Date de sortie : 16 décembre 1994 (États-Unis),
14 juin 1995 (France)
Réalisateurs : Peter et Bobby Farrelly
Acteurs principaux : Jim Carrey, Jeff Daniels, Lauren Holly, Mike Starr
Genre : Comédie
Nationalité : Américain
Compositeur : Todd Rundgren
– ARRÊTEZ CET AVION !! – Non non, n’y allez pas !
– Vous inquiétez pas, je suis chauffeur de limousine !
Après quelques films sympathiques dont le méconnu Vampire Forever et sa révélation dans les comédies culte Ace Ventura, Détective Chiens et Chats et The Mask, Jim Carrey atteint les sommets de son humour déjanté avec l’excellent Dumb & Dumber, premier film des frères Farrelly. Incarnant Lloyd Christmas, un chauffeur de limousine aussi peu futé que sa coupe au bol est ringarde, il fait équipe avec Harry Dunne, un colérique à moitié bègue et mal coiffé interprété par Jeff Daniels (La Rose Pourpre du Caire, Arachnophobie, Speed), qui n’a rien de mieux à faire que customiser sa camionnette en berger des Pyrénées pour ses livraisons de chiens. Lloyd croise le chemin de la ravissante Mary Swanson, jouée par Lauren Holly (Linda Lee dans Dragon L’Histoire de Bruce Lee), le coup de foudre est tel qu’il ne peut s’empêcher de vouloir lui ramener la mallette qu’elle laisse pourtant volontairement à l’aéroport pour un duo de personnages peu recommandables.
Incarnés par Mike Starr (Les Affranchis, Cool World, Ed Wood) et Karen Duffy, ces derniers vont alors les traquer sur la route pour qu’ils n’atteignent jamais Aspen, ville d’où le malicieux Nicholas Andre tire les ficelles sous les traits de Charles Rocket (Objectif Terrienne, Danse avec les Loups, Hocus Pocus). Si la première partie de Dumb & Dumber s’attache à la situation des deux protagonistes, qui perdent leur boulot et vivent dans un logement miteux avec un élevage de vers de terre comme seul projet, elle annonce surtout la variété des gags à venir. On y voit en effet Lloyd serrer Mary dans ses bras comme s’ils venaient de vivre un moment inoubliable, percuter une voiture en suivant Mary des yeux et se vautrer dans l’aéroport en pensant pouvoir rattraper son avion pendant qu’Harry offre gracieusement des sandwiches aux chiens qu’il vient de toiletter.
J’aurais cru que les montagnes rocheuses
étaient un peu plus… rocheuses que ça !
La seconde partie de Dumb & Dumber se concentre sur les nombreuses péripéties qu’ils s’infligent eux-mêmes sur la route. Les situations d’anthologie ne manquent pas entre leur arnaque au routier Gaspard, Lloyd contraint d’uriner dans des bouteilles vides tandis qu’un policier poursuit leur véhicule, Harry qui cherche désespérément de quoi éteindre le feu sur ses chaussures à la station-service, le coup de poing dans la figure à travers le vitre d’une cabine téléphonique et Lloyd qui se trompe de route en pleine nuit. Le délire atteint son paroxysme quand ce dernier caricature à outrance les arts martiaux lors d’un rêve où il s’imagine défendre Mary face à plusieurs agresseurs dans un restaurant, ou encore lorsque les deux compères ne s’arrêtent plus d’exaspérer Mentalino alors qu’ils le prennent comme autostoppeur. Le pire est qu’ils arrivent à passer pour des pros aux yeux de leurs opposants quand ils liquident involontairement ce dernier en partant d’une simple blague de piment dans son burger.
Tandis qu’ils découvrent enfin que la mallette regorge de billets, ils ne cessent d’empiler les clichés sur les riches, comme les paquets qui dégoulinent lorsqu’ils ouvrent les portes de leur Ferrari et les dollars qui servent de mouchoir tellement ils ne savent plus quoi en faire. Si Lloyd continue d’accumuler les rires et autres tronches d’imbécile heureux en plus des films qu’il se fait durant tout le scénario, Harry s’accapare carrément Mary lors d’une journée au ski, préfigurant ainsi le scénario de Mary à Tout Prix, des mêmes réalisateurs. Les situations délirantes s’enchaînent alors avec le bouchon de champagne qui dégomme une chouette, Lloyd qui hurle de joie quand Mary lui annonce qu’il aurait une chance sur un million de finir avec elle, et leur engueulade qui explose une fois attachés sur le lit. Si plusieurs gags pipi caca ou en-dessous de la ceinture peuvent être de trop, l’idée du laxatif qui oblige Harry à se retrouver coincé aux toilettes dans le chalet de Mary s’avère relativement efficace.
– Alors vous passez me prendre à dix-neuf heures quarante-cinq ?
– Euh ce soir bah non j’ai à faire, enfin bon alors si vous voulez bien j’aimerais plutôt huit heures moins le quart.
Fort bien réalisé, Dumb & Dumber vaut aussi pour son rythme parsemé de courtes compositions qui viennent ponctuer certains moments forts, comme « First Love » lors du coup de foudre, « Urgent Bagage » quand Lloyd tente de rattraper l’avion et « Wrath of the Gas Man » qui annonce la présence d’un antagoniste. Outre l’enivrante « The Rain, The Park and Other Things » de The Cowsills durant le rêve et l’entraînante « Oh, Pretty Woman » de Roy Orbison à l’institut de beauté, plusieurs chansons américaines dynamisent les moments sur la route et à la montagne telles que « Boom Shack-a-lack » d’Apache Indian, « Crash (The 95’ Mix) » par The Primitives et « New Age Girl » par Dead Eye Dick. Todd Rundgren lui-même vient apporter une touche plus personnelle avec « Can We Still Be Friends » lors de l’avant-dernière séquence.
Un scénario rocambolesque sans lequel Mary n’aurait jamais retrouvé son mari, mais qui laisse ironiquement Lloyd et Harry sur le carreau étant donné qu’ils se retrouvent de nouveau à pied sur la route. Mais au cas où le titre du film ne serait pas suffisamment explicite, une dernière scène vient achever de démontrer leur qualification de cloche et d’idiot (selon le titre québécois) tandis qu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils auraient pu servir de masseurs à une trentaine de filles dans un bus en tournée bikinis. Complété par un préquel à l’intérêt limité sans l’équipe d’origine puis par une suite correcte par les mêmes réalisateurs quelques années plus tard, Dumb & Dumber représente brillamment le sommet de la carrière comique de Jim Carrey tout en faisant partie de ces comédies intemporelles à consommer sans aucune modération.