Date de sortie 14 août 2019 (2h 41min)
De Quentin Tarantino
Avec Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino, Timothy Olyphant, Luke Perry, Bruce Dern Michael Masden, Emile Hirsch, Damian Lewis, Dakota Fanning…
Genres Drame, Comédie
Nationalité Américain
Synopsis
En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.
L’avis de Liam
Parler du travail de Quentin Tarantino risque d’être alambiqué tant il se rattache à son nom une image de réalisateur plongeant dans la violence graphique et l’amour du dialogue avec un côté caricatural. En effet, au cours de sa filmographie, celui-ci aura traité de sa passion du septième art par des citations permettant de voir les influences l’ayant construit et aura su développer une réflexion de l’image et de la parole passionnante, comme dans le fabuleux « Inglourious Basterds ». Le voir s’attaquer à l’un des grands drames hollywoodiens, si pas le plus tragique, s’avérait au premier abord passionnant. Et finalement, cela devient d’une mélancolie puissante.
Ainsi, Tarantino filme Hollywood par la grande et la petite échelle, dans tout ce qui l’a façonné. Il prend son temps, rallonge ses plans pour mieux étirer le temps. Il ne cherche pas qu’à cadrer un décor mais à capter tout un symbole marquant, un monde merveilleux digne du conte. D’ailleurs, ce dernier terme décrit au mieux le genre du film, jusque dans un final appuyant ce statut.
Il y a un réel sentiment bouleversant devant la durée du film, tant Tarantino fait de ses personnages de véritables figures héroïques. Le drame d’un Rick Dalton, c’est d’être désemparé par son statut de has-been là où l’audience s’attache à lui. La tragédie de Sharon Tate, c’est de la voir briller de joie devant les spectateurs la regardant (dans un jeu de brouillon de fiction et réalité faisant saigner le cœur) alors qu’on doit repenser à son sort futur. En cela, le final appuie ce sentiment de douleur dans le réel, de fin d’une époque où l’on pouvait penser que tout allait au mieux.
C’est en cela que la durée du film, plus de deux heures quarante, pourrait perdre certains. Et pourtant, chaque image est à profiter et savourer tant Tarantino cherche à nous rappeler un monde perdu, sublimé au possible par ce cinéphile profitant de chaque digression pour nous tendre ce royaume qu’il rêvait et à qui il cherche par tous les moyens à rendre sa grandeur. On pardonnera alors certaines scènes qui font peut-être trop car le film cherche à l’être et cela le rend merveilleux.
On profitera alors de cette lettre d’amour de Tarantino aussi bien à Hollywood qu’à la fiction en général avec des pistes de lecture si nombreuses qu’il faudra plusieurs visionnages pour l’appréhender totalement. Dans tous les cas, on sort finalement attristé mais pas désenchanté de ce voyage dans le Hollywood de 1969, avec néanmoins un regard triste sur sa place actuelle et touché par un métrage aussi difficile à percevoir entièrement que l’univers qu’il dépeint.
L’avis d’Orel
La tant attendue once upon in Hollywood est sur les écrans, et le film divise déjà de toute part mais il fallait s’y attendre car c’est le film le moins accessible de Tarantino. Il reste aussi sont plus intéressant, on n’y suit Rick Dalton un acteur dont sa carrière est sur le déclin et qui doute de lui. Il est accompagné de Cliff Booth, son cascadeur est meilleur ami qui n’a pas la chance de décrocher un rôle jugé trop violent, certains le soupçonnent même d’avoir tué sa femme. Le film se situe en 1969, nous sommes à Hollywood en pleine industrie cinématographique.
Clairement le film de Quentin Tarantino, est une déclaration d’amour au cinéma et des acteurs légendaire y sont représenté Sharon Tate, Steve McQueen ou encore le réalisateur Roman Polanski qui était le voisin de Rick mais aussi le mari de Sharon. Le film se situe à cette date, comme le dit l’histoire où Sharon Tate fut tuée par les sbires de Charles Manson sous ses ordres. Durant le film on ressent une tension, mais le film de Tarantino se concentre beaucoup sur les dialogues c’est ce qui fait beaucoup le charme de ses films. Si le film de Tarantino est si différent des autres, c’est qu’ici il livre une oeuvre plus intimiste, qui fait passer le réalisateur pour un enfant de choeur. La mise en scène est impeccable, c’est aussi ça la force du réalisateur mettre en scène, sa patte est reconnaissable même si elle est moins distincte.
Quentin Tarantino écrit bien évidemment le scénario de son film, il y développe des personnages passionnants comme Rick Dalton, qui est un personnage touchant. Brad Pitt qui interprète Cliff Booth est un personnage hyper bad-ass, on le voit surtout sur la fin du film. Mais Quentin Tarantino s’amuse surtout à nous balader sur les plateaux Hollywoodiens, en nous racontant aussi que tout n’est pas rose. Dans son film il y a aussi de l’humour, dans les dialogues et les situations. Moins accessible certainement dans la filmographie de Quentin Tarantino, mais c’est sans doute le plus intéressant de sa carrière.
L’avis d’Emmanuel
À suite de Django Unchained et des Huit Salopards, Quentin Tarantino utilise le western comme mise en abyme pour approfondir son attachement à la culture des années 1960, dont il se plaît toujours à extraire des musiques au style résolument rétro. Il choisit précisément l’année 1969 pour l’avènement du Nouvel Hollywood et sa représentation de sujets tabous comme la violence et la sexualité. Tandis que Nixon succédait à Johnson en parallèle d’un mouvement de lutte LGBT aux États-Unis, De Gaulle démissionnait de l’États Français suite aux événements post-mai 68, aboutissant à une révolution sexuelle toujours plus présente. Tarantino reprend Leonardo DiCaprio (Django Unchained) et Brad Pitt (Inglorious Basterds) dans les rôles respectifs de Rick Dalton et de Cliff Booth, une ancienne star d’une série de western et sa doublure de cascade tentant de revenir sur le devant de la scène dans un Hollywood qui semble bien les avoir oubliés.
Si on la voit malheureusement assez peu, Margot Robbie (Suicide Squad, Moi Tonya, Terminal) est bien la troisième star du film dans son rôle de Sharon Tate, célèbre actrice mariée à Roman Polanski et assassinée en 1969 par des disciples du criminel Charles Manson, ces deux derniers étant bien interprétés dans le film (au même titre qu’un certain Steve McQueen). On trouve aussi Al Pacino (Heat, L’Associé du Diable, Insomnia) dans le rôle d’un producteur s’intéressant à Rick Dalton ainsi que Kurt Russell (Boulevard de la Mort, Les Huit Salopards), chargé de gérer les cascadeurs sur le tournage de la série avortée Le Frelon Vert, clin d’œil au film Grindhouse dans lequel il jouait un cascadeur. Lors de cette dernière séquence, un hommage intéressant est fait à Bruce Lee, alors sous les traits de Mike Moh (non étranger aux arts martiaux pour ses interprétations de Ryu dans les web-séries Street Fighter), dans une confrontation volontairement caricaturale mais terriblement badass au niveau de l’action et de l’humour qui s’ensuit.
Une des grandes qualités du film est son ambiance respectant parfaitement l’époque dans laquelle il s’inscrit. Outre des classiques musicaux comme « Hush » (Deep Purple, 1968) et « Ramblin’ Gamblin’ Man » (Bob Seger, 1969), de nombreuses affiches reprennent le style très marqué des années 1960 avec le visage de Rick Dalton à l’intérieur de ses plus grands classiques. Mais Once Upon a Aime in Hollywood traite avant tout de la désuétude grandissante des artistes qui, une fois passés de mode, se font vite oublier au profit de nouveaux arrivants dans une sorte de déshumanisation d’une société pour laquelle le seul succès compte. Cela donne lieu à des séquences marquantes incitant DiCaprio à s’énerver contre lui-même et à tout casser à la manière d’un Loup de Wall Street, et à Brad Pitt à tenter vainement de revoir un vieil ami dans un ranch où il jouait autre fois. Et que dire de Margot Robbie, qui peine à se faire reconnaître en allant au cinéma voir un film dans lequel son personnage était en vedette des années auparavant.
Ce rejet est toutefois compensé par une notoriété indélébile marquant les mêmes artistes, notamment visible lorsque la petite fille jouant dans le western, brillamment jouée par Julia Butters, affirme à Dalton qu’elle n’avait jamais vu quelqu’un jouer aussi bien alors que son attitude hautaine ne le présageait pas du tout quelques minutes auparavant. Et même si Sharon Tate met du temps à se faire reconnaître, elle y arrive tout de même grâce à un ancien du cinéma et est demandée pour une photo à côté de l’affiche avant d’admirer la véritable Sharon Tate à l’écran. Bien sûr, Tarantino utilise une fois de plus la violence pour marquer les conséquences de la concurrence sociétale entre les gens, mais surtout la schizophrénie particulière qu’un acteur peut ressentir lorsqu’il passe sa vie à jouer dans des fictions. La scène de l’agression est génialissime à souhait avec un Brad Pitt qui dégomme les hippies les uns après les autres et DiCaprio qui finit celle qui atterrit dans la piscine en sortant le lance-flamme qui lui avait servi pour un de ses films phares. Entre hommages appréciables et thématiques pas toujours abouties, Once Upon a Time in Hollywood a de quoi diviser. Il n’en reste pas moins un très bon film marquant une fois de plus le grand talent de son réalisateur !
L’Avis de Lionel
Tenté de décrypter le dernier mastodonte de Quentin Tarantino n’est pas une mince affaire, d’autant qu’après un seul visionnage, il est fort probable que je n’ai pas toute les cartes en main pour en faire une analyse concrète tant l’œuvre est extrêmement dense du coup ça sera plus une critique de l’amour que une critique réellement pertinente (puis tout semble avoir déjà été dit sur le film). Pour faire simple, Once Upon a Time in… Hollywood, c’est démentiel, une déclaration d’amour évidente au Hollywood fin des années 60 en pleine mutation que Tarantino revendique comme étant la source de sa passion pour le cinéma, le tout au sein d’un conte mélancolique et ucronique ou on y suit l’histoire de Rick Dalton, un acteur de feuilleton télévisé à la ramasse et de son ami Cliff Booth, un cascadeur qui à du mal à se faire accepter sur les plateaux à cause de son tempérament impulsif et d’une histoire sordide qui ne fait que nuire à sa réputation.
On pourrait regretter que Sharon Tate ne joue pas un immense rôle au sein du long-métrage, mais sa place est plus symbolique, comme une icône fantasmé d’un Hollywood que Tarantino semble regretter. On pourrait également regretter la même chose pour Charles Manson, le gourou sanguinaire, qui lui aussi à le droit à un temps de présence limité à l’écran (à noté que son nom n’est jamais mentionner, il est juste surnommé « Charlie » par les membres de sa secte), cependant cette seule séquence suffit à définir le personnage et les atrocités que lui et sa secte ont pu causé et son aura plane tout le long du film. Les références au Hollywood des années 60 sont légion, que se soit les films, séries, musique ou stars de l’époque, Tarantino s’amuse et jouis de nous faire partager son amour inconditionnel de la gloire passer de cette époque sans pour autant en ignorer les travers. Niveau mise en scène, Quentin Tarantino fait toujours preuve d’un savoir faire inouï, que se soit n’importe lequel de ses films, mais avec Once Upon a Time in… Hollywood, quelque chose à changer, voir même améliorer. Quelque part on y reconnaît bien son style, sauf qu’il est ici moins tape à l’œil, comme ci Tarantino voulais s’effacer un peu de son propre film sans jamais le quitté des yeux. Alors bien sûr on à le droit aux fameuses tirades à rallonge, de la violence cartoon et son humour noir et cynique qu’on lui connaît, mais c’est pas ce qui frappe immédiatement pour le coup, mais plutôt la manière assez linéaire (mais pas trop quand même) de raconter son histoire via la mise en scène et par se biais, à réussir à suscité de l’émotion pour ses 2 personnages principaux.
Mais que serait un Tarantino sans le fameux dernier quart d’heure qui est un peu comme un petit rituel en jour de fête, et autant vous dire que vous n’êtes pas près pour se grand morceaux de cinéma qui brise la frontière (pourtant tenue durant presque tout le film) entre la fiction et la réalité. C’est à la fois extrêmement jouissif mais profondément beau, car Tarantino ne s’amuse pas à détourner des faits historiques juste pour déconner, il nous fait comprendre purement et simplement que le cinéma permet non seulement de façonner notre imaginaire, mais aussi de pouvoir donner une alternative à des faits tragique, offrir au monde une nouvelle perspective. J’aurais pu revenir sur la direction artistique phénoménal, la BO qui transpire la classe, sur la scène drôle et ironique (qui fait débat) avec Bruce Lee, sur la beauté fantasmé de Margot Robbie ou l’incroyable duo formé par Leonardo DiCaprio et Brad Pitt, mais vous l’aurez compris, il y à trop, beaucoup trop à dire sur Once Upon a Time in… Hollywood qui fait tout naturellement débat, tant la proposition de cinéma est différente de tout ce que à quoi Tarantino nous à habitué tout en restant en parfaite osmose avec le reste de sa filmographie !
Une ode au cinéma qui risque de n’avoir aucun équivalent avant un très long moment… du moins pas avant la sortie du prochain et dernier film de Quentin Tarantino !
Film patchwork avec des longueurs, sauvé par par deux trois scènes dont la dernière tarantinoeste !