Pays : États-Unis
Année : 1945
Casting : Laird Gregar, Linda Darnell, George Sanders, …
Sorti en début d’année chez Rimini, revenons sur ce « Hangover square », réalisé par John Brahm.
Georges Bone est un pianiste talentueux qui travaille en permanence. Alors qu’il est victime de fréquentes pertes de mémoire, Londres connaît une affreuse vague de meurtres…
Le résumé que vous venez de lire donne une forme de thriller assez « classique » à ce film. S’il faut avouer que l’intrigue a des airs de déjà vu, John Brahm arrive à en dégager le maximum avec une mise en scène assez élégante et l’utilisation de quelques plans fixes avec une durée plus longue pour montrer le côté perturbé de notre héros . Impossible de ne pas parler du travail de reconstitution du Londres de 1899 avec un certain charme mais également quelques rues peu fréquentables. La direction d’acteurs est également à souligner, notamment un Laird Gregar dans la peau d’un homme en proie aux doutes. La peur d’être responsable de crimes atroces se lit dans son interprétation à fleur de peau mais également subtile dans son ambiguïté morale.
Mais le gros point du film est la place qu’il accorde à la musique. Le grand Bernard Hermann compose une bande-originale prenante, rappelant par moments le travail qu’il effectuera pour Hitchcock, et impacte le visionnage passionnant du long-métrage. Cela est d’autant plus intéressant quand on voit la manière dont notre héros se laisse surmener par son travail musical et l’investissement dangereux qu’il a envers son art. Son dévouement l’amènera à se questionner moralement et à en oublier sa propre personne, marquant l’importance que peut avoir sa passion sur son être. Parfois, la création est un refuge où l’on peut libérer les pensées, les idées et les sentiments qui nous brûlent de l’intérieur. Mais cela peut se transformer également en un abîme qui nous dévore et nous fait perdre pied. Moralement, c’est dommageable mais il faut avouer que c’est avec un plaisir macabre que l’on assiste à cela, surtout quand ce récit noir est aussi absorbant.
L’édition fournie par Rimini est de grande qualité, avec notamment sa restauration 4K. Nous n’avons pas reçu le livret de 32 pages consacré à John Brahm mais les suppléments, entretiens consacrés notamment à Bernard Hermann, au réalisateur et à l’adaptation du récit, valent le coup d’œil.
Bref, Rimini nous permet de redécouvrir un récit noir prenant qui saura capter votre attention durant ses 77 minutes. De quoi passionner plusieurs spectateurs en quête de bons films pas assez accessibles auparavant…