Date de sortie : 18 décembre 1965 (Italie),
30 septembre 1966 (France)
Réalisateur : Sergio Leone
Acteurs principaux : Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonté, Mario Brega
Genre : Western spaghetti
Nationalité : Italien
Compositeur : Ennio Morricone
Là où la vie n’avait pas de valeur, la mort, parfois,
avait son prix. C’est ainsi que les chasseurs de primes
firent leur apparition.
Deuxième film de la Trilogie du Dollar, Et pour Quelques Dollars de Plus (For a Few Dollars More) confirme définitivement le talent artistique de Sergio Leone grâce à une réalisation des plus intenses servie par des personnages et des compositions musicales d’une redoutable efficacité. Clint Eastwood y effectue son retour en chasseur de primes appelé le Manchot : il ne manque en effet qu’avec sa main gauche, laissant toujours la droite agrippée à son pistolet. On croirait même qu’il joue le même personnage que dans Pour une Poignée de Dollars étant donné qu’il porte le même poncho dans l’autre sens, les impacts de balles de sa précédente aventure restant visibles durant certaines scènes. Gian Maria Volonté atteint des sommets en incarnant l’Indien, un criminel au regard glaçant qui n’hésite pas à faire preuve de cruauté envers la famille de celui qui l’avait fait mettre en prison.
C’est pourtant le charismatique Lee Van Cleef (L’Homme qui tua Liberty Valence, La Conquête de l’Ouest) qui impose d’emblée sa posture et son autorité en apparaissant dès la première séquence du film. Son personnage du colonel Douglas Mortimer s’ajoute habilement aux deux précédents pour créer une intrigue qui s’éclaircit tout au long du scénario, entre vengeance et alliances masquées. Rappelant fortement Jesse James avec ses vêtements noirs, sa moustache, ses yeux fins et son air sérieux, Lee Van Cleef sera aussi une des sources d’inspiration d’Hideo Kojima pour le personnage de Revolver Ocelot dans Metal Gear Solid. Parmi les hommes de l’Indien, Klaus Kinski sort clairement du lot pour son interprétation du Bossu, tandis que l’on retrouve Mario Brega dans le rôle de Niño, ainsi que Joseph Egger qui joue un vieux prophète.
Si Pour une Poignée de Dollars inaugurait le style du western spaghetti, Et pour Quelques Dollars de Plus sublime la formule grâce à une narration puissante portée par des personnages brillamment interprétés, des jeux de regard en gros plan à l’expression intense ainsi que des séquences variées comme la partie de poker, le vol du coffre de la banque et la provocation de Mortimer au saloon. Le duo formé par le Manchot et ce dernier s’avère d’une redoutable efficacité, entre provocations successives (le duel de tir sur chapeau) et collaboration pour traquer l’Indien. L’expérience de l’ancien et la pugnacité du jeune se complètent habilement lors de scènes mémorables aboutissant à une conclusion touchante. Si les réelles motivations de Mortimer se dévoilent petit à petit lors de flashbacks, il reste cependant dommage que le scénario manque d’éléments pour faire le lien avec l’Indien.
Les compositions musicales, quant à elles, qui n’en finissent plus de transcender le récit. Outre le thème principal récurrent aux sifflements reconnaissables, la montre à gousset renforce considérablement le background de l’Indien, notamment grâce à la mélodie dont il se sert pour chacun de ses duels comme pour expier un crime qui le tourmente. Cette musique intradiégétique est alors renforcée par la composition extradiégétique d’Ennio Morricone, dont l’orgue renforce la dramaturgie. Puissant dans ses jeux de regard, le duel final préfigure presque celui de Le Bon, la Brute et le Truand grâce à un trio au sommet de ses enjeux, fortement intensifiés par des instruments qui subliment le suspense. Dépassant de loin son prédécesseur, Et pour Quelques Dollars de Plus s’impose comme un des meilleurs westerns de tous les temps.