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Marcel Duchamp

Marcel Duchamp
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Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

5 bonnes raisons de regarder la saison 1 de Black mirror

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Conseillé par de nombreux avis, mais frileux face au phénomène séries, je me suis finalement laissé entrainer vers Black mirror… Voici les cinq raisons qui me feront regarder la saison 2 !

Parce que ce n’est pas aliénant

Regarder 7 ou 8 saisons de 15-20 épisodes… très peu pour moi ! Je déteste ces séries à rallonge qui semblent conçus pour faire durer le plaisir et garder prisonnier le spectateur le plus longtemps possible ! Ici, c’est juste une saison de 3 épisodes entre 45 minutes et une heure. Tous les épisodes sont indépendants avec un pitch original, un nouveau réalisateur et des nouveaux acteurs : on a rarement vu plus percutant !

Parce que c’est de la vraie SF, celle qui fait réfléchir sur notre présent

Mais alors, quel est le lien entre ces épisodes ? Le fil rouge de Black mirror : la dépendance aux écrans. Dans des futurs plus ou moins proches, les avancées technologiques ont changé notre rapport au Monde et aux autres. Si les avantages semblent évidents, les dérives apparaissent très vite. On se rend rapidement compte que ce futur virtuel n’est pas très éloigné de notre réalité présente : nous avons affaire à de la vraie science-fiction qui nous aide à prendre du recul sur notre quotidien et nos habitudes face à la science.

Parce que le voyeurisme nous empêche de voir la réalité

L’épisode 1 de cette série britannique nous met directement dans l’ambiance. La princesse d’Angleterre a été enlevée et la demande de rançon proférée sur youtube tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Que demande le ravisseur ? Que le premier ministre accepte d’avoir une relation sexuelle en direct sur internet avec… un cochon ! Original, efficace et politiquement incorrect. Sans spoiler, l’épisode se conclut avec une cohérence qui donne une vraie force d’ensemble au propos développé.

Parce qu’à force de ne jurer que par le buzz, on en perd son âme

Pour l’épisode 2, nous sommes plongés dans un monde qui se limite à des chambres entièrement tapissées d’écrans et à un quotidien occupé à pédaler sur des vélos d’appartement pour cumuler des crédits qui permettront aux protagonistes de gagner de nouveaux programmes à visionner… et pourquoi pas même intégrer l’envers du décor, à condition de payer une très grosse somme et de réussir un casting où le jury semble avoir perdu toute humanité. Dans ces conditions, une histoire d’amour est-elle possible ?

Parce que ressasser les souvenirs nous écarte du carpe diem

Episode final, le 3 : les humains ont tous investi dans une puce implantée derrière l’oreille. Sa fonctionnalité ? Permettre de revenir sur n’importe quel souvenir, en choisissant son angle de vue, sa vitesse de visionnage et la taille du zoom. Si le personnage principal a pris l’habitude d’analyser les scènes de son quotidien, ce petit manège va vite devenir toxique lorsqu’il se met à réfléchir aux relations que sa femme semble entretenir avec un ami exubérant. Et si parfois, il était préférable de ne pas savoir et de se contenter de souvenirs flous ?

Pourquoi je ne regarde presque jamais les bande-annonces… et vous ?

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Qui n’a jamais pensé « Le film était nul : on avait déjà tout vu dans la bande-annonce ! » ? Avouons que cette remarque revient souvent, notamment dans les comédies. C’est naturel : un gag fonctionne toujours mieux quand on le découvre… une fois l’effet de surprise passé, l’effet comique s’estompe fort logiquement. Il en est de même pour les scénarii où rien ne nous surprend par rapport aux images prévisionnées (citons pour exemple « Demain tout commence »).

Mais alors, pourquoi regarder les bande-annonces ? Selon moi, on les regarde pour se faire une idée du film et décider si oui ou non on ira le voir. Voici pourquoi je ne les regarde quasiment jamais ! Possédant une carte UGC illimitée, je sais déjà que je vais voir une bonne partie des films à l’affiche. Quels critères vont retenir mon attention ? Le réalisateur, le pitch, les acteurs…

Ce triptyque permet déjà d’avoir une vraie attente avant la sortie du film. Certains réalisateurs ne m’ont jamais déçu et ont donc 100% de ma confiance, comme Denis Villeneuve ou Christopher Nolan. Un film de Xavier Dolan attisera toujours ma curiosité. Un sujet novateur m’attirera, ou l’adaptation d’une œuvre que j’ai aimé ou qui m’interpelle. Pas besoin de voir la bande-annonce des Gardiens de la Galaxie 2 pour savoir que je vais aller le voir. Certains acteurs sont également 100% bankables pour mon futur choix. J’ai déjà coché « Life », juste parce que Jake Gyllenhall sera à l’affiche ! A l’inverse, je sais que je n’aime pas la saga des Fast and furious, ou les films avec Vin Diesel et Dwayne Johnson en général…

Pas besoin donc de prendre le risque de se gâcher le film en s’abreuvant des bande-annonces qui tournent en boucle avant la projection, ou sur le net. A ces critères préalables vont s’ajouter les moyennes sur Allociné. L’ensemble des notes de la presse donne un aperçu sur la « valeur du film », que l’on peut affiner en allant lire les quelques phrases qui résument les différents avis. Si tout converge vers un film d’action décérébré, le box office risque de me perdre. Idem pour la moyenne spectateurs, qui donne un indicateur sur le potentiel « plaisir » du film. Deux moyennes à 4/5 minimum m’emmèneront directement voir le film.

Comme rien n’est ni tout blanc, ni tout noir, la bande-annonce me sera néanmoins utile pour quelques rares films (souvent davantage « arts et essais ») où je me pose vraiment la question sans que les critères précédents ne me permettent de trancher. Je vais regarder la couleur du film, le ton général, les idées… En espérant que le trailer ne me gâche pas l’éventuel futur visionnage ! Parfois, le fan service joue aussi avec les mini-trailers à « énigmes » qui font monter la température et le buzz. On va regarder les images du prochain Star Wars distillées avec soin afin de trouver des indices sur le scénario, on va disséquer la prochaine bande-annonce d’Avengers 3 pour repérer les futurs protagonistes… Mais n’est-ce pas mieux de découvrir le film en étant vierge ?

D’ailleurs, si j’étais réalisateur (on peut toujours rêver !), j’essaierais de monter des bande-annonces qui ne disent pas grand-chose du film (cf « Mon roi » de Maïwenn ci-après), ou même pourquoi pas avec les scènes coupées ! Evidemment, cet article ne reflète que mon point de vue, forcément subjectif. Certains vont moins souvent au ciné, n’ont pas les mêmes attentes ou la même façon de penser…

D’ailleurs vous, vous en pensez quoi des bande-annonces ?

La bande annonce sulfureuse d’Atomic Blonde

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Quand le réalisateur de John Wick propose à Charlize Théron d’incarner l’héroïne principale de ce thriller d’action, de cascades et de plaisir… On prend note pour cet été !

 

https://www.youtube.com/watch?v=h28VtBHjU7A

Trainspotting T2 : l’Analyse en 4 questions

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Comédie dramatique britannique sortie le 1er mars 2017 (durée : 1h57) réalisé par Danny Boyle

Avec : Ewan Mc Gregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle

Vingt ans après le film culte, Danny Boyle le touche-à-tout nous (s’) offre la suite… Les fans seront-ils comblés ? La nouvelle génération peut-elle s’y intéresser ?

Ca veut dire quoi Trainspotting ?

Question pas évidente au premier abord ! Après recherche, ce terme désigne des personnes obsessionnelles qui observent les trains en notant leurs habitudes, leurs horaires, leurs vitesses… Si on rapproche cette définition avec le film, on se dit que ça illustre cette bande de jeunes qui n’ont pas grand-chose d’autre à faire que de se droguer, trouver l’argent pour s’alimenter et profiter de ses effets.

Dans le monde de la drogue, on dit aussi que Trainspotting correspond à la ligne de points qui se forment sur le bras que l’on pique point par point (gare par gare). On peut également se dire que c’est le train que l’on prend à grande vitesse après une bonne dose d’héro. Ca fait écho à la chambre de l’anti-héros principal aussi petite que tapissée de trains alignés… Au final, ce titre est plus riche qu’il n’y parait et correspond bien à l’esprit acidement foutraque de ces films.

Pourquoi le Trainspotting original est-il si culte ?

Trainspotting fait partie de ces films qui ont marqué une génération. Malgré une interdiction en salle aux moins de 16 ans (autre temps, autres mœurs…), le premier opus avait dépassé le million de spectateurs, ce qui est extrêmement rare dans l’histoire du cinéma. Illustrant une jeunesse britannique désoeuvrée et sans avenir, Mark et sa bande vivaient au rythme d’une musique branchée entre Iggy Pop, Pulp, Blur, New Order et Underwolrd.

Ce délire musical collait parfaitement au trip « shoots, dépravation et rock’and roll ». A l’époque, Danny Boyle ouvrait la voie aux films-cultes sur la drogue. Mais là où l’Anglais livrait une comédie aussi grinçante que pop, ces successeurs choisiront d’autres tons : plus coloré chez Terry Gilliam et son Las Vegas Parano (1998), plus sombre pour le Requiem for a dream (2000) de Darren Aronofsky. Depuis, ce thème s’est un peu essoufflé (hormis peut-être Limitless en 2011 ?) : signe avant-coureur que ce T2 n’était pas en accord avec 2017 ?

T2 : la suite d’une histoire qui se répète ?

Pour ce T2, John Hodge, le scénariste fétiche de Boyle, a préféré la continuité à la rupture. Choix cohérent par rapport à cette bande de potes qui passe son temps à courir pour mieux rester sur place. Vingt après, nous allons constater pendant deux heures (c’est un peu long, comme ce vieil ami que l’on n’arrive pas à quitter après une longue séparation) qu’ils ont finalement peu changé entre un Renton looser malgré lui, un Sick Boy expert en plans foireux, un Begby toujours aussi nerveux et un Spud attendrissant de candeur… C’est d’ailleurs finalement lui qui avancera le plus dans sa vie !

Ce deuxième opus a le goût de notre adolescence, tel un vieux bonbon dont on adorait se gaver mais qui semble sans saveur à la nouvelle génération. Attention, nous ne sommes pas face à un film bâclé, loin de là ! Au contraire, les personnages sont traités avec beaucoup d’affection. Nous les avions laissés sur cette trahison de Mark et les quarantenaires seront ravis de voir la suite, mais ne retrouveront plus l’équivalent des scènes du bébé ou de la plongée dans les toilettes… Ce qui était novateur il y a vingt ans est devenu plus commun aujourd’hui.

« Mange un Danny, ça ira mieux » : est-ce vrai pour tous les spectateurs ?

Trainspotting, 1er du nom venait confirmer la réussite du « Petits meurtres entre amis » d’un réalisateur qui, en deux décennies, a touché à tout : 28 jours plus tard, Sunshine, Slum Dog Millionnaire, 127 heures, Trance, Jobs. A l’époque, certains voyaient en lui l’un des futurs grands réalisateurs du cinéma moderne. Depuis, on lui a souvent reproché son style trop tapageur et clipesque.

Mais force est de constater que l’artiste sait donner du rythme avec une inventivité constante. Trainspotting 2 ne déroge pas à la règle. Si tout le monde a vieilli, le film se déroule toujours à la vitesse d’un junkie qui vient de prendre sa dose. Il y a des idées de mise en scène à chaque plan. La musique (rajeunie pour le coup) continue de jouer un rôle primordial avec Rick Smith, Wolf Alice, The Rubberbandits, Young Fathers. Le spectateur est invité à faire corps avec ce délire psychédélique faussement sale et truffé de savants clins d’œil à son prédécesseur.

En définitive, les fans de l’original viendront prendre une agréable de dose de nostalgie tandis que les plus jeunes trouveront que leurs parents ont décidément de drôles de goûts !

Une autre vision de « Cure for life » : débat et interprétations

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C’est en discutant sur différents groupes ciné qu’une toute autre interprétation du film a commencé à germer en moi : et si tout ce qu’il se passe dans l’Institut n’était que la matérialisation imaginaire des névroses du héros ? Et si les flashbacks n’étaient qu’un ancrage dans la réalité ?

(ma critique du film : http://lecoindescritiquescine.com/les-critiques/lanalyse-de-cure-for-life-4-questions/ )

Lockhart se retrouve face à un choix : suivre le chemin de son père bourreau de travail, ou se rappeler de la douceur de son enfance symbolisée par la ballerine donnée par sa mère ? Ce choix le rend malade et tout ce qu’il se passe dans sa tête va prendre vie dans les aventures vécues à l’Institut.

C’est là où la présence de toutes les psychoses classiques se justifie : la peur de perdre ses dents, la claustrophobie, la noyade… Toutes ces peurs, qui le suivent plus ou moins explicitement peut-être depuis son enfance, se mélangent à ce choix de vie cornélien.

Cette théorie permet également de donner du sens à ces scènes où on ne sait pas si l’on se trouve dans la fiction ou dans la réalité : est-ce que le héros meurt vraiment dans la cuve ? Les patients (dont Pembroke) sont-ils vraiment morts ?

Dans l’un des flashbacks à la fin, on voit une nouvelle fois le suicide du père, jusqu’au moment où on distingue qu’il s’agit en fait de Lockhart lui-même, comme s’il reproduisait le même schéma familial ou sociétal. Une boucle qui fait écho à ce Baron éternel qui trouve toujours le moyen de se régénérer et de paraître jeune, en forme et à la mode (une identification cyclique et perpétuelle comme quand Lockhart dit s’appeler Pembroke pour retrouver sa trace ?). C’est là aussi où toute la mise en scène mettant en valeur les reflets prend du sens : nous sommes face à nous-mêmes, mais avons-nous la force et le recul de nous remettre en cause et d’aller à l’encontre des choix dictés par notre société ? Ou ce choix de lumière retravaillée et qui fait très artificiel, comme pour mieux exprimer que nous ne sommes pas dans la réalité ?

Le choix final est aussi cohérent avec cette théorie et à l’ensemble du film. Lockhart a rencontré Hannah (un nom-palindrome pour montrer que l’on peut lire ce film dans les deux sens ?) qui est au départ très effacée, mutique, soumise. Mais ce personnage va évoluer (comme le héros ?) au point de permettre au duo de se sauver des griffes de cette organisation si bien rodée ? Ce personnage féminin (symbole de la candeur originelle ? personnification de la figurine de la ballerine ?) aurait pu subir un souillage de la part de ce Baron-symbole du diktat du travail, mais heureusement, la fin est heureuse ! On peut d’ailleurs se dire qu’Hannah n’existe pas en tant que telle et qu’elle n’est que la partie innocente sommeillant en Lockart.

Je trouve que tout cela se tient… et vous, qu’en pensez-vous ?

L’analyse de Lion en 4 points

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Drame américain sorti le 22 février 2017 (1h58) réalisé par Garth Davis

Avec Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman, Sunny Pawar

Six fois nominés aux Oscars, mais reparti bredouille, que retenir de ce Lion ?

Une histoire tellement incroyable qu’elle est vraie !

C’est l’histoire de Saroo, un petit hindou de 5 ans qui va se retrouver dans un train qui l’emmène à 1600 kilomètres de chez lui. Incapable de savoir d’où il vient, l’enfant va devoir survivre dans la jungle de la ville, avant de se faire adopter par un couple d’Australiens. Vingt-cinq ans plus, malgré une vie apparemment heureuse, Saroo a de plus en plus de mal à accepter son passé. Il va tout mettre en oeuvre pour retrouver son village d’origine grâce à un allié de poids : Google Earth.

On pourrait donc qualifier ce drame de biopic, puisque ces faits se sont vraiment déroulés. Il y a des histoires vraies qui semblent avoir été faites pour le cinéma : celle-ci en fait partie. Tout est cousu de fil blanc du début à la fin, on sait que la sensibilité des spectateurs va être mise à rude épreuve. On s’attache vite à ce petit bonhomme et on attend la conclusion avec impatience. Ça marche bien, mais c’est un tire-larmes un peu trop facile.

Un scénario en deux parties inégalement réussies

                Pour son premier film, Garth Davis a choisi de couper son film en deux parties. Dans la première, Saroo a 5 ans. On commence par découvrir son quotidien d’enfant modeste et courageux dans la campagne, ainsi que les liens très forts qu’il entretient avec sa famille et notamment avec sa sœur. Puis on va le voir subsister dans cette jungle urbaine qui dépeint une société indienne guère reluisante. Dans la deuxième partie, on découvre Saroo trentenaire dont le mal d’identité se déclenche face à sa jalebi de Proust !

Clairement, la première partie est très réussie. Les images sont belles, la narration fluide, chaque scène fait avancer l’intrigue avec clairvoyance. Malheureusement, la deuxième s’avère beaucoup plus laborieuse. Le ton est radicalement différent mais surtout, on semble basculer vers un autre propos : la quête identitaire. En une heure, on nous présente ses parents adoptifs, son « frère », sa copine, son nouveau cercle d’amis… Ça part dans tous les sens, sans avoir le temps de véritablement cibler ce qui est important.

Des acteurs qui évitent l’écueil du pathos

                C’est l’un de grands points forts du film selon moi. Dans un premier temps, comment ne pas tomber en admiration devant ce gamin de cinq ans, Sunny Pawar, qui tient le rôle principal pendant une heure ? Solaire, attendrissant, volontaire mais fragile, nul doute que quiconque voudrait être à la place des parents australiens pour l’adopter ! Le reste des acteurs (professionnels ?) de la première partie sonne également très réaliste.

Nicole Kidman est admirable de retenue. Dans cette intrigue à fort potentiel larmoyant, elle parvient à rester digne et équilibrée, rendant la deuxième partie crédible. Dev Patel incarne également Saroo adulte avec beaucoup de justesse. Je craignais beaucoup la fin dans un déluge de pathos, mais l’acteur qui préfère la qualité à la quantité (Slum Dog Millionnaire, Chappie) a très bien géré ce piège.

Un propos manquant de clarté ?

                Quel est le propos du film ? La deuxième partie semble clairement vouloir traiter du problème identitaire avec ses images du passé qui reviennent (beaucoup trop) souvent. Est-ce cohérent avec la première partie ? Je ne trouve pas. Le film prend vingt minutes pour décrire la vie de Saroo au village, ça pose le personnage. Les quarante minutes suivantes traitent de l’âpreté de la vie dans cette ville indienne. Ce méli-mélo manque selon moi de cohérence.

D’ailleurs, est-ce que ce découpage en deux parties était-il le plus judicieux ? Si on part du principe que le propos reste les difficultés de ce jeune enfant à savoir qui il est réellement, pourquoi ne pas d’emblée commencer par sa vie de trentenaire et ponctuer le film de flash backs soulignant l’écart entre sa vie « luxueuse » d’adulte et son enfance plus modeste ? On aurait pu découvrir petit à petit son histoire en comprenant son impact sur son présent. Je trouve que le film aurait gagné en cohérence et en force.

 

Au final, Lion est un film qui plaira à celles et ceux qui aiment les belles histoires avec de belles émotions, mais son manque de cohérence et sa deuxième partie l’empêchent de rejoindre les meilleurs films de ce début d’année.

L’analyse de Cure for life en 4 questions

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Thriller fantastique américain sorti le 15 février 2017 (2h27 min) réalisé par Gore Verbinski

Avec Dane DeHaan, Jason Isaacs, Mia Goth

Accueil mitigé dans les critiques, vu sans réelles attentes, que vaut ce film très stylisé ?

A quoi cette œuvre originale fait-elle référence ?

Entre Gore Verbinski et une très burtonnienne Mia Goth, le cadre est d’emblée planté : ça sera gothique et gore ! Blague à part, le réalisateur n’est pas du tout un inconnu puisqu’il a signé les trois premiers opus de Pirate des Caraïbes. C’est à lui que l’on doit aussi la catastrophe (au moins au box office) Lone Ranger. Ici, changement de style avec un thriller fantastique pour celui qui a créé la grenouille de Budweiser. Véritable encyclopédie du cinéma, le quinquagénaire adore glisser des références dans ce Cure for life.

L’ambiance de cet institut de cure ressemble à celle de Shutter Island dans sa dimension angoisse paranoïaque, même si ici, tout est plus glauque. Le parallélisme peut d’ailleurs s’étendre à l’acteur Dane Dehaan, dont la ressemblance (flatteuse) avec Monsieur Di Caprio dont le rôle rappelle aussi le jeune ambitieux du Loup de Wall Street. Le côté gothique et l’arrivée en train sont-ils un clin d’œil à Dracula ? La scène du dentiste à Orange Mécanique ? La dimension métaphorique où l’aspect formel est particulièrement soigné m’a aussi fait penser au dernier (et très réussi) The Neon Demon.

Et le fond dans tout ça ?

                Là où le chef d’œuvre de Nicolas Winding Refn traitait de l’apparence, nous avons le droit ici à une allégorie de la société de consommation. Le responsable de l’institut, interprété par un Jason Isaacs qui n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour être flippant, symbolise cette système où le travail dicte un rythme impossible, ce qui nécessite le recours éhonté à des soins et à des loisirs. Mais cette société où la modernité est mise en avant comme véritable progrès permet à cet institut de faire croire que la cure est le remède, alors qu’elle en est le poison.

                Avec un tournant fantastique qui fonctionne bien, on découvre ce Baron qui développe les thèses du surhomme de Nietzche et cette notion de race pure si chère à Hitler. Cet être abject veut rester éternel, comme ce système mis en place qui veut perdurer en pompant la cervelle, le corps et la vie de tous ces humains cobayes malgré eux alors qu’ils croient avoir la chance de bénéficier de purs moments de détente. Le salut (avec une fin réussie et cohérente) passera forcément par l’amour et le refus de ce diktat du travail… Favoriser le vélo à la grosse berline : et si nous arrêtions de courir tout le temps tout en nous euthanasiant de loisirs débilisants ?

En quoi la forme est-elle au service du fond ?

                Malgré un rythme plutôt calme, les 2 heures 27 passent rapidement. Le film assume plutôt bien son côté malsain avec des scènes qui font le tour des angoisses classiques : la claustrophobie, la perte des dents, les anguilles, la noyade… On aurait encore pu aller plus loin, mais Verbinsky ne nous sert pas une œuvre lisse, à l’image de cette masturbation étrange pendant que notre héros est en train de mourir ! Peut-on s’échapper de cet institut qui ressemble à une boite de Pandore des phobies ? Si le village voisin ne semble pas très accueillant, n’est-il pas au final ce Paradis éloigné des contraintes du travail et du toujours plus-toujours plus vite ?

Au milieu de tout ça, notre pauvre Lockhart (« cœur enfermé ») tente de dénouer les secrets de ce lieu si intrigant. Est-il lucide ou fou ? Cette paranoïa est sublimée par la caméra qui met en valeur l’enfermement. Jouant sur les plans subjectifs en se plaçant au cœur de l’action, on se retrouve dans la peau du héros à la recherche d’une issue, dans un bâtiment regorgeant de reflets de dupes. Ce jeu de miroirs augmente la possibilité des issues cachés, mais augmente également le ressenti de confinement. La scène dans la cuve m’a prise aux tripes ! On a du mal à discerner le vrai du fantasmé, comme ce personnage principal dont on ne connait même pas le prénom (pour mieux le dépersonnaliser dans un souci d’universalisation ?) et qui semble se perdre dans ce repaire de faux-semblants. L’ambivalence des éléments où l’eau et le feu se révèlent mortels pour le bien comme pour le mal est aussi magnifiquement traitée.

Mais alors, c’est un chef d’œuvre ?

Cette critique est élogieuse : un film qui associe une forme soignée au service d’un fond réfléchi (politique et contemporain ?), ce n’est pas si courant. Et quel plaisir de voir un bon film américain non franchisé ! J’ai trouvé cette réalisation cohérente de bout en bout. L’équilibre entre mystères et révélations est plutôt bien dosé et même si les indices ne sont donnés qu’au compte-goutte (sans mauvais jeu de mots), la fin n’est pas parachutée sans lien avec le reste. Les liens allégoriques permettent aussi de chercher et de donner du sens aux différents éléments divulgués.

C’est d’ailleurs là l’un des points que je n’ai pas résolu : les flashbacks du héros. En quoi servent-ils le propos du film ? Cela reste encore obscur pour moi. La figurine de danseuse représente-t-elle la pureté originelle, l’enfance pas encore corrompue par la société de consommation ? La perte du père symbolise-t-elle le salut chez ce jeune homme qui ne se construit pas comme un mâle primaire devrait le faire : en écrasant les autres dans ce monde de compétitivité ? C’est là l’une des limites du film selon moi : tous les spectateurs ne prendront pas de plaisir à chercher les liens un peu trop capilo-tracté. Sur la forme, les effets quasi permanents et le recours systématique à une lumière ultra retravaillée pourra fatiguer le regard des plus sceptiques.

Pour conclure, un film qui ne plaira pas à tout le monde mais que j’ai particulièrement aimé pour sa cohérence entre le fond et la forme !

 

FONCEZ VOIR PATIENTS MERCREDI ! L’ANALYSE EN 4 QUESTIONS

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Comédie dramatique française sortie le 1er mars 2017 (durée : 1h50) réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune, Franck Falise

Humanité, humour, cinéma, fraicheur, originalité : Patients n’est amputé d’aucun de ces ingrédients !

Ce n’est pas un film sur le slam ?

Ben a subi un accident aussi stupide que grave : le voilà devenu tétraplégique incomplet. Le film commence quand il reprend conscience à l’hôpital. Nous allons être immergés dans son quotidien de patient où l’on peut survivre à condition d’être patient. Petit à petit, malgré les handicaps, on se rend compte que les valeurs essentielles restent inchangées : l’amitié, l’amour, l’humour.

On reconnaitra facilement le récit autobiographique de Grand Corps Malade, le poète des temps modernes si talentueux. Mais ici, pas question d’écriture ou de slam. Le propos de ce film (adapté du livre éponyme) est tout autre et sera développé avec intelligence et pertinence : comment s’accommode-t-on de sa situation quand on se réveille paralysé ?

Plutôt drame ou comédie ?

                Attention, attention : même si le thème du film peut paraitre pesant, nous sommes ici face à une comédie ! Si l’émotion se glisse forcément dans la partie, pas question ici de pleurnicher, de tomber dans un pathos larmoyant. Les personnages restent résolument optimistes et supportent leurs difficultés grâce à des vannes sur leur handicap pas piquées des vers !

Le casting est rafraichissant et la bande fonctionne très bien ensemble ! Dans la peau du « héros », Pablo Pauly joue avec justesse, sans vouloir copier Grand Corps Malade. Soufiane Guerrab ressemble à un lutin espiègle, Nailia Harzoune apporte la touche féminine avec une vraie présence. A noter aussi la performance très réussie de l’humouriste/acteur Alban Ivanov dans le rôle de l’infirmier en chef.

Le Robinson Crusoé de l’hôpital ?

                La richesse et la finesse du scénario permettent à ce huis-clos de ne pas perdre en intensité durant les presque deux heures de projection. On rit (beaucoup), on découvre (la dure réalité de la situation), on s’émeut (malgré leur joie de vivre, ça ne doit pas être toujours simple), on s’inquiète (que vont-ils tous devenir ?) et quand on sort de la salle, on a envie de courir croquer la vie. Tout sonne authentique, mais nous avons affaire à un vrai film, pas à une thérapie voyeuriste.

L’évolution de Ben le transforme en une sorte de Robinson Crusoé perdu au milieu de l’hôpital. Il se réveille seul et mal en point. Puis il s’habitue à son environnement. Il s’ouvre et explore les alentours. Il fait connaissance avec son Vendredi, rencontre d’autres personnages et même l’amour. Il se familiarise et apprend à apprivoiser ce milieu hostile. Pas besoin de méchant ici : la lutte contre le handicap suffit.

Les cinéphiles en ont-ils pour leurs frais ?

                Combien de belles histoires avec des personnages intéressants ne dépassent pas le statut de « théâtre filmé » ? Pas celui-ci en tout cas ! Pour son premier film, l’artiste a travaillé avec Mehdi Idir, son acolyte qui a réalisé tous ses clips. Le résultat est plus que réussi puisque le binôme a choisi de cadrer à hauteur de la vision ressentie par Ben. Le film commence sur un très gros plan. Puis petit à petit, la caméra va s’ouvrir au fur et à mesure que le héros va redécouvrir le monde qui l’entoure. Progressivement, les plans vont s’agrandir, le champ va s’approfondir, l’amour va se trouver dans les longs couloirs (autre déclinaison que dans « Elephant » de Gus Van Saint). Habile et bienvenu.

Vous l’aurez compris, c’est un vrai coup de cœur ! Espérons juste que ce film trouvera son public. Un casting peu connu, un sujet qui peut rebuter les frileux de l’hôpital, le slam injustement amalgamé à un sous-art de banlieue… Deux ans après le boycott malheureux du premier long d’Abd Al Malik (« Qu’Allah bénisse la France »), Grand Corps Malade nous propose ici une œuvre à son image : sincère, intelligente, humble. A tel point qu’elle en devient nécessaire, presque indispensable : c’est un hymne à la vie.

 

 

Analyse en 3 questions de Silence de Scorsese

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Drame historique sorti le 8 février 2017 (2h42) réalisé par Martin Scorsese

Avec Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson

30 ans après La dernière tentation du Christ, la légende Scorsese propose une nouvelle réflexion sur la foi.

Parler de la foi sans tomber dans le piège du prosélytisme ?

            Nous entrons dans une partie de l’Histoire pas forcément très connue. Japon, XVIIème siècle : le Père Ferreira demeure introuvable, dans un pays où le christianisme a été banni et où ses fidèles sont persécutés. Deux jeunes prêtes jésuites partent à sa recherche. Retrouver leur mentor sera loin d’être aisé, mais ils peuvent compter sur leur foi inébranlable… jusqu’où ?

Alors que la « laïcité » est à la mode aujourd’hui, cet essai sur la foi peut avoir une résonance toute actuelle. Comme souvent, on espère que le sujet soit traité sans prosélytisme. Les Américains ont parfois l’habitude de se donner le beau rôle dans leurs films. Mais ici, les conflits entre Jésuites et Japonais sont globalement abordés avec équilibre même si les héros sont chrétiens et que le spectateur est donc davantage exposé à leur point de vue.

Le film regorge de nombreuses scènes de torture mais les Japonais apparaissent davantage comme des autochtones qui défendent la culture de leur pays plutôt que comme des barbares impitoyables. La beauté du Japon est d’ailleurs merveilleusement mise en valeur avec des paysages somptueux. La nature apparait neutre, comme si elle assistait impuissante à ses affrontements sanglants entre humains.

Quelle place dans la filmographie de Scorsese ?

            Simplement, on peut dire que le film est maîtrisé de bout en bout. L’ami Martin n’a plus rien à prouver à personne, et ça se voit. Les plans s’enchainent, intelligents, bien cadrés, bien montés, avec une place laissée à chacun. Le scénario s’exécute tranquillement, loin des standards survitaminés du cinéma américain actuel.

On touche ici à ce qui rebutera beaucoup de spectateurs : la durée et surtout le rythme. Silence est lent et monorythme. Aucun moment ne vient dynamiser l’ensemble ou casser le métronome. Mais n’est-ce pas le propre du film ? Un héros, figure de proue de sa religion, qui aurait tellement besoin de quelques mots de son Dieu pour l’aider à avancer dans ces moments si difficiles ? Une longue attente, éprouvante… face à un Silence têtu ?

C’est un choix, assumé et nécessaire, sans concession. Alors évidemment, le public préfèrera Le Loup de Wall Street, Shutter Island, Les Infiltrés, Casino, Raging Bull, Taxi Driver… Je m’excuse de ne pas pouvoir citer tous les chefs d’œuvre du réalisateur qui laisse une œuvre énorme derrière lui. A 74 ans, on ne court plus à tout prix après le succès , surtout quand on l’a autant connu.

Qu’aurions-nous fait à la place de ces héros ?

            L’Histoire est sexiste : le casting est finalement exclusivement masculin ! Surtout connu pour ses rôles d’action man, Liam Neeson livre ici une prestation toute en sobriété et en émotions. Je m’attendais à le voir dans un flashback montrant son combat avec les Japonais, mais nous serions sortis du propos du film ! On ne le voit finalement pas tant que ça, mais l’acteur se montre juste et dans le ton.

Et les deux p’tits jeunes ? Adam Driver,qui semble trainer derrière lui un bashing injuste depuis qu’il a retiré son masque dans Star Wars 7 (d’ailleurs, c’est un peu comme s’ils allaient chercher sur son île un Luke ayant perdu sa foi !) est discret mais bon. Son personnage aurait peut-être mérité d’être plus étoffé. On ne sait d’ailleurs rien du passé des deux prêtres. A moins que cela ne soit volontaire : ils se sont juste abandonnés à leurs croyances, le reste ne compte pas. Andrew Garfield est moins inspiré que dans le très bon « Tu ne tueras point » de Mel Gibson où il est multi-nominé, le jeune acteur se montre néanmoins plutôt convaincant.

J’ai trouvé le film très cohérent, sauf peut-être la fin. Attention spoilers ! Le fait que le héros finisse par entendre les mots de Dieu m’a interpelé : est-ce que le film n’aurait pas été plus fort si le silence avait perduré ? A moins qu’il ne s’invente des voix (consciemment ou inconsciemment) pour prendre cette décision si difficile ? Ou alors on se dit que la seule fois où Dieu lui a parlé, c’était pour le sauver d’une mort certaine, sachant que la dernière image (forte) montre qu’il n’a pas perdu ses croyances.

En définitive, voici un film que l’on peut ranger dans la catégorie des très réussis mais qui ne plaira pas forcément à grand monde, principalement à cause d’un rythme trop lent et d’une durée fatale.

https://www.youtube.com/watch?v=0Vzyu8VcBaE

Analyse d’Alibi.com en 3 questions

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Comédie française sortie le 15 février 2017 (durée : 1h30) réalisé par Philippe Lacheau

Avec Philippe Lacheau, Elodie Fontan, Julien Arruti, Tarek Boudali, Nathalie Baye, Didier Bourdon, Nawell Madani

Pour ces vacances d’hiver, la comédie française est à la mode. Après « Demain tout commence » en toute fin de diffusion, « L’Ascension » dans ses dernières semaines, « Raid Dingue » toujours en forme, « Rock and roll » et « Alibi.com » sortent en même temps avec un vrai point commun : le réalisateur campe le personnage principal !

Un vaudeville classique qui plaira aux plus anciens ?

                Greg, aidé par Augustin et Mehdi, dirige une boite qui fabrique des alibis pour permettre à ses clients de se sortir de toutes sortes de situations. Notre héros va vite rencontre Florence, une fille aussi déjantée que lui et qui a tout pour être la femme de sa vie. Sauf que le père de la jolie blonde vient de solliciter la société d’alibis…

Adultères, mensonges, quiproquos… Le scénario a tout d’un bon vaudeville à la Feydeau. Nous ne sommes d’ailleurs pas très loin du théâtre classique et de ses trois règles d’unité : de lieu (autour de l’hôtel cannois), de temps (tout se passe sur un week-end) et d’action (l’anniversaire de la mère de Florence couplée à la volonté de son père de prendre du bon temps avec sa maîtresse). Un schéma classique qui ne dépaysera pas les plus anciens qui y retrouveront les comédies à la Claude Zidi.

L’une des forces rassembleuses du film tient aussi du casting. Avec une Nathalie Baye capable de jouer la mère cocue dans un registre très léger (quelques mois après le beaucoup plus pesant « Juste la fin du monde » de Dolan) et un Didier Bourdon parfait dans le rôle du gentil pingre salop, Alibi.com peut capitaliser sur deux acteurs qui plaisent au plus de 50 ans. Ajoutons un Philippe Duquesne qui apporte toujours quelque chose dans le petit rôle de Maurice.

Un rythme endiablé : Baby sitting 3 ?

                Mais évidemment, Alibi.com plaira aussi (et surtout ?) aux jeunes. L’intrigue s’appuie sur de nombreux personnages plutôt bien développés (avec leurs forces et leurs faiblesses). L’interprétation de Philippe Lacheau semble toujours au second degré (pour le meilleur et pour le pire). Julien Arruti joue l’ami geek et Tarek Boudali campe le petit nouveau toujours parfait. Elodie Fontan pétille tellement qu’elle permet d’éviter l’écueil de la romance nunuche. Nawell Madani – humouriste belge révélée par le Djamel Comedy Show – va jusqu’au bout de son personnage de chanteuse un rien pétasse.

Tout ce beau monde va se lancer dans un festival de vannes et de gags sur un rythme endiablé. C’est là, à mon sens, le gros point fort du film (la marque de fabrique des longs-métrages de Lacheau ?) : le montage. Initialement prévu sur 2h04, le film dure finalement 1h30. Le réalisateur n’a pas hésité à couper au cordeau pour insuffler un dynamisme bien adapté à son humour. La situation initiale est vite amenée, on entre tout de suite au cœur des enjeux de l’histoire où les appels en visio malmènent nos rois du mensonge !

Peut-on comparer ce dernier long aux deux gros succès Babysitting (plus de 2 millions d’entrées pour le 1, plus de 3 millions pour le 2) ? Rassemblant une liste de guests impressionnante (Michel Laroque, Norman, Joey Starr, Medi Sadoun, Vincent Dessagnat), Alibi.com laisse tomber le found footage et ose lancer moult sous-intrigues autour de ses nombreux personnages. Ça fonctionne plutôt bien, même si le rythme connait un passage à vide autour de l’heure de projection (mais la fin est réussie), le temps de résoudre toutes ces péripéties abracadabrantesques dans lesquelles les mensonges ont entrainé nos pauvres héros.

C’est quoi l’humour à Fifi ?

                Au final, on retrouve ce qui fait le charme de la Bande à Fifi, cette troupe de comiques qui s’est produit entre 2005 et 2007 au Grand journal de Michel Denisot. Pour ceux qui ne connaissent pas, n’hésitez pas à visionner les quelques vidéos à la fin de cette critique. Les gags oscillent entre le classique (des personnages qui se font frapper, des animaux violentés en running gag, Fifi montrant son corps sculpté, quelques blagues en dessous de la ceinture) et les situations plus osées (peut-on rire de tout ?).

Alibi.com reste dans cette optique. On ose se moquer des migrants, Nawell se déchaine dans un clip repris au générique et on fait même un clin d’œil à notre cher Président et à son scooter. Evidemment, tout cela reste quand même globalement dans le politiquement correct, même si les vannes font mouche le plus souvent.

Lacheau aime glisser de nombreuses références, avec un Julien Arutti se scotchant des stylos en guise de griffes pour se ressembler à Wolverine, ou mettant sa capuche pour se préparer à faire un Saut de la Foi digne d’Assassin’s Creed… On assiste même à un combat de néons lasers à la Star Wars. Bref, les amoureux de la culture pop se régaleront.

Au final, voici une bonne comédie française, très rythmée et mettant en scène un casting riche, éclectique et inspiré. Rien de forcément très original, mais le défi de divertir est largement rempli !