 2017
Âge : Interdit aux moins de 12 ans
Durée : 1h32mn
Note 4/5
Un homme attend huit ans pour se venger d’un crime que tout le monde a oublié.
L’acteur espagnol Raúl Arévalo (déjà vu dans La isla minima, Les amants passagers ou encore Même la pluie) a mis huit longues années pour monter ce projet que beaucoup de producteurs cherchaient à édulcorer afin de le rendre plus grand public et donc moins risqué sur le plan commercial. Toutefois, Arévalo n’a rien cédé et, avec la même patience que le personnage principal de son film, il a fini par avoir gain de cause.
Cette obstination a été récompensée par 4 Goya (équivalent de nos César) dont celui de meilleur film espagnol de l’année. C’est donc auréolé de ce titre glorieux que son premier long-métrage en tant que réalisateur arrive sur nos écrans, fort d’une bande-annonce efficace, suscitant la curiosité.
Cela commence d’ailleurs fort avec un formidable plan-séquence où le spectateur se retrouve témoin d’un braquage qui tourne mal, planqué à l’arrière de la voiture qui fait le guet. La course-poursuite qui s’ensuit est d’une efficacité toute américaine au point que l’on se croirait dans le cinéma immersif d’Alfonso Cuaron. Malheureusement, cette audace formelle disparaît assez vite et Arévalo déploie ensuite une mise en scène rigoureuse, mais au classicisme assumé.
Pendant une vingtaine de minutes, le cinéaste se plaît à brouiller les pistes en déployant une structure narrative éclatée qui préserve le mystère entourant ce personnage mutique et glacial incarné par Antonio de la Torre. Peu à peu, l’atmosphère se fait plus lourde et le noir dessein de cet homme nous semble de plus en plus clair. Incarnant une figure vengeresse qui ne vit plus que dans un seul but – assouvir sa soif de justice personnelle – Antonio de la Torre se révèle parfait tant il pourrait incarner Monsieur tout-le-monde.
Au bout d’une heure plutôt lente, mais toujours sur le fil du rasoir, l’explosion de violence n’en est que plus frappante, aussi soudaine et douloureuse que dans un film de Scorsese. Dès lors, le métrage prend une allure implacable, faisant de cette figure héroïque un vengeur aussi froid qu’inquiétant.
On n’est jamais très loin du western, notamment lors des scènes finales qui se déroulent en plein soleil, au milieu de paysages désertiques. Le cadre, plutôt original pour un film noir, vient renforcer la référence du cinéaste envers tout un pan de cinéma américain radical des années 70. Sa réalisation sèche et directe fait ainsi beaucoup penser à celle de Don Siegel, et aussi, par extension, de Clint Eastwood.
Toutefois, malgré cette indéniable efficacité, on est en droit de regretter l’absence de sous-texte ou de contextualisation qui auraient donné à l’ensemble une certaine plus-value artistique. Le scénario, faussement alambiqué, peut ainsi se résumer à une simple histoire de vengeance comme on en voit des milliers dans le cinéma de genre policier depuis des décennies.
A force de vouloir dépouiller le film de tout artifice et de tout arrière-plan sociologique, le cinéaste livre donc un polar noir d’une portée immédiate, mais limitée par son absence de point de vue sur la question évoquée en filigrane, à savoir peut-on se faire justice soi-même.
Réalisateur : Blandine Lenoir
Acteurs : Agnès Jaoui, Pascale Arbillot, Thibault de Montalembert
Genre : Comédie
Nationalité : Français
Distributeur : Diaphana Distribution
Date de sortie : 26 avril 2017
Durée : 1h29mn
Note 4/5
Aurore est séparée, elle vient de perdre son emploi et apprend qu’elle va être grand-mère. La société la pousse doucement vers la sortie, mais quand Aurore retrouve par hasard son amour de jeunesse, elle entre en résistance, refusant la casse à laquelle elle semble être destinée. Et si c’était maintenant qu’une nouvelle vie pouvait commencer
La société accorde sa clémence aux hommes « en voie de vieillissement ». Les femmes, la cinquantaine venue, se voient souvent rangées dans un placard tant affectif que professionnel. Voilà qui n’est pas nouveau et laisse augurer de bien peu d’originalité. Mais à défaut de pouvoir changer les mentalités face à cette injustice, Blandine Lenoir décide d’en extraire la « substantifique moelle » et choisit l’angle de l’hédonisme pour traiter ce sujet sociétal.
Quitte à devoir vivre seule avec ses rides et ses rondeurs, autant associer ses bouffées de chaleur à des bouffées de plaisir. Aurore, dont le prénom évoque le lever d’un jour nouveau, est prête à renouer avec sa jeunesse à travers celle de ses enfants et même à retomber amoureuse de celui qu’elle a connu à l’adolescence. Comme elle l’avait déjà fait avec Zouzou, son premier long-métrage, Blandine Lenoir porte un regard bienveillant sur les femmes et bien plus encore sur la solidarité qui les unit, toutes générations confondues.
Si le scénario est sans surprise, c’est pour laisser toute la place à une ribambelle de personnages tendres et drôles. Mano (Pascale Arbillot) dans le rôle de la bonne copine est d’un dynamisme décoiffant. Il est cependant dommage que quelques scènes exagérément revendicatives la transforment en pantin du féminisme et décrédibilisent son combat.
Il n’est sans doute pas nécessaire d’agresser verbalement un inconnu dans la rue pour affirmer sa féminité, au risque d’en faire à son tour une victime et d’obtenir l’inverse de l’effet escompté. On lui préfère la vivacité teintée de mélancolie d’Aurore. Entre la volonté farouche de poursuivre sa route malgré les obstacles et les doutes qui l’assaillent, Agnès Jaoui s’empare avec un naturel confondant de ce personnage attachant et crève littéralement l’écran.
Au gré de l’humeur de son personnage principal, la réalisatrice alterne instants cocasses (la discussion entre Aurore et Lucie,(Lou Roy-Lecollinet) sa fille cadette, sur la définition de la femme entre l’arrivée des règles et la ménopause vaut son pesant d’humour) et moments plus graves. Elle nous trimbale sans états d’âme du décor peu amène des locaux de Pôle Emploi et de sa conseillère ahurissante aux tons pastel du port de la Rochelle ou à la sérénité de ses rues aux maisons fleuries, miroir parfait de la douceur de vivre à laquelle Aurore aspire désormais.
Dans ce film essentiellement féminin, les hommes sont gentiment croqués, à l’image du sensible Totoche, incarné par un Thibault de Montalembert au romantisme fragile caché sous une barbe fournie, bien éloigné du patron autoritaire et charismatique de la désormais célèbre série télé Dix pour cent.
Si la fin n’est pas tout à fait celle que l’on espérait, cette évocation lumineuse et positive d’un épisode-charnière de la vie des femmes constitue un vrai beau morceau d’optimisme dont il serait dommage de se priver.
Un biopic académique pour retracer un épisode clé de la vie du premier « guitare hero »
Réalisateur : Etienne Comar
Acteurs : Cécile de France, Reda Kateb, Beata Palya, Bimbam Merstein
Genre : Biopic
Nationalité : Français
Distributeur : Pathé Distribution
Date de sortie : 26 avril 2017
Durée : 1h55mn
Festival : Luxembourg city film festival
Note 3,5/5
A Paris en 1943, sous l’Occupation, le musicien Django Reinhardt est au sommet de son art. Guitariste génial et insouciant, au swing aérien, il triomphe dans les grandes salles de spectacle alors qu’en Europe ses frères Tziganes sont persécutés. Ses affaires se gâtent lorsque la propagande nazie veut l’envoyer jouer en Allemagne pour une série de concerts.
Après l’indélicat A bras ouverts et sa vision contestable de la culture des gens du voyage, Django, consacré à l’un de leurs plus éminents membres, apparaît comme une bouffée d’air pur. Le réalisateur Etienne Comar est surtout connu comme producteur et scénariste. Ayant expérimenté personnellement l’adage qui prétend que « la musique adoucit les mœurs », pour sa première fois derrière la caméra, il a souhaité faire le portrait d’un musicien dans la tourmente.
Il choisit l’un des guitaristes les plus influents de l’histoire du jazz, le grand Django Rheinardt, Tzigane issu des terrains vagues de la Zone Parisienne et concentre son récit sur les années d’Occupation, de manière à démontrer cette faculté qu’a la musique de vous extraire du monde. Entre tragédie et sérénité, la première scène située dans une forêt des Ardennes rassemble une famille de Tziganes, dont un musicien aveugle qui ne veut pas entendre le bruit qui se rapproche, au point d’y laisser sa vie.
Au cœur de ces années 40, Django est alors au summum de son succès, le swing est officiellement banni par les autorités allemandes, les Tziganes sont persécutés dans toute l’Europe mais lui ne semble rien voir. Un peu par égoïsme certes mais surtout parce qu’il est tout entier tourné vers son art. Les séquences musicales très réussies nous persuadent sans difficulté de la force avec laquelle Django vit sa musique et de sa capacité à nous communiquer sa passion.
La prestation de Reda Kateb, qui a appris à jouer de la guitare pendant un an, et qui semble totalement habité lors de ces incroyables scènes de concert insuffle toute son humanité à ce personnage en demi-ton, ce « doux-fauve » comme le surnommait Jean Cocteau. Tantôt nonchalant, tantôt bondissant mais toujours charmeur et charismatique, le roi du jazz manouche vit entouré de femmes. Si Cécile de France use de toutes les facettes de son talent pour donner corps à ce personnage complexe de femme ambiguë, c’est bien Bimbam Merstein, dans la peau de Negros, la mère de Django, qui capte toute l’attention. Actrice non professionnelle déjà présente dans Swing de Tony Gatlif, ce petit bout de femme à la personnalité bien marquée est criante de vérité
A l’instar de Django qui considère que la guerre n’est pas son affaire mais plutôt celle des « Gadjé » (les non-Tziganes), le réalisateur nous fait grâce d’une reconstitution historique de cette période 39-45 trop souvent abordée au cinéma. Toutefois, il est impossible d’ignorer les bombardements et encore bien plus l’intensification des rafles qui obligent Django et sa famille à s’exiler à Thonon-Les-Bains, dans l’espoir de pouvoir gagner la Suisse tout prochainement. Malgré cette tension qui s’accentue, le récit reste linéaire et la réalisation sans panache continue à ronronner dans une totale indifférence, laissant au spectateur la frustrante sensation d’être abandonné au bord de l’action.
Seul le final nous accordera une émotion portée à son comble grâce à l’interprétation du « Requiem pour mes frères Tziganes ». Cette partition désormais perdue est jouée une seule fois à la libération à la mémoire de tous les Tziganes assassinés durant la deuxième guerre mondiale. L’affichage de la photo de chacun de ces malheureux sacrifiés rappelle que la persécution des minorités et des apatrides qui n’ont nulle part où aller se poursuit inexorablement. Aujourd’hui autant qu’hier.
L’Amérique panse ses plaies à force formules dramatiques et d’efficacité. On peut y trouver le temps long, mais la traque est plutôt bien fignolée et surprend par sa sobriété.
Réalisateur : Peter Berg
Acteurs : Kevin Bacon, John Goodman, Mark Wahlberg, Michelle Monaghan, J.K. Simmons
Genre : Policier / Polar / Film noir
Nationalité : Américain
Date de sortie : 8 mars 2017
Âge : Interdit aux moins de 12 ans
Durée : 2h09mn
Box-office : 31.800.535$ (recettes USA)
Alors que la ville de Boston est sous le choc de multiples explosions, le sergent de police Tommy Saunders (Mark Wahlberg) rejoint les enquêteurs sur le terrain dans une course contre la montre pour traquer et arrêter les auteurs avant qu’ils ne frappent à nouveau.
Croisant les parcours de l’agent spécial Richard Deslauriers (Kevin Bacon), du commissaire Ed Davis (John Goodman), du sergent Jeffrey Pugliese (J.K. Simmons) et de l’infirmière Carol Saunders (Michelle Monaghan), ce récit sans concession évoque la chasse à l’homme la plus complexe jamais mise en œuvre par la police américaine – et rend un vibrant hommage aux héros du quotidien.
Le plus vieux marathon au monde, celui de Boston, a été le décor d’un attentat islamiste parmi les plus meurtriers jamais commis sur le sol américain en 2013. La tragédie est-elle à peine digérée par l’Amérique qui a poursuivi sa course jusqu’à l’élection de Trump, qu’Hollywood, aujourd’hui, s’empare déjà de l’H/histoire pour en faire un thriller mélodramatique, hommage sincère et poignant aux victimes devenues des émissaires de la paix.
Un peux long (tout de même plus de 2h), le drame héroïque abuse des formules américaines pour convenir à un public large en quête de catharsis, comme pour mieux répondre au besoin de deuil national, et permettre aux rescapés de retrouver toute leur dignité.
Aussi, le polar urbain avec Mark Wahlberg, se déploie comme une constellation dramatique, avec une structure chorale, où l’on pose quelques personnages clés avant le massacre imminent. Chacun est brossé dans l’incarnation de valeurs que l’on ne connaît que trop bien, le courage, l’amour, l’abnégation… Un point fort pour l’empathie, mais qui éloigne toujours le film de Peter Berg des grandes oeuvres dramatiques auquel il souhaiterait appartenir. Il ne figurera d’ailleurs pas aux Oscars, en 2017.
Le double attentat arrive vite ; il ne devient donc pas l’enjeu dramatique essentiel, puisqu’ici, il sera question avant tout des conséquences immédiates, psychologiques, dramatiques, et surtout de l’enquête minutieuse des forces spéciales, immédiatement déployée, et dont on assiste au travail minutieux, de façon quasi documentaire, et surtout à la traque qui va suivre celle de deux jeunes terroristes paumés, conspirationnistes islamistes qui ont défrayé la chronique et donc les visages sont connus jusqu’en France.
Peter Berg, que l’on a connu plus rentre-dedans (Lone Survivor), s’assure davantage de sobriété que dans ces films récents (Battleship). Le propos ne se veut nullement polémique, même si il ébauche quelques questions sur ces jeunes gens déracinés qui épousent une cause suicidaire aux noms d’idéaux contradictoires à leur propre passé.
De par son approche des personnages, Traque est davantage destiné à un public américain, malgré une thématique malheureusement commune à notre nation. Le thriller post-attentat n’en reste pas moins de bonne tenue.
Un mélodrame ambitieux mais qui échoue à transformer le pathos en lyrisme vibrant.
Réalisateur : Radu Mihaileanu
Acteurs : Derek Jacobi, Gemma Arterton, Sophie Nélisse
Genre : Drame, Fantastique, Romance
Nationalité : Américain, Français, Canadien, Roumain
Distributeur : Wild Side Video
Date de sortie : 9 novembre 2016
Durée : 2h14mn
– Sortie DVD et Blu-ray : le 29 mars 2017
Il était une fois un garçon, Léo, qui aimait une fille, Alma. Il lui a promis de la faire rire toute sa vie. La Guerre les a séparés – Alma a fui à New York – mais Léo a survécu à tout pour la retrouver et tenir sa promesse.
De nos jours, à Brooklyn, vit une adolescente pleine de passion, d’imagination et de fougue, elle s’appelle aussi Alma. De l’autre côté du pont, à Chinatown, Léo, devenu un vieux monsieur espiègle et drôle, vit avec le souvenir de « la femme la plus aimée au monde », le grand amour de sa vie. Rien ne semble lier Léo à la jeune Alma.
Et pourtant… De la Pologne des années 30 à Central Park aujourd’hui, un voyage à travers le temps et les continents unira leurs destins.
On voit bien l’ambition du cinéaste, créer une fresque qui embrasse plusieurs décennies, plusieurs continents, pour en faire une réflexion sur l’amour ; mêler l’intime et le grandiose, à travers des destins divers et pourtant liés. Et ça commence plutôt bien, avec un beau travelling latéral puis aérien, promesse d’un lyrisme contenu.
Mais très vite le film s’embourbe : Derek Jacobi ne saurait être mauvais, mais son numéro de vieux ronchon et désespéré sombre dans la caricature (les scènes de faux tremblements sont épouvantables).
De même les personnages féminins, mal dessinés, agacent par leurs atermoiements et leurs mièvrerie. Quant aux transitions entre passé et présent, elles se veulent originales en proscrivant l’arbitraire mais ajoutent à la lourdeur du propos.
L’histoire de l’amour, c’est un peu un Lelouch des mauvais jours, perdu entre fausse naïveté et grands sentiments : l’imaginaire devient imagerie ; les dialogues pesants explicitent sans fin, ne laissant au pauvre spectateur que peu de répit.
On aimerait vibrer, se laisser emporter : une belle séquence comme celle des retrouvailles à New-York entre Léo et Alma, émouvante par ses révélations et sa tension, montre ce qu’aurait pu être le film ; ailleurs hélas, cette simplicité se mue en excès, en tergiversations infinies, en dialogues théoriques, en longues scènes banales. Et que dire des envolées musicales lassantes …
Que sauver alors ? La photographie, constamment soignée, le personnage du frère-Lamed-Vovnik, quelques moments brefs sans larmes ni symphonies (la visite à l’hôpital, par exemple). C’est trop peu pour un film si long.
Les suppléments :
Un making-of assez curieux, découpé en courts modules, entre scènes prises sur le vif et entretiens, six scènes coupées non indispensables et la bande-annonce.
L’image :
De la dentelle : on pourrait compter les feuilles des arbres ou les veines des bras. Le Blu-ray à son meilleur.
Le son :
Des envolées musicales au murmure amoureux, de la pluie au crissement d’une plume sur le papier, les deux pistes DTS-HD 5.1 mettent tout en valeur avec une précision d’anthologie.