À l’occasion de la sortie de « The disaster artist » en Europe, Carlotta édite le livre éponyme qui inspira le long-métrage.
Greg Sestero joue Mark dans « The Room », considéré comme l’un des plus mauvais films de tous les temps. Il raconte donc, avec Tom Bissell, son expérience ainsi que sa relation étrange avec Tommy Wiseau, personnage fantasque qui aura lancé cette œuvre particulière.
Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de ce film, « The Room » est un film indépendant écrit, réalisé et interprété par Tommy Wiseau. Celui-ci aura mis six millions de dollars dans une œuvre catastrophique à divers niveaux : un décor de toit avec fond vert là où tourner sur un vrai toit aurait été moins cher, l’utilisation simultanée d’une caméra numérique et 35 mm pour chaque séquence, un changement constant d’équipes, … Mais le plus gros souci est Tommy Wiseau lui-même, acteur alternant prises colériques et d’autres extrêmement molles. Le visionnage de ce film est devenu une expérience, un culte même au vu de la médiocrité ambiante. Lire le témoignage de Greg Sestero rend alors ce film plus intéressant à aborder au vu des multiples anecdotes surprenantes qui émaillent et dont nous vous préserverons la surprise.
La narration alterne deux temporalités, une sur le plateau de « The Room », l’autre avant celui-ci. Il y a une fascination qui se dégage de cette lecture au vu de la personnalité extravagante de Tommy Wiseau. Ce dernier, entre égocentrisme et étrangeté, captive et dévore les souvenirs d’un Sestero par instants touchant (l’anecdote avec John Hughes). D’ailleurs, nous sommes également un peu attendris par ces deux anti-héros qui tentent de conquérir en vain Hollywood et connaîtront le succès par l’échec. Difficile de ne pas être séduit par cette histoire tellement énorme qu’il était difficile de ne pas en tirer un film. Il y a de tout, que ce soit une ambition démesurée, des anecdotes extrêmement captivantes et une chute qui s’annonce mais que l’on aborde à la manière d’un Tim Burton avec son émouvant « Ed Wood » : au final, le film existera bel et bien et c’est une réussite en soi. Quant à ses retombées, tout le monde (ou presque) les connaît…
Bref, il est difficile de ne pas vous recommander ce « Disaster artist », qui vous appellera à de multiples relectures en attendant que son adaptation arrive en salles. C’est un excellent complément à « The Room », ce nanar cultissime qui aura fait rentrer Tommy Wiseau dans la légende. Le livre de Tim Bossell et Greg Sestero constitue donc un making-off étonnant, hilarant, perturbant et étrange, comme Wiseau lui-même en fait…