Date de sortie : 2 août 1991 (Royaume Uni), 24 juin 1992 (France)
Date de reprise : 6 avril 2022
Réalisateur : Don Bluth
Comédiens de doublage : Eddy Mitchell, Lio, Tom Novembre, Philippe Lavil, Philippe Dumat, Philippe Peythieu
Genre : Animation
Nationalité : Américain
Compositeurs : Robert Folk et TJ Kuenster
L’avis d’Emmanuel
Cinquième long métrage animé réalisé par Don Bluth (Brisby et le Secret de NIMH, Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, Charlie mon Héros), Rock-O-Rico nous place dans la peau du coq Chantecler, qui a la lourde tâche de chanter chaque matin pour que le soleil de lève. Tandis que ses amis se rendent compte que l’astre d’or s’éveille finalement tout seul, Chantecler se sent ridiculisé et se reconvertit en star de rock dans la grande ville d’à côté. La ferme se noie alors bientôt sous la pluie tandis que le terrible Grand-Duc plonge les lieux dans une nuit éternelle. Les amis du héros doivent absolument le retrouver pour que le soleil reprenne ses droits.
Librement inspiré de la pièce de théâtre Chantecler d’Edmond Rostand, Rock-O-Rico surnomme également son personnage principal « le King » en référence à Elvis Presley, dont il arbore la coiffure. Pour scénariser le début et la fin du film, le réalisateur choisit étrangement d’intégrer de courtes scènes en prises de vue réelles, sans que cela apporte grand-chose si ce n’est l’intégration du petit Edmond, transformé en chat lors des séquences animées. On retient davantage les voix françaises assurées par des chanteurs bien connus comme Eddy Mitchell, Lio et Philippe Lavil. Mieux encore, le film se pare d’illustres comédiens de doublage comme Philippe Dumat (le Prince Jean de Robin des Bois, Balthazar Picsou, Gargamel dans Le Schtroumpfs) et Philippe Peyhtieu (le Pingouin dans la série animée Batman).
Contemporain de La Belle et la Bête, Rock-O-Rico est pourtant loin de rivaliser avec le savoir-faire de chez Disney. Bien souvent en roue libre, l’animation part dans tous les sens et décrédibilise plus qu’autre chose un scénario qui paraît déjà confus. Si le synopsis est aisé à comprendre, on ne sait pas vraiment quelle histoire le film cherche à raconter tellement il manque de séquences emblématiques. Vus et revus, les animaux n’ont quant à eux pas de personnalité assez marquée pour s’imposer comme de bons personnages. Don Bluth nous avait habitué à beaucoup mieux, à tel point que ce sont les chansons d’Eddy Mitchell, pourtant ringardes à souhait, que l’on risque de retenir le plus.
L’avis de Nicolas
Don Bluth est un génie, il n’y aucun doute là-dessus. Rock-O-Rico, sans être une des ses plus grandes œuvres, est un très beau conte qui compile les obsessions du cinéaste.
La première chose qui frappe dans Rock-O-Rico est la cohabitation entre animation et réalité. La légende du personnage de Chantecler s’avère être un conte lu à un enfant, Edmond, par sa mère. Mais le conte devient réalité et l’animation se mélange littéralement lors d’une séquence assez impressionnante.
Cette prouesse technique n’est qu’un prétexte pour Don Bluth qui s’empare du film pour évoquer ses thématiques fétiches, l’opposition entre lumière et obscurité. C’est ici plus littéral puisque Chantecler incarne la lumière en tant que coq d’une basse-cour. Il chante pour maintenir la lumière alors que son antagoniste, le duc (un hibou), tente de plonger le monde dans des ténèbres éternelles.
Le duc fait immédiatement penser à Raspoutine dans Anastasia tant il incarne une figure du mal impitoyable dotée de pouvoir destructeurs. Tout l’enjeu du récit sera donc de vaincre les ténèbres qui dominent le monde d’Edmond.
L’autre facette du film est sa critique assez incisive du monde du showbiz, Chantecler étant devenu une star du rock emprisonnée par le système. Edmond et ses amis doivent donc combattre les ténèbres et le système de la ville.
Don Bluth se permet donc de dévoiler des visions cauchemardesques et de créer une vision de la ville profondément anxiogène, que l’on avait déjà pu observer dans Fievel et e Nouveau Monde.
Rock-O-Rico est donc un film mineur qui souffre parfois de son manque d’ampleur et de sa banalité pour être un grand Don Bluth. C’est malgré tout une belle œuvre qui vaut indéniablement le détour tant elle cristallise l’ensemble des obsessions du cinéaste.
Contenu et bonus de la réédition :
- Boîtier Digipack 3 volets avec fourreau
- Master HD
- Le DVD du film (71’)
- Le Blu-ray du film (74’)
- 4 cartes postales
- Interview de Xavier Kawa-Topor, spécialiste du cinéma d’animation