Hacker de Michael Mann
Six ans se sont écoulés depuis le dernier Mann, Public Enemies. Tout ce temps, son réalisateur s’était éloigné du grand écran pour mieux travailler son œuvre. Cela n’était, que pour mieux revenir avec son très attendu nouveau film, Hacker.
À 72 ans, Michael Mann prouve qu’il est un des grands réalisateurs a avoir su évoluer avec son temps.
Il est un des plus grands cinéaste du polar : Le Solitaire, Le Sixième sens, Heat, Collatéral, Miami Vice, la quasi totalité de sa filmographie se résume en effet a ce genre, tout en lui faisant gravir à chaque fois un nouvel échelon.
Cette fois-ci, l’évolution est forte. Il s’agit du passage à l’ère informatique, et des cybercriminels dans le monde réel, représentant donc une partie de l’époque moderne.
Michael Mann nous emmène en territoire plutôt dangereux de cet univers virtuel et complexe a mettre en scène.
Ce dernier a fait des recherches sur la cybercriminalité pendant deux ans pour peaufiner son script et on ne peut que être emballé par ce nouvel exercice.
Malheureusement, le film fut un échec au box-office américain comme a l’international. Une preuve que le box office n’est certainement pas un gage de qualité parfois, je dirait.
Le long-métrage débute sur un long plan-séquence qui nous fait traverser le cœur des systèmes informatiques des hackers. Une efficace entrée en la matière amenant l’explosion d’une centrale nucléaire de Chine et nous lance immédiatement dans le vif du sujet grace a cette immersion en numérique.
Depuis Collatéral en 2004, le réalisateur ne tourne plus qu’au numérique, contrairement a ces collègues comme J.J. Abrams, Christopher Nolan, ou Quentin Tarantino, qui défendent la pellicule au profit du numérique.
Force est de constater que Mann, via cette technologie, s’est détaché de la masse et a affiné un style particulièrement atypique. Hacker est dans cette lignée.
Cela faisait de nombreuses années que le cinéaste ne s’était pas entouré d’un casting contenant aussi peu de stars, mais qui n’enleve rien au film. Chris Hemsworth, Viola Davis, la ravissante Tang Wei, Yorick van Wageningen ou encore Holt McCallany chacun exécute brillamment son taff.
Après Ron Howard et son sublime Rush, Mann offre aussi la chance a Chris Hemsworth de se décoller de son rôle du super héros Thor et il se révèle convaincant.
Pour façonner son personnage principal, Nicholas Hathaway, Michael Mann s’est inspiré du hacker Stephen Watt qui, après son arrestation, a conçu des logiciels de protection des mails.
Chris Hemsworth rejoint la liste des parfaits héros dit “mannien” tel James Caan dans Le Solitaire, des Pacino, De Niro et Kilmer dans Heat et Will Smith dans Ali : Viril, solitaire, énigmatique et charismatique.
Le cinéaste n’a rien perdu de sa superbe. La violence et le réalisme de ces scènes d’actions sont saisissante. Ce dernier a un véritable sens de mise en scène et de la direction d’acteur.
Bien qu’il soit minime sur un long-métrage de 2 heures, chacunes des scènes sont de véritables moments d’adrénaline innatendu.
Hacker sait gérer son action en évitant d’en faire trop, son propos n’en faisant pas spécialement un film d’action mais Mann aurait pu se laisser aller simplicité de son scénario.
Il n’en est rien car Mann ne cherche aucunement à cacher le vrai côté série B de son film. Son récit est simple, clair et précis, et lui permet justement de développer a fond son sujet qui en lui même en réside d’autres : la cyber-criminalté, l’économie et la politique ainsi que la dangerosité des nouvelles technologies.
Au fur et a mesure, Mann construit son long-métrage tel un jeu d’échec comme lui seul arrive a faire. Il prend son temps pour poser les enjeux et les personnages, bien qu’on aurait préféré une élaboration autour du passé de Chris Hemsworth.
Le thriller passe la seconde dès la fusillade de Hong Kong faisant basculer le film, dans la menace permanente et faisant passer les traqueurs à traqués. En une scène, il reconfigure la position et la vulnérabilité de tous les protagonistes.
Étendant son récit entre l’Asie du Sud-Est, de Hong-Kong à Jakarta, Hacker, Mann nous fait voyagez dans une ambiance contemplative qui seconde le récit.
Bien qu’ Hacker ne soit pas en reste, il n’arrive pas a égaler ces prédécesseurs et possède ces défauts. Il dure 2h15 et beaucoup de longueurs se font ressentir du a un scénario convenu, ainsi que des incohérences gênantes qui ne s’arrêtent pas qu’au domaine informatique et des rebondissements très téléphonés.
Malgré tout, le réal a réussi a me captiver de bout en bout, jusqu’a un face à face crépusculaire.
Hacker se révèle être une immersion réussie dans l’univers de la cybercriminalité comme on en voit peu et un thriller de haute volée qui confirme encore tout le talent d’un cinéaste en marge de Hollywood.
Un Mann certes mineur au vue de l’étendue de sa grande filmographie, mais un très bon Mann, comme seul ce dernier sait faire. Brillant
5/6