On a tous un remake que l’on déteste plus que tout, le genre de renouvellement de saga qui ne respecte guère l’esprit original et le trahit complètement. Les exemples sont si nombreux qu’il serait dur de tous les citer (Pour le fun, « Martyrs », « Old Boy » et « Carrie »). Mais d’un autre côté, il existe des remakes réussis. Ainsi, « The thing » de John Carpenter, un classique de l’horreur et de la science-fiction, n’est autre qu’un remake de « La chose d’un autre monde », film de 1951 réalisé par Christian Nyby et Howard Hawks (film qui apparaît d’ailleurs dans « Halloween, la nuit des masques »). Ainsi, il y a des remakes qui tirent leur épingle du jeu en imposant leur propre touche tout en respectant l’ADN du film refait, comme par exemple les deux « Halloween » de Rob Zombie, cohérents dans sa filmographie tout en étant parmi les meilleurs de la saga. D’où le sujet du jour : le remake de 2013 du cultissime « Evil Dead » par Fede Alvarez.
Mia est une toxicomane emmenée dans une cabane dans la forêt par deux de ses amis, son frère et la copine de celui-ci afin de la sevrer pour lui éviter une nouvelle overdose qui lui serait fatale. Malheureusement, l’un de ses amis a la bonne idée de lire les passages en latin (Bordel, si Fran Kranz l’a dit dans « La cabane dans les bois », c’est qu’il ne faut pas le faire !) d’un livre trouvé à l’intérieur, ce qui va provoquer des événements forts désastreux…
Vendu comme « Le film le plus terrifiant que vous ayez jamais vu », cette version moderne de la saga de Sam Raimi évacue tout ce qui relevait d’humoristique pour se tourner vers la violence frontale de manière sérieuse. Il n’y a rien qui relève de la blague ici, juste du gore chirurgical qui marque. La terreur se joue donc de par cette violence physique (ce qui fonctionne, notamment grâce à des effets spéciaux majoritairement sur plateau) mais aussi par des jumps scares (ce qui fonctionne là moins bien, malgré un ou deux de réussis).
Malgré ce ton fort sérieux, on retrouve de nombreux liens avec la saga. Ainsi, outre quelques clins d’œil (la Oldsmobile qui apparaît brièvement, la scène de poursuite, les réadaptations de la scène de viol d’arbre ou de l’amputation du bras possédé), l’ambiance des deux premiers films se retrouve présente, que ce soit par un travail de lumière superbe ou certains morceaux de la bande originale, rappelant les passages « horrifiques » qui faisaient le charme des films de Sam Raimi.
Si le travail de relations dans le groupe de personnages aurait mérité d’être plus étoffé, on sent un lien fort et assez touchant entre Mia et son frère qui nous permet un meilleur attachement à ces deux personnages et aux malheurs qui leur arrivent. Impossible aussi de ne pas parler d’un climax apocalyptique et cauchemardesque se déroulant sous une pluie de sang, nouvelle preuve de l’importance de l’hémoglobine dans ce récit.
En bref, si cette nouvelle version d’Evil Dead n’est pas le film d’horreur ultime promis par la promotion, il constitue un spectacle assez divertissant, s’inscrivant pleinement dans la volonté de renouvellement entre chaque opus de la saga et fonctionnant aussi bien en tant que remake de film classique qu’en tant que « simple » film d’horreur.