Réalisateur : Riad Sattouf
Origine : France
Durée : 90 minutes
Date de sortie: 10 juin 2009
Acteurs :  Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, Noémie Lvovsky, Alice Tremolières, Emmanuelle Devos…

 

En 2009, Riad Sattouf, génie de la Bande Dessinée française (Pascal Brutal, L’Arabe du futur…), passe derrière la caméra et sort pour son premier film l’une des meilleures comédies de ces trente dernières années.

On y retrouve son goût des déboires adolescents qu’on avait déjà pu expérimenter dans des œuvres comme Retour au collège ou Manuel du puceau.

Dans Les Beaux gosses, on suit Hervé (Vincent Lacoste, dans son premier rôle, admirable) et son meilleur pote Kamel (Anthony Sonigo, premier rôle également et lui aussi impeccable), deux losers qui vivotent plus ou moins bien au collège, physique ingrat, élèves médiocre… Ils rêvent de sortir avec des filles, mais en restent au stade du fantasme, entre deux masturbations devant des pornos, et se prenant des râteaux à répétitions.

Et puis Hervé finit par sortir avec Aurore, l’une des plus jolies et populaires filles de sa classe.

Ce film est une masterclass. Ce film est l’anti La Boum, l’anti Lol, et anti tous les films du même tonneau. Ce film, contrairement à la grande majorité des films traitant de l’amour adolescent, possède une patte « authentique ». On se reconnaît dans les situations, on se reconnaît dans les personnages, on reconnaît l’adolescence. Dans tout ce qu’elle a de pathétique, de minable, de crade. On voit des adolescents et non pas une vision d’adulte et fantasmé de l’adolescence. On a une vision crue et non pas mièvre. Les ados ne sont pas tous beau, propre sur eux, avec une famille parfaite et aimante, complice et compréhensive. Non, ils sont maladroit, nul, mauvais en communication, romantique à leur manière, les familles bien qu’aimantes, sont dysfonctionnelles, les jeunes ne sont pas bienveillants entre eux, sont cruels, ne sont pas premiers de classe, et surtout ont la tronche pleine d’acné. Le premier baiser n’est jamais parfait, même si agréable, il contient toujours ou trop de langue ou pas assez.

 

 

Le fait que Riad Sattouf se soit entouré majoritairement d’acteurs peu ou pas connu, renforce cette impression d’authenticité. Et de cette authenticité vient l’humour du film. Parce que comme je l’ai notifié, le film est une comédie, excellente. Les interactions entre Hervé et sa mère, divorcée, complètement dépassée, pleine de bonne volonté, intrusive, et incroyablement pénible bien qu’attachante sont à chaque fois de grand moment.

 

 

 

Mais si le film est une aussi bonne comédie, c’est aussi parce que la tragédie y est présente. Je vous rassure tout de suite, il n’y a rien de trop tragique , mais contrairement aux films traitant du même sujet, le film ne s’achève pas sur une happy end.

Le fait qu’Hervé et Aurore sortent ensemble, n’est pas la conclusion. La jeune fille belle et populaire ne finit pas avec le jeune homme mal dans sa peau et pas très beau, en réalisant que la beauté est intérieure et bla bla bla… Non, en fait, ils se mettent en couple relativement vite dans le film. Il n’y a pas beaucoup d’explication sur pourquoi Aurore craque sur Hervé, c’est comme ça. Et le film va nous montrer leur relation, entre une jeune fille qui veut du changement dans sa vie et un jeune homme n’ayant aucune expérience amoureuse. On va voir leur relation se détériorer jusqu’à la rupture. On assiste à la fin d’un premier amour, et même si cela leur est bénéfique, aux deux, elle quittant une relation qui ne lui convient pas, lui, en prenant confiance en lui, et que le film s’achève sur une note d’espoir, le constat reste doux amer.

Bref, ce film est à voir, revoir et à savourer. Bien plus subtil qu’il ne puisse paraître de prime abord (le scénario en soit n’a rien de révolutionnaire et est même très basique pour ne pas dire limite inexistant) le jeu d’acteur et les dialogues offre une expérience bluffante de réalisme.

Je recommande donc ce film, véritable témoignage que oui, l’adolescence est un âge ingrat, mais que quelque part, on aimerait bien y retourner.

 


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