Date de sortie : 2 décembre 1981 (1h 38min)
Réalisateur : Jean Girault
Acteurs principaux : Louis De Funès, Jean Carmet, Jacques Villeret, Christine Dejoux
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français
Compositeur : Raymond Lefebvre
Adaptation du roman éponyme de René Fallet paru au début de l’année précédente, La Soupe aux Choux est une comédie touchante saupoudrée de science-fiction marquant l’avant-dernière collaboration entre Jean Girault et Louis De Funès après des films comme Jo, Le Gendarme et les Extraterrestre et L’Avare. Ce dernier y incarne le sabotier Claude Ratinier, dit « le Glaude », vivant dans une campagne reculée auprès du puisatier Francis Chérasse, dit « le Bombé », interprété par Jean Carmet (La Septième Compagnie au Clair de Lune, Allons z’Enfants, Les Misérables). Septuagénaires à l’écart de la civilisation moderne, ils mènent une vie à l’ancienne en consommant plusieurs litres d’alcool par jour, dont leur fameux perniflard.
Leur quotidien est perturbé par un extraterrestre, qui apparaît en pleine nuit à bord d’une soucoupe volante sous les traits de Jacques Villeret (Papy fait de la Résistance, Le Dîner de Cons, Iznogoud), qui se trouve alors révélé auprès du grand public. Tandis que Francine, défunte femme du Glaude jouée par Christine Dejoux, est ramenée à la vie à l’âge de vingt ans, la différence entre les générations s’accentue et les difficultés de vivre à cette époque se font d’autant plus ressentir. Pourvu d’un casting de qualité, le film comporte aussi le caméo de plusieurs acteurs familiers au duo Girault De Funès tels Henri Génès, Claude Gensac et Max Montavon.
Grand habitué du réalisateur, Raymond Lefebvre rend le film intemporel grâce à des musiques d’une grande intensité composées à l’aide de synthétiseurs, à commencer par l’excellent thème principal qui se reconnaît entre mille. En surface, l’humour de La Soupe aux Choux est d’abord habituel des mimiques de De Funès, qui râle à l’excès, grimace tant qu’il peut, imite la façon de communiquer de l’extraterrestre et propose une joyeuse caricature du vieux franchouillard aux côtés de Jean Carmet. De nombreuses séquences courtes, dont celle du médecin et du brigadier, viennent efficacement renforcer le comique de l’œuvre. Bien que certains gags puissent surfer avec le loufoque (péter à outrance pour faire venir un extraterrestre…), le film aborde en réalité plusieurs thématiques qui le démarquent d’une simple comédie.
Thème cher à De Funès déjà effleuré dans le cinquième épisode du Gendarme, la vie extraterrestre est ici approfondie avec le personnage de Jacques Villeret, surnommé « la Denrée » pour l’exotisme qu’il procure et la soupe dont il raffole. Finissant par apprendre le langage humain puis à parler avec le patois du Glaude, il a même ses instants touchants alors qu’il demande la signification du mot « plaisir ». Ce qui amène à la thématique du temps qui passe, notamment abordé à travers Francine, dont la résurrection crée un grand décalage avec son mari, comme l’atteste la scène de l’omelette où il braille sur le rythme des œufs battus car elle refuse qu’il la regarde en train de s’habiller.
Différente des épouses traditionnelles, Francine est la première à choisir de s’émanciper de son mari, qui devient alors comme un oncle, pour profiter de sa seconde vie. Dans la lignée de L’Aile ou la Cuisse et de La Zizanie, le film dénonce également la désertification rurale causée par l’industrialisation à la société française à travers le maire capitaliste qui les pousse d’autant plus à quitter la planète. Empli d’une certaine émotion, La Soupe au Choux peut alors se caractériser comme le testament de Louis De Funès tandis qu’il choisit de rejoindre un monde meilleur, ne partageant plus les valeurs des hommes de la fin du XXème siècle. Une comédie française d’anthologie !