Réalisation : Jan Hebejk
Duree : 115 minutes
Genre : Comédie, drame, tranche de vie
Origine : République Tchèque
Sortie : 1999
Distribution : Miroslav Donutil, Jiri Kodet, Michael Beran, Kristyna Novàkovà, Emília Vásáryová, Bolek Polívka…
On découvre parfois des films totalement par hasard. Si je connaissais le cinéma tchèque, c’était surtout de réputation, et hormis Milos Forman, je n’avais jamais vraiment vu de film provenant de ce pays.
C’est ainsi que ma compagne, tchèque du coup, a voulu remédier à mon inculture, en me proposant Pelìsky. Une comédie.
De prime abord, la comédie est l’un des genres que j’apprécie le moins. A de rare exceptions près, je ris assez peu au cinéma. Donc, voir une comédie tchèque, j’avoue humblement avoir pensé passer un moment assez pénible.Et pourtant…
Pelìsky nous raconte la vie de deux familles, préparant Noël. Dans l’une, la famille Sebek, le père est un patriote communiste au plus haut degré. Dans l’autre, la famille Kraus, le père lui, est un ancien soldat, qui déteste le communisme. Les deux se heurtent à l’incompréhension de leurs enfants respectifs, et souvent du reste de leur famille également. Et de surcroît se déteste l’un l’autre.
Si, expliqué comme ça, le film peut laisser penser à un comique de vaudeville, il n’en est finalement rien. Au contraire, le film propose une subtilité d’écriture et une complexité bien supérieure à ce que son synopsis peut laisser penser.
Le film ne verse jamais dans le manichéisme et si l’humour fonctionne très bien (certaines scènes sont hilarantes et m’ont réellement fais rire), la partie « tranche de vie » est également très bonne, et on n’est jamais loin du drame.
Car le contexte dans lequel se déroule le film est dramatique. Le film se déroule pendant les années 67 et 68, en pleine guerre froide, dans un pays régit par le communisme. Et ce climat se ressent dans tout le film jusqu’à la dernière séquence.
La dernière séquence justement verse totalement dans le drame. Drame historique, puisque le film s’achève le 21 Août 1968, jour de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les soldats du Pacte de Varsovie, qui mènera à un régime dictatorial et à l’exil long et forcé de nombreux Tchécoslovaques. Si malgré l’ambiance pesante sur le film tout du long, celle-ci était contrebalancée par la légèreté de certaines situations, la fin elle, ne laisse que peu d’espoir à nos protagonistes. Le film s’achevant sur note plutôt très amère.
Comme je l’ai dit le film est d’une grande subtilité et surtout se pare d’un cachet d’authenticité vraiment exceptionnel. Par moment on a presque l’impression de suivre un documentaire (du genre Strip tease).
À cela trois raisons principales : une écriture très intelligente et très sobre. Comme je l’ai dit, le film est une comédie et pourtant rien ne fait forcé, tout semble authentique, et cela amène aux deuxième point, une réalisation impeccable. Tout en justesse, en sobriété là encore, la réalisation se fait discrète et pourtant s’autorise par moment des écarts très rafraîchissant (la scène où Michal, le fils Sebek, fantasme son cadeau de Noël m’a fait exploser de rire, et plus encore quand la réalité le rattrape). Et dernier point et non des moindre : le jeu d’acteurs. C’est bien simple, le jeu est parfait. Tous sonnent juste, tous sont dans leur personnage. On ne voit aucun jeu, juste des personnes vivre leur vie.
Ce film est une véritable pépite qui non seulement m’a fait beaucoup rire, réfléchir et surtout donné envie de m’intéresser plus encore au cinéma tchèque.
À voir absolument.