Pays : États-Unis
Année : 2005
Casting : Bill Murray, Owen Wilson, Willem Dafoe,…

De nombreux réalisateurs se sont mis en avant ces dernières années de par leur style visuel atypique.Wes Anderson fait sans conteste partie de cette catégorie de metteurs en scène. Aujourd’hui, revenons sur l’un de ses films les plus connus : « La vie aquatique ».

Steve Zissou est un explorateur maritime désespéré par la perte de son meilleur ami. Il décide alors de partir dans une expédition pour retrouver l’animal responsable de cette mort, le légendaire requin jaguar. Bien évidemment, rien ne va se passer comme prévu, pour lui comme pour son équipage.

Wes Anderson est l’un des meilleurs esthètes dans le cinéma actuel. Le metteur en scène de « Moonrise kingdom » en a désormais fait sa renommée mais on ne soulignera jamais assez la précision mathématique de ses mouvements de caméra alliée à un art de la composition souvent centralisée dans ses plans. Si l’on ajoute le travail minutieux apporté à la décoration ainsi que la photographie de Robert D. Yeoman, il est facilement compréhensible que chacun de ses films porte sa patte graphique et soit immédiatement reconnaissable tout en faisant que chacun de ses titres soit reconnaissable. C’est encore le cas ici pour « La vie aquatique », porté par ce style si travaillé mais offrant pourtant une sensation de liberté, d’évasion pour le spectateur. Chaque scène profite de cette précision artistique visuellement enthousiasmante. On se promène dans un univers unique quasiment surréel, comme le prouve l’utilisation de stop motion pour animer la faune et en souligner son côté merveilleux (à noter l’amour d’Anderson par cet outil, cf « Fantastic Mr Fox » ou son prochain film « Isle of dogs »).

Heureusement, la forme superbe du film (et de ses œuvres en général) est également appuyée par un fond solide. Que ce soit pour traiter de la gestion difficile du deuil de trois frères ou une romance d’enfance, Anderson cultive un aspect humain qui ressort encore plus dans son monde régulièrement burlesque. Il y a ici une vraie gravité derrière le vernis humoristique, soulignée par l’interprétation assez sobre de Bill Murray. Son personnage est donc marqué par un décès qui va le pousser à se venger. Mais au fur et à mesure que son équipage avance et que les difficultés s’accumulent, Zissou reste aveuglé par cette soif auto destructrice, qui le fera perdre encore plus que ce qu’il pensait. C’est un personnage fort imparfait (il a eu un fils avec une autre femme, il est jaloux de son concurrent, il est loin d’être le patron de l’année) mais cette quête sera au final rédemptrice pour lui, le confrontant à ses défauts et aux erreurs qu’il a commises au cours de son existence. Plus encore, il arrivera à sortir de cette spirale auto destructrice qu’il aura d’ailleurs fortement aggravé en pardonnant et en avançant. On a tous notre requin jaguar, une colère ou une tristesse qui ne demandent qu’à nous dévorer et nous emmener dans un état dans lequel personne ne veut réellement subsister. Il est difficile d’y faire face mais il est encore plus difficile de se reconstruire des dégâts qu’il a provoqué, de pardonner et d’avancer. On ne peut réellement tuer son requin jaguar. Tout ce que l’on peut faire, c’est essayer de le laisser partir et profiter des personnes qui illuminent notre existence et nous réconfortent, des plaisirs de la vie avant que ceux-ci ne disparaissent également…

« La vie aquatique » est donc une œuvre burlesque sur la forme mais traversée par une certaine forme de tristesse assez universelle. Wes Anderson y prouve une nouvelle fois son immense talent de peintre cinématographique et de conteur populaire méthodique, passionné, unique, original et merveilleux. Ce genre de personnalité est tellement essentiel dans n’importe quel art qu’il est nécessaire de les célébrer afin de rappeler qu’il suffit d’un grain de folie et de magie à toute personne pour être un artiste, celui dont on se rappelle pour sa créativité et son travail sur l’humain. On a tellement besoin de ces esprits créatifs pour nous rappeler certaines leçons de vies, certaines situations connues de tous, certaines douleurs et certains moyens pour en survivre qu’il serait regrettable de ne pas les reconnaître à leur juste valeur. Après tout, que serait notre monde sans eux ?


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Liam Debruel
Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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