• Titre original : the Holiday
  • Date de sortie en salles : 27 décembre 2006 avec Universal Pictures
  • Date de sortie en vidéo : 27 juin 2007 avec Universal Video
  • Réalisation : Nancy Meyers
  • Distribution : Kate Winslet, Cameron Diaz, Jack Black, Jude Law, Eli Wallach & Rufus Sewell
  • Scénario : Nancy Meyers
  • Photographie : Dean Cundey
  • Musique : Hans Zimmer
  • Support : Blu-ray Universal 2012 en 1,85 :1 /136 min
Synopsis :

Deux femmes de chaque côté de l’Atlantique, profondément perturbées par leurs problèmes de cœur, choisissent de prendre leurs distances et s’échangent leurs maisons respectives à l’occasion des fêtes de Noël, sans se douter que, à des milliers de kilomètres de chez elles, elles trouveront enfin l’âme sœur…

Pour tout amateur de cinéma, la saison des fêtes se transforme en prétexte pour lancer un énième challenge, ou marathon : celui des films de Noël, ces comédies romantiques fortement imprégnées des ressorts dramatiques des contes de fées qui voient deux êtres finir par se rencontrer malgré toutes les péripéties qui se mettent en travers de leur chemin. L’improbable prend le pas sur le rationnel dans ces métrages cheezy, corny au possible, auxquels, pour peu qu’on ait un peu de vague à l’âme, on passe tout à condition que ça se termine bien. Évidemment, on le sait bien que le Premier Ministre ne tombera jamais amoureux de sa secrétaire ou que ce veuf n’aura jamais la chance de se consoler dans les bras de Claudia Schiffer (vous voyez où je veux en venir ?), mais pour peu que les interprètes aient du charme, que l’histoire soit rondement menée et soutenue par de jolies mélodies, on fait semblant d’y croire afin de profiter du flot d’émotions qui se déverse lors de l’inévitable fin heureuse.

Image tirée de la fin de Love, actually

C’est ainsi. Le jeu en vaut la chandelle et on accepte de le jouer suivant les règles – sinon à quoi bon glisser le disque dans le lecteur ou l’acheter en VOD si c’est pour pester continuellement sur l’impossibilité des faits ? Intrinsèquement, ce genre de films repose sur une part de magie, liée intimement à la période : à Noël, tout est possible, les coeurs les plus meurtris peuvent être réparés, les âmes les plus solitaires trouver leur partenaire, les existences les plus tragiques s’orienter vers des lendemains radieux…

Parfois, évidemment, la ficelle est trop grosse, les rebondissements trop prévisibles, l’intrigue trop tarabiscotée pour qu’on y adhère. Parfois il s’agit simplement d’un problème de casting, ou une réalisation trop maladroite : le spectateur friand de ces comédies romantiques d’un genre particulier n’est pas si aisé à manipuler, tout de même, il a besoin de garanties.

Et, sur le papier, the Holiday a tout ce qui est nécessaire pour accrocher le chaland : la réalisatrice de Ce que veulent les femmes est une spécialiste de ces histoires collégiales pleines de tendresse (du Père de la Mariée à Tout peut arriver, en passant par le Nouveau Stagiaire) et elle arrive à la tête d’une distribution terriblement glamour, à laquelle s’ajoute un nom devenu culte pour tous les amateurs de bandes originales. En effet, c’est Hans Zimmer qui signe le score, et prouve ainsi qu’il est aussi un très bon mélodiste : sa partition a été passablement saluée dans les festivals en 2006, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle se montre diablement efficace pour faire bouillonner les hormones. Cependant, le résultat n’est pas toujours à la hauteur des attentes.

Mais continuons un peu. Voici Amanda, productrice de bandes-annonces : self-made-woman, elle vit dans une maison de rêve sur Sunset Boulevard et travaille sept jours sur sept, ne laissant que peu de place à son couple. Quand elle apprend que son mec s’est tapée une jeune stagiaire, c’est la goutte de trop dans un vase plein depuis bien longtemps, et surtout l’analyse lucide d’une situation désespérée. Elle a besoin de souffler, pour une fois, et ce joli cottage trop mignon dans le Surrey serait parfait pour faire une pause loin de Los Angeles et des hommes.

Justement, il se trouve que la propriétaire de ce cottage-trop-mignon n’est autre qu’Iris, correctrice pour un grand journal, qui ne parvient pas à se sortir d’une relation toxique avec un homme qu’elle aime éperdument mais qui la laisse régulièrement tomber. Et il se trouve qu’il vient juste d’annoncer ses fiançailles ! C’en est trop, elle a besoin de souffler (elle aussi) et la proposition d’Amanda lui permettra de vivre un rêve éveillé.

Comme Iris est une femme de coeur, une fois qu’elle a profité du confort hors normes de sa maison de vacances, elle remarque le petit vieux avec son déambulateur qui réside non loin : un grand scénariste à la retraite, qui vit mal sa solitude. Elle entreprend donc de lui redonner le goût de vivre en lui rendant régulièrement visite, bien aidée par Miles, un compositeur de musique de films dont la relation avec une jeune actrice semble vouée à l’échec.

En Angleterre, Amanda est loin de vivre le même rêve éveillé : certes, le cottage-trop-mignon est cosy à souhait, mais elle n’y trouve pas son compte (bouffer des cochonneries au coin du feu en ingurgitant des litres d’alcool ne comble étrangement pas son insatisfaction) et s’apprête ainsi à écourter son séjour lorsqu’un imprévu sonne à sa porte. L’imprévu, c’est Graham, le frère d’Iris, qui vient de se biturer au pub local et cherche juste un lit pour cuver. Vu qu’il est encore plus mignon que le cottage, Amanda se dit que, finalement, le séjour pourrait se prolonger un peu plus…

Vous l’aurez deviné, tout est cousu de (gros) fil blanc mais tout ce qu’on veut, c’est que ces femmes malheureuses reprennent leur vie en mains avec un partenaire digne d’elles. Avec les violons, les mouchoirs et tout le tralala habituel, car sur ce plan-là, comme on l’a dit plus haut, on n’est pas trop regardant. Surtout pour Iris : la romance qui se devine avec Miles (Jack Black, attendrissant) est tellement évidente qu’on pourrait rouler de gros yeux, mais Kate Winslet apporte tant de fraîcheur et de sincérité dans ce rôle qu’on acceptera tout pour qu’elle puisse panser ses plaies. Et puis, la scène du vidéoclub où Miles lui propose une sélection de films en insistant sur la musique (bien entendu, il fallait glisser une référence à Zimmer et c’est avec l’inoubliable B.O. de Miss Daisy & son chauffeur) emporte tous les suffrages – le cameo non prévu dans le script étant la cerise sur le gâteau. D’ailleurs, tout le segment sur Arthur (le vieux scénariste, interprété par un touchant Eli Wallach) est un vibrant et constant hommage au Hollywood de la grande époque. Les cinéphiles s’amuseront sans doute aussi des quelques guests qui parsèment le métrage et de capter l’un des premiers rôles au cinéma de John Krasinski.

C’est plus délicat avec la partie anglaise. Cameron Diaz/Amanda est certes toute mimi, mais ses gesticulations et ses mimiques permanentes finissent par agacer, au point qu’on ait du mal à prendre son parti. Cela dit, Jude Law/Graham inonde l’écran de son charme incontestable (même avec des lunettes !) et le petit secret qu’il cache est plutôt bien amené ; la neige et les paysages de carte postale finissent alors d’emporter l’adhésion. La réalisation ne brille pas par son inventivité mais sait mettre les comédiens en valeur et quelques inserts humoristiques donnent une petite idée du potentiel d’un métrage trop sage qui réussit par moments à se moquer de son propre conformisme.

Une petite friandise sucrée, parfois piquante, qui remplit parfaitement son office et a conquis le coeur de millions de spectateurs (Kate Winslet racontait d’ailleurs dans une interview que les gens qui l’abordaient lui parlaient plus souvent de the Holiday que de Titanic).


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