Pays : États-Unis
Année : 2014
Casting : Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston, …
Beaucoup reprochent à Tim Burton d’être tombé dans un copier-coller fade de ses œuvres précédentes. En cela, revenir sur «Big Eyes » permet de jeter un œil différent sur sa filmographie.
Margaret est une artiste qui vit difficilement avec sa fille. Elle rencontre alors Walter Keane, peintre roublard qui fera vendre ses tableaux, des variations de portraits d’enfants avec des yeux démesurés.
Tim Burton a un style assez particulier, mélange de gothisme et romantisme remettant en avant les Freaks souvent mis de côté dans un certain cinéma. On en avait notamment parlé sur un autre site alors que nous abordions son « Miss Peregrine ». Ici, il semble que Burton se soit confronté à une certaine confrontation entre l’artiste qui se sent bien dans son monde et des personnes qui profitent du succès pour recopier cet univers dans un but financier. Le sujet des « Big Eyes » était alors déjà intéressant sur ce qu’il racontait entre la création artistique et la place financière de celle-ci. Si on y ajoute un prisme Burtonien, on en trouve alors une nouvelle lecture assez passionnante sur le réalisateur.
La confrontation entre ces deux pôles se retrouve également dans la direction d’acteurs. Là où Amy Adams incarne une peintre à la personnalité timide intérieure, Christoph Waltz transforme son protagoniste en modèle grotesque en quête de rentabilité et de renom rapide. L’opposition est assez nette et si elle peut sembler peu subtile aux yeux de certains, cela relève d’une cohérence assez logique. L’introversion de Burton se retrouve écrasée par une grandiloquence hollywoodienne profitant de sa patte pour la transformer en marque. La machine financière a souvent mâché des artistes pour rendre leur unicité marketable. Burton et Keane ne sont ainsi que des noms vendeurs aux yeux de certaines entreprises, séparant l’humain de son œuvre.
La question de la copie se retrouve donc également entre ces deux visions. D’un côté, elle est synonyme de cohérence artistique dans la filmographie de l’auteur. De l’autre, il y a un aspect presque copyrighté, un produit qu’il faut absolument vendre au plus grand nombre. Dès lors, faut-il reprocher au réalisateur de ne pas sortir des sentiers battus ou à l’industrie de s’être réapproprié cet univers avec un besoin constant de rentabilité ? C’est aux spectateurs et aux fans de juger. Néanmoins, on serait tenté de dire que chacun a une certaine honnêteté dans sa volonté : garder l’univers que l’on s’est créé ou essayer de gagner de l’argent avec celui-ci. Est-ce cynique ? Peut-être, mais cela rentre dans une logique capitaliste qui ne se cache désormais plus.
« Big Eyes » relève des doutes d’un auteur par rapport à sa place dans l’industrie Hollywoodienne et ce de manière plus frontale que le film qui suivra. Burton réfléchit à la cohérence de son univers stylistique et se questionne quant à son avenir tout en se reconnaissant en cette peintre dont l’œuvre devient symbole d’une société commerciale au possible. Cela rend ce « Big Eyes » assez humain et touchant, tout en permettant à son réalisateur de rappeler qu’il n’est qu’une personne avec ses doutes, ses rêves et son monde. Comme Margaret Keane en somme…