Réalisateur : Kevin Smith
Durée: 88 minutes
Genre : Thriller Horrifique
Origine : États Unis
Sortie : 2011
Distribution : John Goodman, Michael Parks, Melissa Leto, Kyle Gallner, Stephen Root…

Trois adolescents partent en virée, en voiture. S’ils ont dit à leurs parents qu’ils allaient au cinéma, leur but est plus tendancieux : ils ont rendez-vous avec une femme d’âge mûre, rencontrée sur internet, pour un plan à quatre. Tout à leur excitation, ils percutent une voiture et font un délit de fuite, pour ne pas rater leur rencard. La femme qui les accueille, leur offre une bière…

Les trois jeunes se réveillent, séquestrés par une secte religieuse extrémiste, qui veut éliminer ceux qu’elle considère comme des « pêcheurs »…

Pour son premier film horrifique, le roi de la comédie, Kevin Smith frappe très fort. Et surprend par la qualité et la maîtrise de son travail. Si celui-ci nous avait habitué à des comédies tels que Les glandeurs, Jay et Bob contre attaquent ou évidemment l’incontournable Clerks, il prouve sa versatilité avec ce film coup de poing. Bien qu’il s’était déjà démarqué des comédies pures et dures avec l’excellent Dogma, le film restait quand même extrêmement drôle. Red State lui ne l’ai quasiment jamais, et le rare humour (il y en a un peu quand même) est d’une noirceur et d’un cynisme vraiment marquant.

Le film propose dans sa première partie une ambiance anxiogène vraiment étouffante et on éprouve une réelle peur pour nos trois jeunes protagonistes en proie à  cette communauté religieuse raciste et homophobe (entre autre) et surtout par les prêches de leur gourou le terrifiant Abin Cooper (interprété par un Michael Parks parfait), pasteur à la fois débonnaire et sinistre, débitant ses préceptes immondes avec une assurance vraiment effrayante, et les réactions extatiques de ses ouailles, buvant ses paroles, amplifiant le malaise ambiant.

À ce titre, la première mise à mort est un modèle de tension, glaçante par la froideur de son exécution et sa montée en tension.

Alors qu’on s’attend à voir un film d’horreur de genre survival, le film change son fusil d’épaule à mi parcours. Suite à un événement inattendu qui conduit à la mort de son adjoint, le shérif (homosexuel non assumé et à qui Abin Cooper fait un ignoble chantage) contacte la cellule anti-terroriste. Le film se change alors en film de siège entre les hommes d’états mené par Keenan, un John Goodman impérial, et les hommes d’église. Hors… nous sommes après le 11 Septembre 2001. Et les lois anti terroristes sont claires : il est autorisé (voir ordonné) en cas d’assaut de ne laisser aucuns survivants. Mais dans la communauté de Cooper, vivent des enfants.

Qui devront être exécutés froidement si l’assaut a lieu. Keenan essaie de repousser au maximum le moment où l’ordre tombera, mais la secte est lourdement armée et fait des dégâts dans leurs rangs… Mettant le spectateur dans la position inconfortable de voire deux représentation du « bien », l’église et l’état, se battre de façon immorale et honteuse. D’un côté des pourritures aveugles et fanatiques, mais possédant en leur seins un grand nombre d’innocents, de l’autre des fonctionnaires essayant de faire respecter l’ordre, mais n’ayant aucune hésitation à tuer adeptes comme innocents sitôt qu’on leur donnera la consigne.

 

Bref, Red State est un film sans concession, et très prometteur pour le changement de registre opéré par Kevin Smith, qu’il poursuivra trois ans plus tard avec le traumatisant Tusk.

 


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